Avec Bang Gang (une histoire d’amour moderne), la réalisatrice Eva Husson signe un film choc qui met en scène la sexualité d’un groupe d’ados. Rencontre.
Bang Gang (une histoire d’amour moderne) est le premier film d’Eva Husson. Après avoir grandi au Havre, Eva Husson fait des études littéraires en France avant de s’envoler à Los Angeles pour étudier le cinéma à l’American Film Institute (AFI). En mettant en scène cinq adolescents dans les rôles principaux, la réalisatrice interroge leur rapport au corps et au cœur à travers l’exploration de leur sexualité lors de sex parties.
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Comment as-tu réussi à convaincre les acteurs de participer à un film avec autant de scènes de sexe?
C’était compliqué. La seule vraie référence en la matière c’est Kids de Larry Clark, qui est très frontal. Je les ai rencontrés, je leur ai beaucoup parlé. La lecture du scénario a été en fait la dernière étape. J’ai proposé les 5 rôles principaux aux 5 acteurs que j’avais choisis et aucun n’a refusé.
© Ad Vitam
En ce qui concerne les actrices, le fait que tu sois une femme derrière la caméra a-t-il pesé dans la balance?
Je pense effectivement que Marilyn Lima et Daisy Broom n’auraient pas fait cette histoire avec un homme, ou avec une réalisatrice qui aurait eu une vision plus dure, comme Catherine Breillat.
“La sexualité que j’ai filmée est assumée.”
Les scènes de sexes entre tous ces adolescents sont assez solaires, que représentaient ces corps nus?
La nudité pour moi n’était pas un enjeu de voyeurisme ni d’excitation sexuelle. Il s’agissait de raconter la sexualité de jeunes gens avec un ressenti qui aurait pu être le mien, avec une simplicité par rapport au sexe. La sexualité que j’ai filmée est assumée. Il n’y a pas de vérité absolue sur la sexualité, elle reflète nos états émotionnels.
Pourquoi le mot “moderne” figure-t-il dans le sous-titre du film (Ndlr: “Une histoire d’amour moderne”)?
On est dans une ère de la modernité parce qu’on essaye de donner du sens à un monde chaotique, c’était la tentative désespérée des modernistes après la guerre. Dans mon film, je parle d’une génération qui est unique dans l’histoire de l’humanité.
© Ad Vitam
Quelle est sa particularité?
Elle a vécu la révolution numérique. Tout à coup, les gens de cette génération doivent gérer la surexposition de leur image, ils doivent construire leur intimité de l’intérieur et de l’extérieur.
Le fait de parler d’une histoire d’amour dans le sous-titre adoucit-il le film?
Le mot “bang gang” est super violent, et en même temps il y a la polysémie de ce mot, le “big bang” et cette énergie que les personnages ont en eux. Le titre reste dur à porter, mais il est honnête par rapport à une partie du film. Mais Bang Gang, ce n’est pas que ça, d’où la nécessité de l’adoucir avec le sous-titre. Le mot “amour” désamorce cette violence. La notion d’amour n’est jamais moderne, elle traverse tous les âges. Mais elle se confronte toujours nécessairement à des circonstances extérieures qui sont plus ou moins contraignantes.
Propos recueillis par Iris Brey
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