Tout au long de l’année, l’artiste Safia Bahmed-Schwartz part à la rencontre de ses pairs pour tenter de définir ce qu’est l’art.
Depuis des années, je croise Bonnie Banane et me prends sa beauté en pleine face, sans savoir ce qu’elle fait vraiment. Je l’ai finalement rencontrée pour parler RnB et théâtre, ses deux principales activités.
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Salut Bonnie, est-ce que tu peux te présenter?
Je suis Bonnie Banane, j’ai 26 ans, j’habite Paris depuis dix ans maintenant, je fais du théâtre et du RnB. C’est ce que j’aime.
Tu es donc comédienne?
Oui, j’aimerais aussi aller vers la réalisation et la mise en scène, mais je ne me sens pas du tout prête pour le moment. Je suis encore au Conservatoire national de théâtre, j’ai presque fini. À l’avenir, je me vois faire aussi bien du cinéma que du théâtre, mais je ne pense pas que je pourrai tout jouer, je ne suis pas une technicienne du jeu. J’aimerais quand même avoir à jouer des rôles difficiles pour voir si j’en suis capable.
À côté de ça, est-ce que tu as un métier normcore?
Oui, ça ne me dérange pas d’avoir un job alimentaire et de faire des trucs qui me plaisent vraiment et qui apportent aux autres.
Les trucs qui te plaisent comprennent aussi la musique?
Oui, même si pour moi c’est seulement de l’ordre du plaisir: je ne peux pas faire quelque chose pour plaire ou pour rentrer dans un système normatif. Certaines personnes de l’industrie de la musique m’ont clairement dit qu’elles essayaient d’influencer les choix des artistes avec lesquels elles travaillaient. Je ne pourrai jamais me plier à ça.
Comment tu définis ta musique?
Jusqu’ici, je dirais que je fais du RnB de genre. Ma position est compliquée, celle de chanter en anglais, tout en ayant une identité française, européenne. Ma culture, et celle de ceux avec lesquels je travaille, vient des États-Unis, même si on n’est pas américains. On ne peut pas nier que la culture américaine fait partie de nous. Alors, j’essaye de transposer ça ici, d’abord pour mes potes, puis pour un public plus large.
Quelles sont tes références?
Brigitte Fontaine, D’Angelo et Moondog.
C’est quoi l’art pour toi?
Un sexe qui rentre dans un autre en gros plan et au ralenti au MK2 Bibliothèque à 16h, c’est de l’art. Mais je ne peux pas te dire ce qu’est l’art en général. Par exemple, je ne conçois pas la musique et la peinture de la même manière, alors que les deux sont de l’art.
De même, tu ne considères pas la musique et le théâtre de la même façon?
Non, l’un apporte à l’autre, mais quand je suis sur une scène de théâtre, ça n’a rien a voir avec un concert. C’est une difficulté différente. Quand tu interprètes une chanson, tu es clairement plus à poil que quand tu joues un rôle.
C’est quoi ton quotidien? Tu as fait quoi hier soir par exemple?
Je travaille et dès que je peux, je suis avec mes potes. D’ailleurs en ce moment, je dors chez eux. L’autre fois, ma copine russe me racontait l’histoire de sa femme de ménage qui avait fait une immense fête dans son dos quand elle était en vacances. On a commencé à chanter: “I’m a cleaning lady / I’m gonna throw a party / At your house / But you’re not invited / Cause you’re my boss / When the cat is gone the mouses play hard” (Ndlr: “Je suis une femme de ménage / Je vais organiser une fête / Chez toi / Mais tu n’es pas invitée / Car tu es ma patronne / Quand le chat n’est pas là, les souris s’éclatent”). Je dois dire que c’est souvent comme ça que les paroles viennent.
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