Les ponts de mai sont la meilleure excuse pour s’échapper intelligemment; on a sélectionné 8 expositions à voir à Marseille, Anvers ou Amsterdam.
Photographies victoriennes, performances contemporaines ou encore modernisme pictural: les ponts et autres congés bien mérités sont l’occasion de découvrir les expositions les plus excitantes du moment à quelques heures de Paris…
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Anvers, pour la rétrospective Michaelina Wautier
© Michaelina_Woutiers, Triumph of Bacchus
Qui? Elle a vécu entre Mons et Bruxelles et ne s’est jamais mariée, préférant vivre avec son frère Charles, lui aussi peintre. Michaelina Wautier (1614-1689), surnommée la grande dame du baroque, a certes été reconnue de son vivant comme peu -voire aucune femme- ne l’était à l’époque. Mais depuis, elle avait été oubliée. Pourtant, elle a laissé derrière elle aussi bien des petits formats que des toiles ambitieuses traitant de sujets historiques ou mythologiques (Le Triomphe de Bacchus est un modèle du genre), ainsi que des portraits forts de caractère. Sous la houlette de la professeure Katlijne Van Der Stighelen, spécialiste de l’expression de l’identité de la femme en tant qu’artiste, cette première rétrospective d’envergure remet les pendules à l’heure.
Où et quand? Au Musée An de Stroom (MAS) du 2 juin au 2 septembre.
Marseille, pour l’expo collective Last Cry
© Marianne Mispelaëre, No Man’s Land
Qui? Proposée par la commissaire Angeline Madaghdjian, l’exposition collective Last Cry questionne les liens entre humain, parole et intimité en invitant une pléiade d’artistes tou·te·s plus intrigant·e·s les un·e·s que les autres: Dominique Blais, Katia Kameli, Patrick Lefèbvre, Matthieu Saladin, Félix González-Torres, Sarah Venturi et Marianne Mispelaëre. Lauréate du Grand prix du Salon de Montrouge, cette dernière fête ses 30 ans cette année et sera présente le 13 mai pour sa fascinante performance collective de dessin No Man’s Land. Il s’agit de transférer sur une feuille de papier l’empreinte de lignes tracées au stylo bille à l’intérieur de sa main… A ne pas rater.
Où et quand ? Au Salon du Salon, du 1er au 31 mai.
New York, pour la rétrospective Tarsila do Amaral
© Tarsila do Amaral ‘Abaporu’ 1929. Courtesy of El Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires
Qui? Elle voulait redonner une force expressive à son pays… Native de Sao Paulo, initiée au cubisme à Paris où elle séjournait fréquemment, s’entourant du gratin arty français, Tarsila do Amaral (1886-1973) est la pionnière du modernisme au Brésil. Les artistes surréalistes comme le mouvement tropicaliste se sont inspirés de son sens audacieux des volumes et des lignes, de sa puissance chronique et de la poésie, qui en impose à chaque coup de pinceau. Une rétrospective haute en couleurs!
Où et quand? Au MoMA, jusqu’au 3 juin.
Londres, pour l’exposition Victorian Giants
David Hunter McAlpin Fund, 1963 / MET Museum NYC
Qui? En l’espace de deux salles, l’exposition Victorian Giants présente les grands noms de la photographie victorienne: deux hommes, Lewis Carroll et Oscar Rejlander, mais aussi deux femmes, Lady Clementina Hawarden et Julia Margaret Cameron (1815-1879). Cameron est la plus emblématique de ce mouvement, et ses velléités préraphaélites témoignent d’une force esthétique qui n’a pas pris une ride. On pense, par exemple, à son portrait de Julia Stephen, la mère de Virginia Woolf. Comme disait Cameron: “J’aspire à donner à la photographie ses lettres de noblesse, à lui assurer les caractéristiques et les usages de l’Art en combinant le Réel et l’Idéal sans rien sacrifier de la vérité”.
Où et quand? A la National Portrait Gallery, jusqu’au 20 mai.
Londres, pour l’exposition Joan Jonas
© Joan Jonas Artists Rights Society, New York et DACS, London
Qui? C’est l’une des pionnières américaines de l’art performance et vidéo, et dont nombre de jeunes artistes se réclament. Aujourd’hui, Joan Jonas a droit à l’une de ses plus importantes expositions européennes, via ses installations aux multiples textures, où ses chiens apparaissent régulièrement! Engagée de longue date, désormais très concernée par le réchauffement climatique et la survie de l’espèce, nourrie par l’esthétique du théâtre japonais Nô, elle interpelle sans cesse nos références et nos habitudes.
Où et quand ? A la Tate Modern, jusqu’au 5 août.
Metz, pour l’exposition Couples modernes
Lee Miller Leonora Carrington & Max Ernst, Lambe Creek, Cornwall, England 1937 © Lee Miller Archives, England 2018. All rights reserved. www.leemiller.co.uk
Qui? Sonia Delaunay, Suzanne Malherber, Eileen Gray… Ces femmes ont été en couple avec des hommes également artistes qui ont pu éclipser leur talent à l’époque, comme Sophie Taeuber-Arp, qui participait autant que son mari Jean Arp au mouvement Dada. Si Pablo Picasso a toujours vu la femme comme une muse, Dora Maar est l’auteure d’images franchement trippantes, et le talent de la flamboyante Georgia O’Keeffe n’avait rien à envier à celui de son compagnon Alfred Stieglitz. Trop souvent présentée comme modèle de Man Ray, Lee Miller était elle aussi une photographe accomplie… Voilà ce que se charge de rappeler Couples modernes, exposition brassant tous les médias artistiques du XXe siècle.
Où et quand? Au Centre Pompidou-Metz, du 28 avril au 20 août.
Bilbao, pour voir les installations d’Esther Ferrer
© Esther Ferrer, VEGAP, Bilbao, 2018
Qui? “Féministe 24 heures sur 24” selon ses propres termes, l’Espagnole Esther Ferrer s’est penchée sur la question du sexe comme de la représentation de soi, a pratiqué assidument la performance dès les années 1960, puis le support photographique et pictural, customisé à sa sauce, a côtoyé John Cage… Aujourd’hui, cette Parisienne d’adoption a 81 ans mais se consacre encore entièrement à l’art avec une énergie d’adolescente, et présente neuf installations inédites réunies sous le nom d’Espaces alignés. L’espace et le rire y sont convoqués avec une liberté de penser rafraîchissante.
Où et quand? Au musée Guggenheim, jusqu’au 10 juin.
Amsterdam, pour la rétrospective Catherine Christer Hennix
© Catherine Christer Hennix, Algebra w/ Domains, acrylic paint on canvas, 1973-1991
Qui? Traversée du fantasme: voilà le beau titre de la rétrospective consacrée à Catherine Christer Hennix, artiste inclassable et touche-à-tout de génie. D’abord en musique: compositrice, batteuse pendant sa jeunesse suédoise, elle a côtoyé La Monte Young ou John Cale, s’est très vite intéressée à l’apport des mathématiques et de la psychanalyse dans l’art. Berlinoise d’adoption, elle écrit, dessine, peint, sculpte, et repousse sans cesse les frontières génériques. De quoi méditer devant ses fascinantes séries Epistemic Arts ou Algebraic Esthetics.
Où et quand? Au musée Stedelijk d’Amsterdam jusqu’au 27 mai
Sophie Rosemont
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