Chaque jour pendant le festival de mode et de photo de Hyères, Cheek part à la rencontre d’une finaliste dans chaque discipline. Aujourd’hui, Sofia Okkonen, finaliste du concours photo.
Sous l’égide du photographe Tim Walker, président du jury du concours photo au festival de Hyères cette année, des personnalités du monde de la mode et de la photo devront départager 10 talentueux photographes émergents, venus du monde entier.
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Parmi eux, Sofia Okkonen, née en 1987 à Helsinki où elle vit et travaille toujours, a commencé à travailler avec un appareil Polaroïd et collabore depuis 2010 avec différentes publications mode, tout en menant une carrière de photographe d’art. C’est ce travail qu’elle présente en ce moment à la villa Noailles sous le nom de Rose, une série qui examine “la diversité des masques revêtus par la féminité et les manières dont s’expriment la sexualité et le genre féminin.” Dans le sous-sol voûté de la villa, où ses clichés sont exposés, nous l’avons rencontrée.
Comment ton travail en tant que photographe de mode nourrit-il ton travail en tant que photographe d’art?
En mode évidemment, il règne une vision assez étroite de ce à quoi une femme devrait ressembler. Mais la mode, c’est aussi la possibilité de choisir différentes options pour soi, différents masques, de se donner du pouvoir. En cela, la mode m’inspire, mais aussi pour son aspect purement technique: je fais beaucoup de mise en scène, et ce que j’apprends pour les besoins de la mode, je le réutilise dans mon travail artistique.
Avec la série Rose, tu questionnes les standards de la féminité…
Ce qui m’intéresse, c’est cette ambiguïté: d’un côté, la femme qui pose nous invite à la regarder, mais en même temps, elle rejette d’une certaine manière le spectateur. Plutôt que de faire des déclarations définitives sur les femmes à travers mes photos, j’aime surtout poser des questions. Par exemple, j’aime interroger comment le besoin de se montrer suggère un besoin de se cacher. Je joue avec les contradictions, je ne pose pas seulement des questions liées au genre. Mais j’aime montrer que nous avons l’impression de contrôler la manière dont nous nous comportons, alors que nous ne contrôlons rien du tout.
“La mode, c’est un monde de désir: pour vouloir acheter quelque chose, il faut pouvoir en rêver.”
En tant que photographe de mode, as-tu l’impression que de nouveaux canons de beauté sont en train d’émerger?
Oui, il y a un certain mouvement qui tend à montrer des femmes avec des corps différents, des âges variés. Mais cela me semble encore assez artificiel. On verra bien où cela mène, mais la mode, c’est un monde de désir: pour vouloir acheter quelque chose, il faut pouvoir en rêver. Donc, quelque part, la mode montre toujours des idéaux qu’on ne peut pas atteindre.
Ça signifie quoi pour toi, être finaliste au festival de Hyères?
C’est un honneur immense et je me sens totalement privilégiée de passer du temps avec tous ces professionnels aux carrières impressionnantes. C’est émouvant, car c’est un rêve qui devient réalité. Je suis le travail de Tim Walker depuis longtemps et je trouve son travail dans la mode très impressionnant, notamment en termes de décors.
Qui d’autre aimerais-tu impressionner dans le jury avec ton travail?
La directrice artistique Ruth Ansel: elle a mené une carrière parfaite, travaillé pour Vanity Fair et Vogue, et c’était la première femme directrice artistique dans ces magazines dans les années 60 et 70. Je ne l’ai pas encore rencontrée, mais j’attends ça avec impatience. J’ai déjà papoté avec Camilla Lowther, fondatrice de l’agence photo CLM; elle n’était pas facile mais j’admire aussi son parcours.
Propos recueillis par Faustine Kopiejwski
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