Séduite par l’engouement actuel autour du développement personnel mais pas convaincue par des méthodes de coaching en décalage avec les attentes de la jeune génération, Charlotte Scapin a lancé en janvier l’Empowerment Lab. Interview.
À seulement 25 ans, Charlotte Scapin est déjà atteinte de workaholisme aigu et pour cause: elle a monté un projet de boîte en parallèle de ses études et de son job en alternance. L’Empowerment Lab, qui a ouvert ses portes au mois de janvier dernier est une école de développement personnel pensée particulièrement pour les membres de la génération des 25-35 ans qui cherchent à redonner du sens à leurs choix professionnels. Avant d’être une société, le projet était associatif et s’appelait l’Empowerment House.
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Née de la certitude que certaines rencontres peuvent nous inspirer et changer le cours de nos vies, l’Empowerment House voit le jour l’année dernière dans l’appartement grenoblois que Charotte Scapin partage avec son coloc Nicolas Charles, devenu son associé. Les deux étudiants en école de commerce sont en effet convaincus que les millennials ont besoin de role models pour faire les bons choix dans cet océan des possibles qu’offre notre époque. “Je crois qu’Internet et les voyages ont ouvert tellement d’options à notre génération qu’on voit tout ce qu’on pourrait faire et qu’on ne fait pas, sourit Charlotte Scapin en expliquant avec enthousiasme la genèse de sa société. La priorité, c’est d’apprendre à se connaître pour repérer les choses qu’on ne fait pas et qu’on pourrait vraiment faire. Tout le monde n’est pas en train de louper une carrière à Broadway ou le tour du monde qui va changer une vie.”
“On veut montrer aux gens des parcours inspirants qui vont les aider à se poser les bonnes questions et à faire évoluer leur réflexion.”
Pour accompagner les participants dans leur réflexion, Charlotte Scapin et Nicolas Charles ont imaginé des séances de coaching collectif menées par des personnalités inspirantes autour de six grandes thématiques allant de la confiance en soi à l’envie de changer le monde, en passant par le développement de l’expression orale. En dehors de l’émulation et de la dynamique de groupe qui se crée, ce format a le grand mérite de rendre la démarche financièrement accessible: 35 euros pour 2h30 dans des groupes de 40 personnes maximum. “Avec Nicolas, on s’est rendu compte que l’offre de coaching était encore très large, pas centralisée, chère et principalement destinée à des quadras et quinquas qui ont déjà une longue carrière derrière eux, défend l’entrepreneure. On a voulu proposer autre chose, et sortir des messages actuels très tournés vers la méditation, le bien-être. Nous, on veut montrer aux gens des parcours inspirants qui vont les aider à se poser les bonnes questions et à faire évoluer leur réflexion.”
Dans cette optique de professionnalisation du coaching, les deux associés sont allés chercher des personnalités aux parcours déjà légitimes sur les sujets qu’ils abordent. Parmi elles, Hapsatou Sy, passionnée par l’entrepreneuriat et sensible à la valeur de l’exemple, notamment dans les banlieues. Car l’objectif de l’Empowerment Lab est aussi de mélanger des publics qui ne se rencontrent pas habituellement. “En proposant des tarifs attractifs, on rend cela possible, et la diversité des parcours fait tout l’intérêt du coaching collectif”, insiste Charlotte Scapin.
“L’empowerment, c’est se rendre compte qu’on a un pouvoir sur soi.”
Parmi les six programmes, l’un est d’ailleurs intitulé “Girl Power” et a pour ambition d’aider les femmes à lever les blocages qui leur sont propres, comme le manque de confiance en soi ou le syndrome de l’imposteur, thèmes qui reviennent à toutes les séances. “Personnellement, j’ai été élevée dans une dynamique du ‘tout est possible’, mes parents m’ont toujours encouragée à me lancer, y compris quand je suis partie un an en Caroline du Sud à 16 ans, raconte la jeune femme. Mais plus j’avance, et plus je me rends compte que beaucoup de filles n’ont pas eu cette chance. Je ne voulais pas passer à côté de ce sujet, après tout l’empowerment, c’est se rendre compte qu’on a un pouvoir sur soi.” Charlotte Scapin espère d’ailleurs qu’à terme, ce concept très mainstream outre-atlantique se démocratisera en France, où il est encore relativement méconnu. Cela fait partie des multiples objectifs à caser dans son agenda de workaholic : elle a fait une pause pour répondre à nos questions.
À quand remontent les premiers symptômes de ton workaholisme?
J’ai toujours été le cliché de la bonne élève. Quand j’étais au lycée, je suis partie un an étudier aux États-Unis, et à mon retour, je me suis jetée dans le travail en première et terminale pour rattraper ce “retard”. Je travaillais chez Quick en même temps pour pouvoir me payer des vacances, résultat, la semaine du bac, j’allais bosser après mes épreuves. Je crois que j’étais déjà workaholic!
La fois où tu as frôlé le burnout?
L’année dernière, quand j’étais en alternance. Je passais deux semaines à Paris pour le boulot dans une société d’événementiel et de médias, une semaine à Grenoble à l’école, et le reste du temps, je me suis investie à fond dans mon asso. C’était beaucoup, voire trop, mais ça valait le coup.
“L’inconvénient d’être ta propre patronne, c’est que si tu ne fais pas les choses, elles ne sont pas faites.”
En quoi travailler est-il grisant?
Travailler en ayant sa propre entreprise est particulièrement grisant, car tu vois tes idées prendre forme, se concrétiser, et tu vois l’impact que ça peut avoir. Ensuite, l’inconvénient d’être ta propre patronne, c’est que si tu ne fais pas les choses, elles ne sont pas faites.
La dernière fois que tu as fait une nuit blanche?
À Barcelone quand j’ai fêté mes 25 ans avec des copines, on s’est même baignées en sortant de boîte. Mais dans le boulot, jamais: je préfère bosser le week-end que la nuit.
Ton anti-stress le plus efficace?
Appeler mon père, et de façon générale, ma famille. Ils sont toujours de bons conseils et restent mon fan club numéro 1.
Ta façon d’appréhender la detox?
Rentrer à Saint-Malo, où j’ai grandi. Tu vois l’horizon, tu manges une galette face à la mer, tu croises des visages que tu connais et tu n’es pas pressé. Ça me change de l’environnement parfois étouffant de Paris: je viens d’acheter une carte TGV pour y aller plus souvent, c’est seulement deux heures de voyage.
À long terme, envisages-tu de décrocher?
Pas vraiment, je crois que j’aurai toujours besoin de faire des projets et de mettre à exécution des idées, pour allouer toute l’énergie que j’ai en moi à quelque chose! (Rires.)
Qu’est-ce qui te ferait arrêter?
Ne plus trouver de sens à ce que je fais. J’ai besoin que mes projets soient en ligne avec mes valeurs et avec moi-même.
Propos recueillis par Myriam Levain
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