Une PMA à l’étranger peut vite s’apparenter à un véritable parcours de la combattante. Avec Umaya, Audrey Page veut apporter de l’aide aux femmes qui se lancent dans cette procédure en les accompagnant concrètement et émotionnellement dans leurs démarches.
Si Audrey Page avait eu un outil comme Umaya à sa disposition durant son parcours PMA, elle l’aurait utilisé sans hésiter. Le sien a duré plusieurs années et si ce dernier s’est soldé par la naissance de sa petite fille en décembre 2019 -qu’elle a d’ailleurs raconté dans son livre Allers-retours pour un bébé (Éd. Albin Michel)-, il n’en a pas été moins difficile pour autant. Pour accompagner au mieux les femmes qui se lancent dans un parcours PMA à l’étranger, à défaut de pouvoir le faire en France, Audrey Page, 44 ans, a cofondé, avec la coach en fertilité Stéphanie Toulemonde, et Marie Hazet, à l’origine du compte Instagram @surlefiv, Umaya, “la première plateforme de fertilité ouverte à toutes les femmes qui les soutient émotionnellement, les oriente médicalement, les rassure financièrement”. Entretien.
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Pourquoi ce nom, Umaya?
C’est la réunion du nom de la déesse turque de la féminité, Umay, et celui de la déesse grecque de la fertilité, Maya.
Quels sont les services proposés par la plateforme?
Aujourd’hui, Umaya propose une téléconsultation qui permet d’orienter les femmes qui cherchent à entrer dans un parcours PMA, qu’il s’agisse d’une FIV, d’une FIV avec don de gamètes ou d’une vitrification d’ovocytes. Nous les mettons ensuite en relation avec des cliniques étrangères, espagnoles, portugaises ou tchèques, avec lesquelles nous avons négocié des tarifs préférentiels. Après la première visio, nous leur envoyons trois devis de trois cliniques différentes sans aucun frais cachés. On a bien décortiqué les coûts de chaque établissement donc il n’y pas de surprise sur la facture à la fin. Nous proposons aussi un accompagnement émotionnel qui est réalisé par des coachs certifiés francophones et une assurance qui permet en cas de trois échecs répétés un remboursement de l’ordre de 50 ou 100% des sommes engagées dans le parcours PMA choisi.
Umaya s’adresse-t-elle uniquement aux femmes?
Nous nous adressons à tout le monde mais dans 90% des cas, ce sont les femmes qui entreprennent les démarches. Y compris lorsque la cause d’infertilité est masculine. Nous le voyons lors des téléconsultations: lorsqu’il s’agit d’un couple hétérosexuel, la femme est seule à y assister et dans les couples lesbiens, les deux partenaires sont là.
Qu’est-ce qui fait le plus défaut aux femmes en parcours PMA en France?
C’est l’accès aux soins qui est de plus en plus difficile, à commencer par l’accès aux gynécologues et ensuite aux centres de PMA. C’est un désert médical aigu: il y a beaucoup de demandes et très peu de possibilités de rendez-vous, l’embouteillage est énorme. Et la PMA pour toutes, qu’évidemment nous soutenons, n’a fait qu’accroître cette difficulté. Et pour les candidat·es aux dons de gamètes, les délais d’attente sont très longs: il faut compter deux à trois ans dans les CECOS (Ndlr: Centres d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humain) pour un don d’ovocytes. La loi bioéthique interdit en effet à la France d’acheter des gamètes à l’étranger, d’où la pénurie.
Avez-vous eu beaucoup de demandes jusqu’à présent?
On a eu énormément de demandes depuis le lancement, plusieurs centaines en quelques semaines. Nous avons d’ailleurs une difficulté à les absorber toutes. Quand les femmes nous contactent, elles pensent savoir ce dont elles ont besoin mais il y a souvent une grande méconnaissance de leurs corps et des taux de réussite des différentes procédures. Par exemple, elles veulent le plus souvent une insémination artificielle mais lorsqu’on leur annonce le pourcentage de réussite, elles changent d’avis et optent pour la FIV. Il y a aussi celles qui veulent congeler leurs ovocytes mais qui ont 40 ans: les chances de réussite sont alors très faibles mais elles ne le savent pas. Elles sont aussi perdues et ne savent pas vers quel·le professionnel·le se tourner: leur médecin de ville, leur gynéco? Elles n’ont également aucune idée de ce que ça va leur coûter. Il y a encore un tabou sur le sujet: les gens touchés par l’infertilité en parlent peu, et ne communiquent pas sur la façon dont eux ont procédé.
Combien coûtent vos services?
On fait payer la première téléconsultation 30 euros et celle-ci est remboursable en totalité si la patiente souscrit à un parcours PMA dans l’une de nos cliniques partenaires. L’accompagnement émotionnel est facturé 80 euros de l’heure et 350 euros pour sept séances. Certaines mutuelles peuvent prendre en charge ces coûts. Et c’est assez vite rentabilisé car Umaya propose des réductions entre 5 et 8% sur les parcours PMA. Et le ticket moyen pour une FIV à l’étranger est de 8500 euros.
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