On a lu ça pour vous.
“Rafale de balles. J’entends un sifflement dans mon oreille droite. Un gros acouphène. Je me rends compte que je saigne. Alors, je me tiens la tête pour éviter de salir l’ensemble de la salle -c’est vraiment ce que je me suis dit. La fille à côté de moi a dû être touchée par la même balle au bras, ou par la même rafale. Elle saigne beaucoup et a très peur. On se demande en murmurant comment ça va. Moi, touchée à la tête, je sais que je vais mourir comme dans les films. Alors, je fais comme dans les films: je murmure plusieurs fois mon nom et dis de dire à mes proches que je les aime. Et le silence reprend. On ne sait pas où ils sont. Où les ‘méchants’ sont. On ne bouge pas. Les portables commencent à sonner. Pourtant, on ne veut pas qu’ils sonnent. Car chaque sonnerie peut rappeler aux méchants qu’on est là et qu’ils veulent nous tuer.
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Je cherche ma pote dans la foule allongée, je cherche ses tatouages sur les cadavres pleins de sang. Je ne la vois pas. J’espère qu’elle est partie. Je croise le regard d’un garçon avec qui je discutais avant le concert. On se fait des checks mentaux. Ce type, j’ai croisé son regard quelques dizaines de fois, et il m’a tellement aidée. Il faisait son premier slam une heure avant. Un mec cool que j’aimerais tellement retrouver. Mon sac commence à vibrer. Je ne peux pas l’atteindre, mais de toute façon je n’aurais pas essayé. Je compte les vibrations. Il y en a onze. C’est un appel. Puis d’autres. Là, je sens de moins en moins que je vais mourir. Si j’arrive à compter les sonneries, c’est que mon cerveau fonctionne. Alors, je compte les sonneries en regardant le sol. Mon sac est devenu mon doudou, il me permet de ne pas voir ce qui se passe. D’être dans ma bulle où je compte les sonneries en ne pensant à rien d’autre.”
Louise se trouvait dans la fosse du Bataclan lorsque les terroristes sont arrivés ce vendredi 13 novembre 2015. Elle a été blessée au crâne par une rafale. La jeune femme publie sur le site de Libération ce témoignage incroyable, brut et parfois férocement drôle.
À lire le plus vite possible sur le site de Libération.
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