Un univers street féminisé, des pièces haute couture travaillées et une bande de filles enjouées aux commandes, c’est ce qui a fait le succès de la marque Pantheone. Une réussite que l’on a retracée avec deux d’entre elles.
Créée en 2010 par Aurélie Leyre et Déborah Amaral, deux filles passionnées avec de la suite dans les idées, Pantheone a grandi. Si Aurélie est partie vers de nouveaux projets, Déborah, la directrice artistique, est encore là. S’ajoutent Hélène Gloux, directrice des collections, et Jeanne Bibette, qui assure la partie business. Un trio qui a pour vocation de changer le paysage de la mode en lui injectant une bonne dose de cool. On a voulu en savoir plus sur ce crew féminin à l’esprit téméraire. Interview avec Jeanne Bibette et Déborah Amaral.
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Votre collectif est-il interdit aux hommes?
JB: Pas du tout! Mais c’est vrai qu’en général, on attire plus les filles.
Votre collectif s’agrandit d’année en année: c’est une stratégie pour avoir plus de poids?
JB: Non, ce n’est pas intentionnel. Je crois que c’est parce qu’on est sympas, alors les gens ont envie de rester. Les stagiaires se plaisent, ils font venir leurs potes et on crée comme ça une dynamique autour de nous.
“J’ai l’impression qu’être une bande de meufs pleine d’énergie nous a aidées”.
Vous gérez la communication, les collaborations, vos performances toutes seules. Parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même?
DA: A terme, on aimerait faire appel à un bureau de presse. Mais on veut continuer d’organiser nos shows et garder la mainmise sur plein de choses. On a un culte du savoir-faire. Par exemple, plein de gens sont venus vers nous pour organiser des évènements et on s’est adaptées à chaque fois. Ca nous enrichit et ça nous apprend à devenir polyvalentes.
Pour votre collection de prêt-à-porter, vous créez des pièces assez streetwear: est-ce compliqué de s’intégrer dans un univers masculin quand on est une fille?
DA: J’ai l’impression qu’être une bande de meufs pleine d’énergie nous a aidées. C‘est ce côté “girl power” qui a plu. Pour la robe casquette, réalisée en collaboration avec New Era, une marque plutôt caillera, c’est justement le fait qu’on soit des filles et qu’on amène une image féminine qui les a séduits.
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Depuis New Era, vous n’avez pas arrêté de collaborer avec d’autres marques comme Adidas ou Casio. Les collaborations sont-elles indissociables de votre travail?
DA: New Era, c’est la seule collaboration qu’on soit allées chercher, les autres marques sont venues à nous. Quand j’ai eu cette idée de robe casquette, je ne savais pas que ça allait se décliner vers d’autres objets streetwear.
La robe casquette est-elle devenue votre pièce culte?
DA: elle revient chaque année, mais elle a évolué. La première, c’était la pin-up, en corset avec les casquettes cousues en forme de boules. Celle que nous avons créée pour le Freak Show Ed Banger était différente. Les casquettes soulignaient les formes d’une autre manière et elle était davantage portable. La robe casquette reviendra toujours, c’est ce qui nous a fait connaître et ce serait bête de la rejeter.
Puisque c’est Charlotte Le Bon qui l’a portée en premier, on peut dire que c’est votre première égérie?
DA: C’était un coup de poker, on a envoyé les photos à Canal+ et le lendemain, la styliste était chez moi! Vu que les pièces que nous créons sont fortes, on habille souvent des artistes. On vient d’habiller Keziah Jones et dans nos rêves les plus fous, on ferait les costumes pour la tournée de Madonna. Ce qu’on aime, c’est faire vivre nos créations.
“On pourrait relever le défi de détourner n’importe quoi, même quelque chose dont personne ne veut”.
Vous dites vouloir travailler de façon indépendante par rapport à l’industrie de la mode, qu’est-ce que vous lui reprochez?
DA: On respecte la mode traditionnelle mais on ne veut pas lui ressembler. On a créé cette marque parce qu’on ne se reconnaissait pas dans la mode actuelle très coincée et hautaine. C’est un monde horrible, quand tu es stagiaire chez Chanel, tu ramasses les épingles!
Vous souhaitez démocratiser le milieu avec votre collection haute couture, c’est-à-dire?
DA: On veut créer une nouvelle couture en gardant la notion de savoir-faire, puisqu’on fait tout à la main, mais en y injectant quelque chose de plus street. On pourrait relever le défi de détourner n’importe quoi, même quelque chose dont personne ne veut, comme des peaux de banane. On pourrait en faire un truc cool, il suffit de le vouloir!
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De quelle créatrice vous sentez-vous le plus proche?
DA: Maroussia Rebecq, la directrice artistique d’Andrea Crews, c’est elle qui m’a tout appris. C’est une marque qui nous ressemble et ce n’est pas pour rien que j’ai créé Pantheone en sortant d’Andrea Crews.
Enfin, pourquoi le nom “Pantheone” ? Vous avez pour vocation de faire des fringues qui marqueront l’histoire des femmes?
DA: J’aimerais tellement! C’est surtout que notre marque, c’est le Panthéon des femmes. Et puis ce côté grec, ça nous plaît, on est très mystiques!
Propos recueillis par Clémence Sigu
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