On a lu ça pour vous et on vous le conseille.
“Chloé, 30 ans, chargée de clientèle.
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Trente minutes après son arrivée au bureau, Chloé branche sa clef USB et regarde des séries. Mais ça n’a rien de chouette.
‘A 10 heures, ce matin, je m’ennuyais déjà. Je bosse dans une entreprise de cours à domicile. En clair, je m’occupe de placer les enseignants et de faire le suivi avec les parents. Sauf que je n’ai quasiment rien à faire… En moyenne, je dois travailler une heure par jour. Ça ne m’empêche pas de dépasser les objectifs fixés. Ça paraît dingue, mais mes chefs ne réagissent pas. Ils embauchent peut-être plus que nécessaire pour anticiper les départs. J’arrive à 9 heures, j’allume l’ordi et je constate l’étendue du néant: combien de parents nous ont contactés? En moyenne, c’est quatre ou cinq demandes à gérer par jour. Je rappelle ces “prospects”, je croise les doigts pour qu’ils décrochent et je lance une recherche de profs dans notre base de données. En quelques minutes, j’ai terminé. Et là commence l’ennui. Je dois développer une activité parallèle. Je suis dos au mur donc je peux discrètement regarder des séries. Je me fais une saison par semaine. Mais sans le son, juste avec les sous-titres. Je ne me sépare plus de ma clé USB. Je l’appelle “ma précieuse”, comme dans Le Seigneur des anneaux.
Les petits nouveaux prennent les postes “exposés” dans l’open space, les plus anciens comme moi récupèrent les écrans planqués. Nos regards se croisent. On lève les yeux au ciel. J’ai une collègue qui lit Guerre et paix sur son ordinateur. Dans mon téléphone, j’ai une liste de “choses à faire au boulot”. J’essaie de gagner du temps, d’organiser mes vacances et mes achats. J’ai même refait mon arbre généalogique. On a tous des bac+5 et voilà où on en est… Le burn-out est presque valorisé. Alors que le bore-out… J’essaie de ne pas avoir mal au bide, je me dis que le travail n’est pas le reflet de soi. Je le prends avec humour. Mais c’est dur. J’avais besoin d’un CDI pour acheter un bien immobilier. Je vais commencer à chercher ailleurs.’”
Ce témoignage, édifiant, est l’un des neuf recueillis par L’Obs dans le cadre d’un article intitulé J’ai un job à la con. Ce papier, qui arbore une forme innovante -il se lit comme un diaporama-, raconte l’ennui de neuf salariés plus ou moins trentenaires au travail. Des jobs vides de sens, occupés par des employés souvent sur-diplômés qui ont bien du mal à challenger leurs neurones au quotidien.
A lire le plus vite possible sur L’Obs.
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