Depuis quelques semaines, grâce au hashtag #scientistswhoselfie, les femmes scientifiques s’emparent d’Instagram. Dans un labo, penchées sur un microscope ou en pleine analyse de prélèvements, les clichés mettent en scène ces femmes qui chaque jour étudient les mystères du corps humain ou de notre planète. Un hashtag né en réponse aux reproches d’une certaine Meghan Wright, étudiante à l’Institut de biomédecine de l’université de Toronto au Canada, qui, il y a un mois, s’est fendue d’un article intitulé Instagram won’t solve inequality, publié sur le site de la revue scientifique Science. “Le temps passé sur Instagram est du temps non consacré à la recherche, et ce genre d’attitude affecte beaucoup plus les femmes que les hommes. Ce n’est pas juste. Ne célébrons pas ça”, affirme dans sa tribune celle pour qui l’usage d’Instagram nuit à la crédibilité des femmes scientifiques et qui dénonce les “jolis selfies, les vidéos ludiques et amusantes et les vues au microscope décorées d’emojis mignons et vulgarisées par des légendes en langage non-scientifique.”
Une vision de la science trop hautaine et sexiste pour Samantha Yammine, instagrameuse scientifique également étudiante à l’université de Toronto où elle étudie les cellules cérébrales, qui a répliqué en lançant l’opération #scientistswhoselfie et à répondu dans Science aux côtés de plusieurs autres femmes scientifiques dans un article titré Social media for social change in science. “Nous sommes des scientifiques et nous prenons des selfies pour communiquer avec les gens, explique Samantha Yammine à Buzzfeed US. Nous ne voulons pas vivre dans une tour d’ivoire, loin de ceux qui financent nos recherches avec leurs impôts.” On espère qu’au passage, elles auront convaincu des jeunes filles de se lancer à leur tour dans des carrières scientifiques.
Audrey Renault