“Je suis fatiguée de ces espaces sur lesquels des agresseurs, par milliers, me harcèlent et m’insultent en toute impunité.” Dans un billet publié ce lundi 26 février sur le site de Mediapart et intitulé J’arrête, la militante féministe Caroline De Haas annonce quitter les réseaux sociaux après y avoir été victime de cyberharcèlement. Les insultes et menaces ont en premier lieu été provoquées après une interview réalisée par L’Obs et titrée à partir de la citation: “Un homme sur deux ou trois est agresseur”. La trentenaire, fondatrice du groupe Egae et d’Osez le féminisme! se défend d’avoir avancé de tels chiffres et affirme avoir déclaré au journaliste du magazine: “Si une femme sur deux est victime, combien d’agresseurs nous entourent? Est-ce un homme sur deux? Un homme sur trois? Je n’en sais rien. Je sais juste que c’est beaucoup.” Et de poursuivre: “Au fond de moi, je ne peux m’empêcher de penser qu’un journal qui choisit de titrer ces propos le fait délibérément. Pour faire le buzz. Sans se soucier qu’au passage, on casse, on brise.” Dès la mise en ligne de l’article, les premiers tweets tombent:
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Pourquoi ce sont toujours des thons imbaisables et sans vraie légitimité en tête de file du féminisme ?
Il existe pourtant de jolies féministes.
«Un homme sur deux ou trois est un agresseur»? La militante féministe Caroline de Haas balance des chiffres https://t.co/KpifWWtMN2— 🇮🇹IrOnChRiS 🇫🇷 (@Chris_du_Limon) 16 février 2018
Vous aviez qu’à nous castrer !!!!! Madame vous ne pouvez pas faire une généralité, pour 20% des hommes sont des délinquants sexuels ! «Un homme sur deux ou trois est un agresseur», estime Caroline de Haas – via @20Minutes https://t.co/RaHPNKpCjH
— Mercier (@Mercier91595322) 16 février 2018
#CarolinedeHass explique « qu’un homme sur deux ou trois » est un agresseur. Je voudrais des précisions. Dois-je me méfier d’un tiers ou de la moitié de mes collègues, amis, proches, gens que je croise ? Ou les agresser préventivement ?
— Emmanuelle Ducros (@emma_ducros) 15 février 2018
Deuxième acte: Marlène Schiappa invitée sur BFMTV dimanche 18 janvier revient sur les propos de Caroline De Haas et déclare : “D’aucune manière ça ne peut être un homme sur deux (…)C’est inopérant et contre-productif de jeter comme ça des chiffres”. La principale intéressée regrette dans le texte disponible sur Mediapart le parti pris de la secrétaire d’état chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes: “Elle n’a pas choisi d’expliquer que je n’avais pas tenu ces propos, elle n’a pas fait état du fait que depuis quelques jours, j’étais la victime d’injures sexistes et de harcèlement. Non. Elle a enfoncé le clou. Et moi avec.”
Le 19 février, une enquête réalisée par Libération marque le dernier volet de cette affaire. Le quotidien révèle les témoignages de femmes agressées sexuellement au sein de l’Unef. Au moment des faits révélés dans l’article, Caroline De Haas est secrétaire générale du syndicat étudiant. Certains de ses détracteurs profitent de l’occasion pour établir un parallèle et l’accuser de complicité.
Viols et agressions sexuelles étaient monnaie courante à l’UNEF dont Caroline de Haas fut secrétaire générale de 2006 à 2009 sans jamais s’en émouvoir. Il y avait pourtant toute une porcherie à balancer.
— Eric Naulleau (@EricNaulleau) 21 février 2018
Caroline de Haas, secrétaire générale de l’UNEF entre 2006 et 2009 a couvert ces pratiques, elle affirme « avoir minimisé cette violence que subissaient mes amies, mes collègues, mes soeurs ». Elle doit s’expliquer.https://t.co/APT3OArROC
— Fabien Léger (@Chedon18) 20 février 2018
Celle qui nous détaillait déjà en début d’année ses stratégies pour se protéger face aux violences qu’elle subit régulièrement en ligne termine son billet en invitant à rejoindre le Groupe F, un groupe d’actions contre les violences sexistes et sexuelles qu’elle a cofondé. Et de conclure avec un message très positif: “La bonne nouvelle? C’est qu’on peut changer le monde sans être sur les réseaux sociaux. (…) Ce week-end, pendant que les trolls continuaient à insulter, harceler, menacer, nous étions 70 femmes et hommes, rassemblé·e·s pour nous former à détecter les violences, à les faire cesser et à accueillir les victimes (…) Je le dis donc aux agresseurs et à leurs alliés avec beaucoup de sérénité, de détermination et d’enthousiasme: votre temps est bientôt révolu.”
Margot Cherrid
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