Pour les 10 ans de Cheek, une personnalité féministe revient chaque jour sur sa décennie. Aujourd’hui, Fiona Schmidt.
Journaliste et essayiste, Fiona Schmidt a signé plusieurs livres comme L’Amour après #MeToo (2018), Lâchez-nous l’utérus (2019) ou Vieille peau: les femmes, leur corps, leur âge (2023), qui s’attaque au problème de l’âgisme chez les femmes. Très active sur Instagram, où elle réagit à l’actualité à travers un prisme féministe et où elle est suivie par près de 75 000 personnes, cette voix désormais incontournable du féminisme revient sur ses années 2013-2023.
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Quelles avancées féministes t’ont le plus marquée?
La politisation du corps féminin, que ce soit pour évoquer la sexualité, les règles, la grossesse, la ménopause, le vieillissement…, et la politisation de sujets qui jusqu’à présent relevaient de l’intime, comme la maternité et le choix de ne pas avoir d’enfant.
Et quels reculs?
Le recul dramatique des droits contraceptifs aux États-Unis, en Hongrie ou en Pologne par exemple, qui va de pair avec un regain de la pression nataliste et de l’injonction à la maternité. Le fait que le choix de ne pas avoir d’enfant ne soit toujours pas normalisé, qu’il soit pathologisé comme il l’était il y a 50 ans, qu’il ne soit toujours pas concevable qu’une femme puisse s’épanouir en dehors de la maternité, est désespérant.
Ton/tes film(s) ou série(s) de la décennie?
I May Destroy You, de Michaela Coel, un ovni d’une intelligence, d’une beauté et d’une puissance rares, qui explore la question du consentement sexuel. Elle est réalisée et interprétée par une jeune femme noire, et le casting est quasi 100% noir, ce qui n’est pas anodin dans un monde où les producteur·ice·s d’images et de fiction sont encore très (trop) majoritairement blanc·he·s.
Et ton/tes livres?
Sorcières, de Mona Chollet, un phénomène littéraire qui raconte un phénomène de société, et qui résume bien la décennie, à mon sens. Et j’ai une tendresse particulière pour Bad Feminist, de Roxane Gay: mon épiphanie féministe, tardive mais radicale. C’est ce livre qui m’a donné envie de lire tous les autres -et il est drôle, en plus.
Les personnalités féministes qui t’ont inspirée?
Gloria Steinem. Elle était intersectionnelle quand le mot n’existait pas, childfree revendiquée, curieuse insatiable, voyageuse et pédagogue infatigable…Le fait qu’elle soit toujours aussi engagée, révoltée et joyeuse à 89 ans est une source d’inspiration.
Pour toi, quel est le mot de cette décennie féministe?
“Sororité”. Elle ne peut pas tout faire advenir, mais rien n’advient sans elle.
Quels sont les défis féministes à relever ces 10 prochaines années?
L’implication des hommes cis hétéros dans nos luttes intersectionnelles. S’il y avait autant d’hommes alliés à la cause féministe que de femmes alliées à la cause des hommes, le chemin vers l’égalité serait moins long…
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