En cette rentrée littéraire 2016, on a rencontré cinq jeunes auteures qui publient leur premier roman. Aujourd’hui, Elisa Shua Dusapin nous parle de son roman L’Hiver à Sokcho, publié aux éditions Zoé.
Elisa Shua Dusapin, 24 ans, raconte dans L’Hiver à Sokcho (Zoé) l’histoire d’une jeune femme qui s’ennuie dans une petite ville de Corée du Sud. Dans un récit poétique et plein de non-dits, elle aborde des questions telles que les tensions érotiques, la superficialité ou encore la complexité des sentiments amoureux chez les jeunes adultes.
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Peux-tu nous présenter l’héroïne de ton roman?
Après des études de lettres françaises et coréennes à Séoul, la narratrice est retournée vivre près de sa mère à Sokcho, la ville de son enfance, à la frontière de la Corée du Nord. C’est l’hiver, elle a froid, elle s’ennuie. Entre une mère surprotectrice et un mannequin de petit ami obsédé par l’apparence, la jeune femme rêve de partir en France pour éprouver par elle-même ce qu’elle ne connaît que par la littérature, échapper aux pressions que son entourage exerce sur elle vis-à-vis du mariage, du corps qui doit correspondre aux canons.
Ça fait quoi de publier un premier roman?
Ça fait brusquement réaliser tout le travail qui a été nécessaire entre la gestation de l’idée et l’objet qu’on a dans les mains. C’est exaltant, une belle reconnaissance, très motivant, angoissant aussi. J’ai l’impression, comme toujours, que le vrai travail est encore devant moi, que ce roman n’est que la préparation du second, qui ne sera que l’ébauche du troisième, etc. C’est fantastique, de se dire qu’on a la chance d’être lue, d’être entendue.
C’est dur d’être une femme écrivain?
Me viennent aussitôt à l’esprit des écrivains pour qui la question de l’écriture en tant que femme a été problématique, et s’est exprimée à travers leurs écrits comme leur propre personne: George Sand, Zelda Fitzgerald, Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, Nancy Huston. Des femmes qui ont, d’une manière ou d’une autre, fait le deuil d’une part de leur féminité, afin de pouvoir exister en tant qu’écrivain face à leurs homologues masculins. Ce sujet me préoccupe, mais s’il apparaît dans mon travail, c’est de manière inconsciente. Lorsque j’écris, j’écris. Je ne me pose pas la question de savoir comment je suis, ou serai perçue, en tant qu’écrivain, que femme écrivain, que femme qui écrit, que sais-je encore.
Propos recueillis par Pierre Georges
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