Carole Tolila est chroniqueuse dans Les Maternelles sur France 5, reporter tout terrain sur June et joker de Météo à la carte sur France 3. Et parfois, elle dort.
On rencontre Carole Tolila le deuxième jour de son congé maternité, et on comprend au fil de la conversation qu’elle profite de ce repos forcé pour peaufiner le montage d’une de ses émissions et plancher sur ses projets d’après. “J’ai un peu de mal à lâcher, confie cette grande brune au sourire chaleureux. Quand je ne bosse pas, je suis du genre à me caler des dejs pendant un mois, et puis petit à petit, je finis par décrocher.” La chroniqueuse “Do it yourself” des Maternelles, 33 ans et déjà maman d’un petit garçon, connaît par cœur les doubles voire triples journées, mais n’a jamais su faire autrement. Ses premiers pas professionnels, déjà, n’ont pas été de tout repos. “J’avais trouvé mon premier job aux programmes chez Gulli, mais je me suis rendu compte que mon truc, c’était le journalisme, et je suis repartie à zéro en stage chez Direct 8, où l’on m’a annoncé que je ferais une revue de presse en direct au bout du quatrième jour, le plus gros stress de ma vie!” La toute nouvelle chaîne de la TNT fait bosser dur ses stagiaires, et la jeune Niçoise (elle est très fière de ses origines) en redemande.
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“Chaque été, tout peut s’arrêter, mais j’ai appris à vivre avec cette incertitude.”
Un CDI et une carte de presse plus tard -“Je sautais dans mon appart le jour où je l’ai reçue, j’étais beaucoup plus impressionnée que par mon CDI!”-, Carole Tolila décide d’ajouter une corde à son arc, en s’inscrivant à une formation continue de deux ans pour apprendre à filmer, et devient journaliste reporter d’images. Forte de cette nouvelle compétence, elle négocie son départ de la chaîne et tente sa chance auprès de June, avec qui elle monte le concept de La Reporter June, une émission filmée à deux caméras où elle part à la rencontre de femmes de sa génération. Alors qu’elle est en congé mat de son premier enfant, elle entend parler du casting des Maternelles en plein lifting, et rejoint l’équipe de Julia Vignali puis Sidonie Bonnec. Depuis trois saisons, elle prodigue donc ses conseils pratiques et créatifs sur le plateau, et filme au quotidien la vie d’une maternité, dans son reportage immersif 9 mois à la maternité, qu’elle a tenu à mettre en place. C’est d’ailleurs chez Les Maternelles, à la rentrée, qu’elle a profité d’une chronique sur la grossesse pour annoncer la sienne en direct et créer un petit moment de télévision cher au Zapping.
“Petite, je récitais déjà le programme télé par cœur à mon père tous les jours.”
Malgré ce planning déjà bien rempli, Carole Tolila n’a pas voulu arrêter ses remplacements de Météo à la carte, où elle “place la météo de Nice dès qu’[elle] peu[t]”. Multiplier les jobs, une façon de vaincre l’angoisse de la précarité, à l’heure où les rumeurs sur l’arrêt de l’émission de France 5 sont de plus en plus insistantes? “Chaque été, les programmes sont remis en jeu et tout peut s’arrêter, reconnaît-elle, mais j’ai appris à vivre avec cette incertitude.” Un rythme propre à la télévision qui lui est familier, mais qui l’est aussi à son mari, Thomas Isle, le coprésentateur de La Quotidienne sur France 5. Le couple, qui s’est connu à la fac, officie dorénavant sur la même chaîne et se prête parfois au jeu de l’interview commune. “On ne s’est jamais cachés, mais on préserve notre intimité et notamment notre fils qu’on ne montre pas, explique la jeune femme. Le plus pénible pour notre entourage, c’est de regarder la télé avec nous, on ne peut pas s’empêcher de commenter la réalisation ou la lumière. (Rires.) Mais la télé, c’est notre passion à tous les deux; petite, je récitais déjà le programme par cœur à mon père tous les jours, donc oui, je crois que j’ai toujours voulu faire ça.” Interview d’une workaholic assumée et passionnée.
À quand remontent les premiers symptômes de ton workaholisme?
À mon stage de 3ème, dans une librairie, je ne voulais pas quitter l’entreprise et j’y suis retournée le samedi. Quand je suis arrivée aux Maternelles, ça a fait peur à tout le monde que je garde mes jobs sur June et France 3, on craignait que je revienne fatiguée de mes vacances. Alors qu’au contraire, faire autre chose pendant les vacances scolaires est un moyen pour moi de recharger les batteries. De toute façon, la saisonnalité des programmes me permet de faire un break de presque trois mois l’été pour me reposer.
Instagram/CaroleTolila
La fois où tu as frôlé le burnout?
Au début des Maternelles, quand il a fallu passer au rythme d’une quotidienne alors que mon fils ne dormait pas. J’étais tout le temps sur Pinterest sur mon téléphone, même en me couchant, je n’arrivais pas à mettre mon cerveau sur pause. L’excitation de commencer quelque chose de nouveau m’a fait tenir, mais j’ai tiré sur la corde.
En quoi travailler est-il grisant?
J’adore le côté créatif de mon métier, mais j’aime surtout rencontrer plein de gens et avoir le sentiment que mon travail les aide. Je crois qu’une émission comme Les Maternelles aide les femmes à se projeter dans la vie qui les attend en devenant mères. D’ailleurs, moi-même, je regardais beaucoup plus ce programme quand je n’avais pas encore d’enfant. Récemment, alors que j’étais en tournage à la maternité, plusieurs femmes m’ont dit que revoir un accouchement les avait aidées à se réconcilier avec le leur, qui avait été un moment difficile. C’est génial d’avoir ce genre de retours, et les réseaux sociaux facilitent les messages de soutien, je reçois une dose d’amour de malade par ce biais et ça, c’est grisant.
Ton truc pour avoir de l’endurance?
Comme je ne bois pas de café, je crois que c’est l’adrénaline qui me fait tenir. J’ai un tempérament passionné, je mets les doigts dans la prise et c’est parti. Certaines de mes amies qui m’ont croisée dans le cadre du boulot disent que je suis très différente du cadre perso, où je suis un peu introvertie et timide.
Quels sont les effets secondaires désagréables?
Je dois reconnaître que depuis que j’ai mon fils, je n’ai quasiment plus de temps pour voir mes copines, et ça c’est un effet secondaire désagréable. Je cours tout le temps et je suis crevée, le seul moment que j’ai pour moi, je dors. C’est déjà un défi de concilier carrière et famille, et pour ça, j’ai la chance d’avoir un mec qui partage les tâches et passe du temps à la maison.
La dernière fois que tu as fait une nuit blanche?
C’était pendant 9 mois à la maternité: j’ai suivi des sages-femmes et elles font souvent des nuits blanches.
Instagram/CaroleTolila
Ton anti-stress le plus efficace?
Pleurer. Quand j’ai besoin d’évacuer, je pleure, et après ça repart. Je sais bien qu’il ne faut pas faire ça au boulot mais je n’arrive pas à tenir, alors parfois je craque.
Ta façon d’appréhender la detox?
Le congé mat me force à ralentir, même si au début, ça a été dur d’accepter d’être remplacée. Comme beaucoup de femmes, j’ai un peu paniqué qu’on m’oublie. (Rires.) Maintenant, je profite de ce moment pour réfléchir à d’autres projets: j’ai notamment une idée de documentaire et une ligne de t-shirts pour enfants que je veux développer.
À long terme, envisages-tu de décrocher?
Je crois que je serais capable de changer de vie un jour, même si j’adore ce boulot. Je suis fascinée par l’entrepreneuriat et par ces gens qui croient en leur projet et se lancent sans filet, donc pourquoi pas monter ma boîte un jour? J’aime être libre et trimer, donc ça me correspondrait. Et puis, l’idée de créer de l’emploi, c’est gratifiant.
Qu’est-ce qui te ferait arrêter?
La santé. En même temps, après Direct 8, j’ai eu un pépin de santé, et ça m’a au contraire poussée à faire ce que je voulais vraiment… La famille aussi pourrait me faire ralentir, s’il faut être près de mes proches. Je suis très famille, c’est mon côté méditerranéen.
Propos recueillis par Myriam Levain
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