Euveka est un buste d’atelier connecté, qui se module en un clic pour s’adapter aux vêtements des tailles 36 à 46. Un objet connecté inventé par Audrey-Laure Bergenthal et fabriqué dans la Drôme, sur lequel le marché américain lorgne déjà.
Dans toutes les représentations classiques des ateliers de couture, on trouve forcément ces bustes de tissu blanc à tête de bois. Souvent repris par les magasins de déco, ces mannequins sont surtout de réels outils de travail, parfois très contraignants pour les couturiers quand on ne peut pas les ajuster selon ses besoins. Basée à Valence, dans la Drôme, la start-up Euveka vient donner une réponse pratique aux soucis rencontrés par l’industrie: grâce à sa technologie connectée, le mannequin Eminéo se module et s’adapte facilement à toutes les tailles du 36 au 46. De quoi aider à l’évolution de la mode en dehors de la sacro-sainte taille 34 des défilés, ainsi qu’emballer tout un marché déjà très désireux d’obtenir ce buste évolutif.
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Une start-up française
Euveka fait partie des huit start-ups du programme French-American Creative Lab, destiné à introduire de jeunes entreprises françaises sur le marché américain. Grâce à deux levées de fonds consécutives -1,1 million d’euros en 2015 puis 2,4 millions d’euros en 2017- Audrey-Laure Bergenthal, la fondatrice, a pu planter le décor du futur du buste d’atelier. Modulable, piloté par un logiciel de conception informatique, adaptable à des tailles bien plus grandes que celles classiquement employées dans l’industrie et totalement made in France, le mannequin Eminéo par Euveka fait de l’oeil à bon nombre d’investisseurs et de potentiels clients français, européens et surtout américains. “Il reproduit au millimètre, grâce aux mensurations qu’on lui dicte, les axes clés du corps, explique la fondatrice. Les épaules, la carrure, la poitrine, le bassin, les hanches ou encore la hauteur du buste.” Le tout en seulement trente secondes.
En janvier dernier, le mannequin connecté a été primé au dernier CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas, rendez-vous de l’innovation technologique. Sa première vente s’est chiffrée à 96 500 euros, prix conséquent mais justifié de ce “smart dummy” (Ndlr: mannequin connecté en français). Aussi disponible à la location pour une somme comprise entre 3000 et 3500 euros par mois, ce mannequin modulable entend bien conquérir une clientèle de maisons de couture et de marques luxueuses principalement: pour le moment, les marques Chanel et Etam se sont montrées intéressées.
Après la mode, la tête dans les étoiles
Adapter les uniformes de gendarmes à la morphologie féminine, créer des outils médicaux en fonction des déformations et accidents corporels… Dans un communiqué AFP, la créatrice des “smart dummies” explique n’avoir pas que la mode à l’esprit pour le futur de sa start-up, qui emploie une vingtaine de personnes. Alors qu’elle prévoit une implantation aux États-Unis très rapidement, elle ajoute: “Petit à petit, on va blinder les robots de capteurs pour mesurer la pression, la température, les chocs. On pourra vraiment être un outil pour la réalisation de vêtements extrêmement complexes pour l’armée ou les astronautes. Mon rêve, c’est de travailler pour l’aérospatial.”
Maud Darbois
Cet article a été initialement publié sur le site de Inrocks.
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