Chaque jour pendant le Festival de Cannes, Cheek arpente la Croisette à la rencontre des jeunes femmes qui font le cinéma d’aujourd’hui.
Auteure de plusieurs clips et d’un premier long-métrage, L’Âge atomique (2012), Héléna Klotz, 35 ans, est une enfant du cinéma. Pour accompagner son père, le réalisateur Nicolas Klotz, elle a déjà foulé le tapis rouge cannois à plusieurs reprises. Cette année, elle se retrouve pour la première fois du côté des jurés pour choisir l’heureux gagnant de la Caméra d’or, qui récompense les premiers films du Festival de Cannes, toutes sections confondues. “Les premiers films parlent beaucoup de l’avenir”, explique-t-elle pour justifier son excitation à l’idée de visionner, dans les jours qui viennent, 17 films issus de tous les pays du monde. En attendant qu’elle repasse derrière la caméra pour son deuxième long, qui mettra en scène l’acteur canadien Niels Schneider dans la peau d’un meurtrier, elle a répondu à nos questions sous un soleil de plomb.
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Le film palmé que tu as vu plus de 10 fois?
Apocalypse Now, que j’ai dû découvrir vers 13 ou 14 ans. Ou Taxi Driver, que j’ai vu en VHS chez des potes de mes parents à peu près au même âge.
La palme qui ne casse pas trois pattes à un canard?
Underground d’Emir Kusturica. Il y a un côté un peu “de Funès”, un peu grand-guignol, qui me laisse de marbre. Mais une Palme d’or, ce n’est pas uniquement un film, c’est une conjoncture. Le film qui gagne la Palme, c’est le meilleur à un instant T.
De qui serait composé ton jury idéal?
Je trouve bizarre que les jurés ne soient que des gens issus du cinéma. Je verrais bien Damien Hirst dans mon jury idéal, par exemple. Je choisirais aussi le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier ou Céline Dion: elle a quand même participé à la bande originale de Titanic! Dans son style, elle est super. Côté septième art, il y aurait Vin Diesel (Ndlr: acteur et producteur des Fast & Furious), qui dans son genre est hyper fort aussi. Et puis Godard et Deneuve évidemment, Quentin Tarantino ou Mel Gibson, dont le film Apocalypto est l’un des meilleurs que j’ai jamais vus. Pour que ce soit très international, je mettrais bien aussi le réalisateur argentin Lisandro Alonso et le Chinois Tsai Ming-liang. J’aime les gens ultra-radicaux, qui ne font pas de concessions, et c’est le cas de toutes ces personnes.
Combien de fois as-tu foulé le tapis rouge en rêve?
Un rêve lié à Cannes serait plutôt pour moi un “moment love” avec Robert Pattinson dans une limousine, avec beaucoup de sang et en fond, un bout de tapis rouge. Monter les marches pour les monter ne m’a jamais fait rêver car je l’ai déjà beaucoup fait en famille, pour les films des autres. Mais bien sûr, pour mon propre film, ce serait complètement différent.
À Cannes, sais-tu situer la rue d’Antibes?
Bien sûr! Je la connais d’ailleurs sous plein de facettes, car elle change en fonction des heures. Le soir, on l’appelle plutôt “la rue de la pisse”. (Rires)
Et la rue de Colmar?
Pas du tout. Pourtant je connais bien Cannes, j’y suis beaucoup venue avec mes parents, et ma grand-mère y avait un appartement.
Si tu avais la Palme d’or, qui ne remercierais-tu pas?
Personne. Personne ne m’empêche de faire du cinéma.
Et qui remercierais-tu?
Les cinéastes qui m’ont donné envie, comme Pasolini ou mon père.
Cannes en un mot de trois syllabes minimum?
Film-bling-tise.
Si tu pouvais annuler ton prochain rendez-vous, que ferais-tu là, tout de suite?
Je plongerais dans la piscine juste derrière moi!
Propos recueillis par Faustine Kopiejwski
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