Pour la troisième année, la Région Île-de-France a voulu célébrer ces Franciliennes qui s’engagent et font bouger les lignes. Les trophées ellesdeFrance ont récompensé 4 femmes dans les domaines de l’innovation, de la création, de la solidarité ainsi que du courage et du dépassement de soi. Le prix Simone Veil, attribué par le public, met également à l’honneur une personnalité pour sa détermination et son dévouement à défendre une cause. Cette semaine, c’est de Saly Diop, fondatrice de l’association Imani ainsi que lauréate du prix du courage et du dépassement de soi, que nous avons choisi de vous parler.
Qui est-ce?
Le parcours de Saly Diop est celui d’une survivante. La Franco-Sénégalaise grandit à Meaux, en Seine-et-Marne, dans un foyer polygame. A 15 ans, elle refuse un mariage forcé. “Toutes mes cousines de la même origine que moi étaient mariées de force. C’était la norme pour nous, se souvient la quarantenaire. Mais j’ai toujours été un peu rebelle. J’avais aussi beaucoup d’ami·e·s à l’école qui venaient d’autres horizons et qui me disaient que je ne pouvais pas accepter cette union.”
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Deux ans plus tard, la jeune femme découvre, lors d’une relation intime, avoir été victime d’excision. Elle puisera la force de se reconstruire dans la compréhension. “Je me suis dit que si mes proches avaient fait ça, c’est parce qu’ils avaient été guidés par leur éducation et leur vécu. Dans ma culture d’origine, on excise pour que les filles soient intégrées, qu’elles trouvent un mari.”
Poussée par l’envie de dénoncer les inégalités et les violences envers les femmes, Saly Diop se rêve rappeuse ou avocate. Après un BTS en commerce international et un début de carrière dans l’évènementiel, c’est finalement vers la politique qu’elle s’oriente en devenant en 2014 maire adjointe à la jeunesse de la ville qui l’a vue grandir. Aujourd’hui vice-présidente à la Communauté d’agglomération du Pays de Meaux, l’engagée assure lutter à sa manière pour les femmes, les “premières victimes de la précarité”, en les aidant à se former et à trouver leur voie.
Pourquoi a-t-elle gagné un Trophée EllesdeFrance ?
“Je voulais aller sur le terrain et inciter les femmes à prendre en main leur destin.” Une envie d’action et de concret. Voici ce qui pousse Saly Diop à fonder en 2019 l’association Imani, consacrée à la valorisation les femmes exemplaires. Son objectif? “Rassembler dans une démarche positive des femmes volontaires, de tous âges, toutes origines, toutes couleurs, toutes religions, toutes professions, des femmes qui veulent accompagner vers une issue heureuse, vers un avenir meilleur, les femmes victimes dans le monde.”
Bien que le calendrier de l’association ait été bousculé par la crise Covid et par la naissance d’un premier enfant, les projets portés sont ambitieux et nombreux. Outre la mise en place d’interventions dans les établissements scolaires, Saly Diop et son équipe travaillent à la création d’une plateforme digitale dédiée au mentoring, à l’inspiration et à l’empowerment. Seront mis à disposition des témoignages de “role models”, des numéros d’urgence et toutes formes de ressources pour venir en aide aux victimes de violences sexistes et sexuelles. L’espace numérique permettra également de recenser les violences faites aux femmes ainsi que de suivre les progrès d’actions menées pour les éradiquer.
Déterminée, Saly Diop prévoit aussi d’ouvrir une structure pour accompagner psychologiquement et juridiquement les victimes. Le tout inspiré des épreuves qu’elle a traversées. “Tout est parti de comment j’ai vécu les choses, de la façon dont j’ai pu m’en sortir, raconte la présidente de l’association. Pour les victimes, il faut un accompagnement global. Au-delà de l’urgence, il est important de pouvoir les aider dans leur reconstruction sur le long terme.” Au-delà du courage et du dépassement de soi, pour lesquels la Francilienne a été récompensée, elle représente aussi selon Valérie Pécresse, qui lui a remis son Prix, une véritable “figure d’engagement et d’exemplarité”.
Margot Cherrid
Depuis trois ans, la région Île-de-France récompense des Franciliennes aux profils divers, engagés et inspirants à l’occasion des Trophées ellesdeFrance. La troisième cérémonie, organisée le 8 mars 2021 et marrainée par la journaliste Sonia Mabrouk, a permis de mettre en lumière et de promouvoir ces personnalités qui s’engagent pour une société plus juste et innovante.
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