“Ça c’est mon grand problème, je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée. Parce que je pourrais témoigner que du viol on s’en sort.” Voici ce que déclare en toute décontraction Catherine Millet sur France Culture en décembre dernier. Mercredi, la critique d’art et écrivaine, s’est de nouveau érigée en spécialiste du viol et des traumatismes liés aux violences sexuelles en publiant un texte dans le quotidien espagnol El País, repris et traduit le lendemain par Le Point. La cosignataire de la tribune du Monde pour la “liberté d’importuner” persiste et signe: “Cette déclaration ne date pas d’hier, je l’ai souvent faite, au cours d’interviews ou lors de rencontres publiques.” Elle en profite également pour réaffirmer sa “compassion pour les frotteurs du métro”, ces “hommes en errance sexuelle et souffrant de l’être”. Pauvres bêtes.
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Catherine Millet va même bien plus loin en exposant une solution miracle aux victimes ou futures victimes de viol: lors de l’agression, il est nécessaire de séparer corps et esprit. Elle y va de son témoignage personnel: “Bien sûr, la relation sexuelle engagée, il m’est arrivé aussi de trouver mon partenaire décevant, ou même désagréable, voire dégoûtant. Dans ces cas-là, cet homme ne disposait que de mon corps, mon esprit était ailleurs et ne gardait aucune trace qui pût le hanter.”
Catherine Millet blesse, s’enfonce encore un peu plus loin dans la bêtise et fait preuve d’une indécence sans nom.
Pour illustrer sa théorie, l’autrice ose tout, même l’évocation d’un fait divers sordide qu’on devine être le meurtre d’Anne-Lorraine Schmitt dans le RER D en 2007. “J’avais été frappée il y a quelques années par une affaire criminelle. Une jeune fille avait été d’autant plus sauvagement assassinée dans un train de banlieue qu’elle semblait avoir opposé à l’homme qui avait voulu la violer une résistance acharnée. Profondément croyante, elle avait défendu sa pureté au prix de sa vie, raconte -t-elle. Or l’enquête avait fait apparaître une autre femme, victime des années auparavant, sur la même ligne de train, du même violeur. Et celle-ci avait, au contraire, accepté la fellation que le violeur exigeait, puis il l’avait laissée partir. Elle avait sauvé sa vie. Peut-être la jeune fille catholique, si elle avait lu de plus près saint Augustin et retenu l’enseignement de la séparation de l’âme et du corps -que la première victime appliqua, semble-t-il, d’instinct-, aurait-elle eu, elle aussi, une chance de sauver sa vie, sans perdre son âme.”
En jugeant sans connaître et en expliquant aux femmes victimes comment elles sont censées se comporter lors d’un viol, Catherine Millet blesse, s’enfonce encore un peu plus loin dans la bêtise et fait preuve d’une indécence sans nom.
Margot Cherrid
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