Chaque jour pendant le Festival de Cannes, Cheek arpente la Croisette à la rencontre des jeunes femmes qui font le cinéma d’aujourd’hui.
À 26 ans, Laurette Lalande tient son premier vrai rôle au cinéma. Dans FLA, le film fleuve du jeune réalisateur Djinn Carrénard qui faisait l’ouverture de la Semaine de la critique jeudi 15 mai, elle incarne le personnage de Laure. Cette dernière possède une spontanéité héritée de son éducation libertaire -une mère au profil de soixante-huitarde-, mais aussi une forme de fermeté auto-protectrice, qu’on imagine bien développée suite à une fêlure familiale -une sœur en prison, un père absent de l’histoire.
Au début du film, elle est enceinte du rappeur Oussmane, coup d’un soir qui la convainc in extremis de renoncer à l’avortement. Des premiers pas très prometteurs mais aussi une forme d’aboutissement pour Laurette Lalande qui a toujours voulu être actrice -et l’a d’ailleurs toujours été, si l’on prend en considération les films amateurs réalisés par son père dans lesquels elle jouait dès l’âge de cinq ans. Par une chaude après-midi cannoise, nous l’avons rencontrée dans un salon du club Le Silencio, où elle nous a accordé sa toute première interview.
Le film palmé que tu as vu plus de 10 fois?
Amour, de Michael Haneke. C’est un génie. Et puis, ça faisait un moment qu’il n’avait pas tourné à Paris avec des Français. Le premier film de lui que j’ai vu c’était La Pianiste, qui est l’un de mes favoris. À la fin, je me souviens être restée trois ou quatre minutes bouleversée, sans rien dire. Puis il m’a hantée pendant une semaine, dans le bon sens du terme.
La palme qui ne casse pas trois pattes à un canard?
Je ne dis pas que ce n’est pas un bon film, mais j’ai eu du mal avec Oncle Boonmee. Ça ne m’a pas vraiment parlé, ça m’a même perdue.
De qui serait composé ton jury idéal?
De Lars Von Trier, Gena Rowlands, Charlie Chaplin, Anna Magnani et Marilyn Monroe. Pour moi, ce sont des monstres sacrés.
Combien de fois as-tu foulé le tapis rouge en rêve?
Ce qui est intéressant dans le fait d’être sélectionnée, c’est la reconnaissance du travail accompli. D’une manière générale, c’est l’aspect qualitatif du festival qui me fait rêver, plus que le fait de porter des robes et de faire la fête.
À Cannes, sais-tu situer la rue d’Antibes?
Tout à fait: même si je viens ici pour la première fois en tant qu’actrice, je connais Cannes par cœur car j’y vais en vacances depuis mes 14 ans.
Alors du coup, tu connais la rue de Colmar, une petite rue qu’on a sélectionnée au hasard sur la carte…
Hum non, quand même pas!
Cannes en 1 mot de trois syllabes minimum?
Evénement.
Si tu avais la palme d’or, qui ne remercierais-tu pas?
Marine Le Pen.
Et qui remercierais-tu?
Tous les gens qui n’ont pas cru en moi.
Si tu pouvais annuler ton prochain rendez-vous, que ferais-tu là, tout de suite?
J’irais me baigner dans la mer.
Propos recueillis par Faustine Kopiejwski