Fanny Airault est la fondatrice du concept store parisien Gang of Earlybirds qui vient d’ouvrir ses portes dans le haut Marais et rassemble des marques étrangères de mode et d’accessoires encore inédites en France. Nous l’avons soumise à une interview “On the Road”.
Enfant, c’est dans le placard de sa grand-mère qu’elle fouillait pour y débusquer des merveilles (elle ne s’en lasse pas d’ailleurs). Son terrain d’exploration s’étend désormais au monde entier. De voyage en voyage, de salon en salon, Fanny Airault, 29 ans, étoffe un vestiaire de marques qui ne sont pas ou très peu distribuées en France. Sa boutique parisienne Gang of Earlybirds offre un nid douillet à des vêtements ou accessoires de mode rares et singuliers: les sacs VereVerto, les vestes Laveer, les chapeaux Janessa Leoné, les pulls moelleux I Love Mr Mittens ou encore les robes fluides Rixo.
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À la suite d’une classe préparatoire, Fanny Airault intègre la Kedge Business School (Ndlr: anciennement Euromed Management) à Marseille. Elle deviendra présidente de MedinMode, l’association mode de l’école. À mi-parcours, elle s’envole pour New York où elle travaille pendant un an comme commerciale auprès de l’entreprise française Seram (Ndlr: leader mondial de l’accessoire de décoration et d’identification) qui fabrique notamment les petits nœuds délicats qui égayent nos dessous. “C’est là-bas que j’ai découvert plein de marques que je ne connaissais pas”, explique Fanny Airault, avant de poursuivre: “J’ai également appris à travailler avec les Américains, ce qui allait me servir plus tard.” Après des expériences chez Kenzo et Lanvin, entrecoupées d’une année d’études à l’Institut français de la mode, la jeune femme se sent d’attaque pour voler de ses propres ailes.
Dans le concept store Gang of Earlybirds
À force de tourner en rond dans les boutiques parisiennes ou de se ruiner en frais de port, Fanny Airault est de plus en plus convaincue qu’il y a un créneau à prendre sur les marques étrangères. “Si je tournais en rond, je ne devais sûrement pas être la seule”, ajoute-t-elle. Au fil de recherches et de discussions avec d’autres entrepreneurs, l’idée d’une boutique physique remplace peu à peu celle initiale de l’e-shop, trop coûteuse, jusqu’à devenir très concrète au détour d’une balade dans le Marais. À partir de là, tout s’est enchaîné assez vite, jusqu’à l’ouverture de la boutique en septembre dernier. Dans quelques années, Fanny souhaiterait développer son activité en devenant l’agent commercial pour le territoire français, voire européen, des marques qu’elle a dénichées. Mais, pour l’instant, l’urgence est à l’e-shop, devenu indispensable, car pour certaines pièces du dressing Gang of Earlybirds, introuvables même en Europe, les demandes par mail affluent. On a soumis Fanny Airault à une interview “On the road”.
Comment voyages-tu?
Je viens d’une famille nombreuse, alors voyager seule, ce n’est pas ce que je préfère, même si je l’ai déjà fait. J’adore voyager avec mon mec et partager mes découvertes avec lui. À l’approche du départ, je prévois un peu, quelques endroits pour ne pas tomber en rade, mais pas plus. Avant, j’avais tendance à tout planifier au jour près et je passais à côté de plein de choses. C’est le voyage qui m’a appris à moins planifier. Parfois, il vaut mieux se laisser porter, prendre une voiture et rouler au hasard.
“Les marques américaines représentent près de la moitié de ma sélection. L’Australie, l’Angleterre, le Danemark et la Suède font le reste.”
Comment choisis-tu les marques qui composent le vestiaire Gang of Earlybirds?
Un peu comme je voyage, en fait. Quelques repérages avant le départ, quelques prises de rendez-vous, pour le reste, je m’en remets au hasard. C’est toujours sur place que je fais les plus belles trouvailles. Je veille à ne pas verser dans la mode ethnique en rassemblant les clichés vestimentaires de chaque pays. Pour la première saison, j’ai fait le choix de suivre mon instinct et de m’en tenir à ce qui me plaisait le plus, sans réelles considérations commerciales. Et au final, ce sont les pièces les plus originales, celles qui, je pensais, allaient le moins se vendre, qui marchent le mieux!
Quelles sont les destinations phares du vestiaire Gang of Earlybirds?
Les marques américaines représentent près de la moitié de ma sélection. L’Australie, l’Angleterre, le Danemark et la Suède font le reste. Et la tendance n’est pas près de s’inverser pour la saison prochaine! (Rires.) J’ai encore tellement de marques américaines en réserve. Quand tu commences à fouiller, tu en trouves plein. En plus, j’avais déjà commencé mon repérage lors de mon année de césure à New York. Déjà, rien qu’avec ces quelques pays, il me reste encore beaucoup à découvrir.
Dans le concept store Gang of Earlybirds
Les prochaines destinations?
Je souhaite poursuivre mon exploration des États-Unis, notamment sur la côte ouest. Sortir un peu des salons new-yorkais et aller voir ce qui se fait sur place, visiter les boutiques. Un peu plus bas, le Mexique me tente beaucoup. J’irais bien aussi sur place en Australie. J’ai l’impression que ce pays est une vraie mine d’or en matière de mode.
Une anecdote de voyage à raconter?
Ce qui me plaît le plus dans la poursuite de mon projet, ce sont les rencontres avec les créateurs ou créatrices, et les relations que j’entretiens avec eux. En guise d’anecdote, je peux raconter comment j’ai failli passer à côté de la marque de sacs californienne Vere Verto. (Rires.) Je parcourais les allées d’un salon, lorsqu’une nana m’a arrêtée et a tiqué sur mon pantalon Heimstone. La discussion a donc débuté sur notre passion commune pour cette marque, pour finir sur ces fameux sacs que j’adore et qui je pense peuvent cartonner à Paris.
De tes voyages, tu rapportes également des objets: livres, photos, etc. Pourquoi compléter la mode avec d’autres objets?
J’avais envie de donner une atmosphère à ma boutique et cette atmosphère ne pouvait pas passer que par les vêtements. Aux États-Unis, les boutiques uniquement de fringues se font de plus en plus rares. Vendre un vêtement ne suffit plus, il faut créer un univers autour. Aux yeux de la cliente, j’apporte ainsi une valeur ajoutée, en plus de ma sélection exclusive. En ce moment, je présente le travail de Julien Roubinet, un ami photographe français qui habite à New York. L’idée est de régulièrement changer de décor pour faire vivre l’espace, toujours sur la base du concept de faire découvrir des artistes méconnus en France.
“En créant Gang of Earlybirds, j’ai voulu proposer une alternative à l’hégémonie Maje-Sandro-The Kooples.”
Pourquoi Gang of Earlybirds s’est finalement installé à Paris?
Alors, oui, c’est un peu paradoxal, car j’ai suivi des cours d’entreprenariat à l’Université Laval à Québec, dans le cadre de mon semestre d’échange à l’étranger qui a suivi mon année de césure new-yorkaise, pour finalement monter ma boîte à Paris. (Rires.) Même s’il y a plein de choses qui font rêver ailleurs, je trouve que la vie est douce à Paris. C’est vrai que j’aurais pu faire le contraire, m’implanter à l’étranger et faire découvrir des marques françaises, mais j’ai préféré garder Paris en port d’attache.
Les étiquettes de Gang of Earlybirds
Alors pourquoi un tel besoin d’évasion? Qu’est-ce qui manque en France ou à Paris?
Malgré l’aura parisienne en matière de mode, je trouve que les boutiques manquent d’audace dans leur sélection. J’ai l’impression de retrouver les mêmes pièces d’une boutique à l’autre. Celles qui prennent des risques sont souvent haut de gamme, voire luxe, donc inaccessibles pour un portefeuille moyen. En créant Gang of Earlybirds, j’ai voulu proposer une alternative à l’hégémonie Maje-Sandro-The Kooples.
Propos recueillis par Léandra Ricou
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