C’est la partie de notre corps qu’on ne voit jamais, et le Musée Bourdelle propose d’y remédier avec son expo Back Side / Dos à la Mode. Trois bonnes raisons d’y aller.
“J’aime la ligne du dos des femmes. Je regarde toujours leurs silhouettes dans la rue. Je suis à la poursuite d’une silhouette. Si elle se retourne, tout est fini. Vraiment fini. Voilà pourquoi je poursuis sa silhouette de dos.” Cette confession du créateur Yohji Yamamoto révélée au détour de l’exposition Back Side /Dos à la Mode a sans doute été partagée par nombre de ses homologues qui, depuis toujours, ornent l’arrière des tenues féminines -et parfois masculines- sans que les principales intéressées puissent réellement en profiter. De la traîne au t-shirt à message en passant par le dos nu, la nouvelle exposition du Palais Galliera, présentée hors les murs au musée Bourdelle à Paris, nous retrace l’histoire de cette partie du vêtement qui se soustrait à notre regard mais pas à celui des autres. Pourquoi il faut y aller.
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Pour avoir la confirmation qu’il n’y a que la mode qui se démode
On avait bêtement cru que Sézane et consort, qui ne proposent quasiment que des tops échancrés dans le dos, avaient révolutionné le stylisme. En arpentant les couloirs du musée Bourdelle, on réalise à quel point la mode est un éternel recommencement: il n’y a qu’à contempler le manteau de sacre que portait Catherine II de Russie, long de 14 mètres et soulevé par 12 valets, pour s’en rappeler. Plus près de nous, des créateurs comme Balenciaga ou Christian Lacroix se sont inspirés des faux-culs du XIXème siècle pour élaborer certains modèles quand Thierry Mugler a carrément choisi d’imiter la sculpture en incorporant à ses robes drapées des paires d’ailes en plumes, lors de son défilé automne-hiver 1984-1985 baptisé L’hiver des anges. Spectaculaire.
© Pierre Antoine
Pour s’en mettre plein les yeux (et le dos)
Seuls quelques rares vêtements exposés ont un dos sobre comparé à l’avant du vêtement, illustrant l’oubli porté à cette partie de nos tenues mais qui a souvent été cultivé par les stylistes. Toutefois, au Palais Bourdelle, ce sont surtout des dos éblouissants que l’on peut admirer, comme une robe Saint Laurent datant de sa collection haute couture automne-hiver 1970-1971, particulièrement austère de face et ornée dans le dos d’une somptueuse dentelle de soie Chantilly qui descend jusqu’ à la naissance des reins. Ce sont parfois des dos célèbres qui sont exposés, comme celui de la cultissime robe de Mireille Darc dans Le Grand Blond avec une chaussure noire, dont la création est retracée. Ou encore la robe Thais de Givenchy que portait Cate Blanchett pour monter les marches du festival de Cannes en 2018 alors qu’elle en était la présidente du jury.
© Pierre Antoine
Pour découvrir le Musée Bourdelle
Cette expo hors les mur du Palais Galliera est l’occasion de découvrir le Musée Bourdelle, niché derrière la gare Montparnasse, et qui fut la demeure du sculpteur Antoine Bourdelle, disciple de Rodin. Tout au long de l’exposition, surgissent entre deux robes des sculptures, dont les dos en pierre rappellent les créations en textile avoisinantes. On ne sait plus très bien quelle œuvre d’art met le plus en valeur l’autre, mais ce mélange improbable voire anarchique dans certaines pièces, a le mérite de nous faire voyager dans un univers de création, l’atelier d’un sculpteur n’étant après tout pas si éloigné de celui d’un·e designer.
Myriam Levain
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