Boss Babes, association féministe fondée à Austin, Texas, essaime à l’international. Le tout premier Babes Day français a eu lieu à Angers ce 22 septembre. L’occasion de mieux se connaître entre Angevin.e.s et Austinites. Reportage.
“Pour être honnête, on est juste là pour donner les outils et un modèle d’organisation à d’autres femmes”, lance Jane Claire Hervey. Pour qu’elles se réunissent, se rencontrent et s’entraident comme le font celles de Boss Babes à Austin, Texas. Pantalon rayé, veste colorée, la jeune femme de 24 ans donne le ton alors qu’elle descend les marches qui mènent à la Galerie, l’espace d’exposition en plein centre d’Angers qui accueille le premier Babes Day français. Le Babes Day? Un après-midi de talks, de présentations et de networking entre femmes, surtout issues du milieu culturel. Le tout organisé à Angers, ville jumelée à Austin depuis 2013, par Emmanuelle Gardan, community manager de 27 ans. Dans sa robe bleue, elle termine les derniers préparatifs.
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“Viens avec moi, j’ai quelque chose à te montrer!” La fondatrice de Boss Babes a le contact facile. Elle montre la pièce où s’installera Rafs, tatoueuse fraîchement installée à Angers. Non loin de sa table de travail, les œuvres originales d’artistes texanes et angevines sont disponibles à la vente. Dans les quatre pièces qui composent le lieu, les toiles de l’artiste Albulena ornent les murs blancs. Mais pas le temps de s’attarder, la première table ronde de l’après-midi va commencer.
Rafs en pleine action © Mathilde Saliou pour Cheek Magazine
Au programme: l’entrepreneuriat féminin dans la culture puis Babes Day vs Weforge (Ndlr: un incubateur de start-ups). L’audience qui se forme peu à peu compte aussi bien des vingtenaires à l’orée de leur vie professionnelle que des retraitées de l’association SOS Femmes Angers. Les discussions, elles, passent des freins qui existent au lancement à la possibilité de concilier entrepreneuriat et maternité. “On a beau prévenir contre le sexisme et les difficultés qui jalonnent la vie professionnelle, ce qu’il faut retenir, c’est: allez-y, tout est possible!”, lâche Marina Daviaud, attachée de presse musique, après un échange sur les murs auxquels sont confrontées les femmes lorsqu’elles cherchent des financements ou bien lorsqu’elles rencontrent des alter ego masculins qui préfèrent les croire secrétaires plutôt que cheffes d’entreprises.
Mathou, dessinatrice reconnue, admet peu après que les afterworks féminins lui passent un peu au-dessus de la tête: “Celles qui viennent s’enferment d’elles-mêmes dans des cases et finissent par échanger des recettes, c’est l’enfer”, rigole-t-elle lors de son intervention. La salle s’esclaffe avec elle, mais a du mal à s’accorder sur la nécessité d’une discrimination positive envers les femmes. Le débat prend, la discussion des intervenantes devient un ping-pong avec l’auditoire. “Mais qu’est-ce que le sexisme, finalement? lance Albulena, bravache. Est-ce qu’on parle de vraie différence entre les sexes ou de pure jalousie devant la réussite de l’autre?” L’injustice que constituent les inégalités de salaire à compétences égales semble quand même mettre tout le monde d’accord.
Marina Daviaud, Mathou et Véronique Clémot © Mathilde Saliou pour Cheek Magazine
Unanimité ou pas, Emmanuelle Gardan mène les débats et vérifie qu’artistes et invités disposent de ce dont ils ont besoin. La grande organisatrice du jour est contente: “Le public est au rendez-vous, les discussions fonctionnent bien, c’est encourageant!” À l’autre bout de la galerie, les flashs tattoos de Rafs font de vraies émules auprès du public texan. Quant à Mona, qui compte ouvrir un restaurant vegan d’ici un an, elle séduit l’assistance avec ses délicieux gâteaux. Au total, près d’une centaine de personnes sont venues profiter à cette première édition du Babes Day.
On a beau avoir échangé sur la misogynie et la frilosité de certains secteurs à embaucher des femmes, on ressort de cet après-midi sur une note optimiste: s’il y a l’envie, il n’y pas de raison que le projet n’aboutisse pas. Les obstacles qui peuvent se dresser sur le chemin? “C’est le lot de tout.e entrepreneur.e”, affirme Véronique Clémot, fondatrice de l’agence de production 3C. “Il y a peu de chance que quelqu’un dans cette salle sache exactement ce qu’il fera dans deux ans, continue Eva Robineau, fondatrice de l’agence Echos. Ça n’est pas grave, on avisera. C’est ce que l’on choisit en devenant entrepreneur.e!”
Elsa Cross et son violoniste, directement venus d’Austin, lancent maintenant des airs de country à travers la galerie en entamant un petit concert. Le temps s’étire le temps d’un afterwork ouvertement pensé pour la construction de son réseau. Puis sonne la jolie voix d’Océane, chanteuse angevine de Jumaï, avant que l’on ne s’échappe dans les rues de la capitale d’Anjou. Le Babes Day est terminé, mais des bars, s’échappent toujours des accords de musique texane.
Mathilde Saliou
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