À 32 ans, Anne-Laure Jaeglé est l’auteur du roman autobiographique Demande à la nuit. Sur fond d’électro et de drogue, elle décrit l’univers de la nuit berlinoise, des boîtes de nuit aux afters, en passant par les raves clandestines qu’elle organise.
Demande à la nuit est le récit d’une vie composée de petits boulots, de galères d’argent, de soirées, de drogues, de rencontres fortuites et d’amours torturées. C’est l’histoire d’une génération qui se cherche et ne trouve refuge que dans des clubs branchés sous MD. Avant de revenir à sa passion pour l’écriture, Anne-Laure Jaeglé a d’abord étudié le cinéma à Paris. Des études qu’elle a financées grâce à un petit boulot d’hôtesse d’accueil. À sa sortie de l’école, lassée de la capitale et de ses habitants, elle dépose le préavis de son appartement et s’envole pour Berlin sur un coup de tête, sans parler un mot d’allemand ni connaître la moindre personne sur place. Ce sont ces aventures qu’elle nous livre dans son roman, des pensées brutes, tout droit sorties de son journal. Interview.
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D’où t’est venue l’idée de ce roman?
J’ai toujours tenu un journal, je voulais faire quelque chose de celui que j’écrivais à Berlin mais je ne savais pas quoi. Ça me paraissait naturel de rendre compte de ces années-là. Un jour, en soirée, un ami qui avait prit du LSD m’a attrapée en criant “Tout ça va devenir un livre!”. Il savait que je retranscrivais tout ce qu’il se passait sur le papier. Je me suis demandé pourquoi je n’y avais pas pensé plus tôt. J’ai commencé à l’écrire lors de mon passage en hôpital psychiatrique, j’ai travaillé deux ans pour réorganiser ce journal.
Dans ce roman, y a t-il un message à l’égard de cette génération un peu paumée dont tu parles?
Oui, et ce serait de se déconnecter des réseaux sociaux, des attentes de la société et des parents. Il faudrait que cette génération se fasse sa propre éducation. Il faut se foutre de l’image que l’on renvoie et de ce que pensent les autres.
L’histoire de Demande à la nuit est celle d’une femme émancipée: est-elle liée à une forme de féminisme?
Ce n’était pas une volonté de ma part, je dirais que le rapport au féminisme s’est fait de manière naturelle. Je sais qu’il y en a quelques touches, par-ci par-là, notamment lorsque je m’insurge contre la presse féminine. Au début, ça n’était pas pensé comme une revendication, mais il y a des choses qui m’exaspèrent et j’avais la volonté d’y faire allusion.
Propos recueillis par Clémence Drouet
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