Puisque Karl Lagerfeld inspire le monde de la mode, nous avons décidé de soumettre nos créatrices favorites à ses mantras. Profonds, futiles, dingues ou drôles, les propos du Kaiser ne laissent personne indifférent. Cette semaine, Alix Thomsen, à la tête de la marque Thomsen, répond à l’interview “Karl vous parle”.
Après une année à étudier les arts plastiques, durant laquelle elle avoue s’être sentie “trop libre”, Alix Thomsen s’est essayée à un domaine plus précis, celui de la mode. Et elle a bien fait. C’est un stage de huit mois chez Ungaro qui finit par la convaincre. L’année suivante, elle s’inscrit au Studio Berçot et enchaîne les boulots de styliste dans les grandes maisons. Un temps assistante du designer Yvan Mispelaere, elle le suit ensuite chez Chloé, où il est nommé directeur artistique. Un an plus tard, la jeune femme se retrouve à la tête de la création d’une petite marque pour finir par rejoindre le styliste Christophe Lemaire, à l’époque chez Lacoste. Un CV bien rempli et des idées plein la tête, Alix Thomsen décide de lancer, à seulement 24 ans, sa marque éponyme.
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Thomsen est une maison où “les genres féminin et masculin ne sont pas vraiment définis”.
Dès le départ, la créatrice propose des collections pour femme et pour homme, qu’elle aime qualifier “d’unisexes”. C’est une maison où “les genres féminin et masculin ne sont pas vraiment définis”, dit-elle. À travers ses créations, la styliste tient à atténuer cette séparation préétablie entre les deux. Elle ne comprend pas “que l’homme se doive d’avoir un look viril sans poésie et sans imprimés” et estime que la femme n’est pas sexy avec une allure hyper féminisée mais le devient “quand elle affirme, à travers ses vêtements, quelque chose de fort intellectuellement”. Autour d’un café au bar de l’Hôtel du Temps, que la créatrice a décoré, nous l’avons soumise aux punchlines les plus farfelues de Karl Lagerfeld.
“Je trouve les tatouages horribles. C’est comme vivre dans une robe Pucci 24 heures sur 24.”
Je peux comprendre ce qui pousse les gens à vouloir inscrire un symbole sur leur corps, à travers lequel ils essayent de se définir. Personnellement, j’aurais du mal à m’enfermer dans un emblème tout en sachant que l’on passe notre vie à changer.
“Pensez rose, ne le portez pas!”
Je ne suis pas contre l’idée de porter du rose, je trouve ça très chouette et particulièrement s’il est associé à des couleurs plus sombres. De façon générale, je ne suis contre rien. Ce que j’aimerais surtout, c’est voir Karl en total look rose!
“Les pantalons de jogging sont un signe de défaite. Vous avez perdu le contrôle de votre vie, donc vous sortez en jogging.”
On va fatalement vers le confort et je pense que le jogging peut, potentiellement, devenir le costume de demain. Mais attention, qui dit jogging ne veut pas forcément dire cul qui pend!
“Si je pouvais être réincarné en un accessoire de mode, ce serait un shopping bag.”
Moi, ce serait en foulard. Il agrémente tout et n’importe quoi et de n’importe quelle manière. Que ce soit autour du cou, de la tête, de la taille… En plus, c’est un accessoire qui n’est jamais ringard.
“Il faut porter une fourrure comme un vulgaire tricot.”
Oui, il faut porter les vêtements avec nonchalance. Il faut que ça ait l’air d’être la chose la plus naturelle du monde.
“Le vêtement ne doit pas t’aller, c’est toi qui dois aller au vêtement.”
C’est la personne qui doit habiter le vêtement. Tu auras beau acheter une pièce très chère et très sophistiquée, si tu ne l’habites pas, tu auras l’air d’un porte-manteau.
“Je suis une sorte de nymphomane de la mode qui n’atteint jamais l’orgasme.”
Ça se voit, Karl Lagerfeld est complètement control freak et pas du tout dans la jouissance! Je ne me considère pas comme ça. La mode, je la vis de manière introvertie. Je ne regarde pas ce qui se passe autour, je connais peu de créateurs et pas vraiment les tendances, même si j’essaye bien évidemment de capter l’air du temps.
“Si vous me demandiez ce que j’aurais préféré inventer dans la mode, je vous répondrais la chemise blanche. Pour moi, une chemise, c’est la base de tout. Tout le reste passe après.”
Je dis exactement pareil. La chemise c’est la base de tout. J’ai commencé il y a cinq ans, avec seulement des chemises. Saisons après saisons, j’ai ajouté des pièces autour de ces dernières, comme la robe chemise ou le costume, jusqu’à avoir une collection entière. Mais elle reste, encore aujourd’hui, le point central qui structure mes collections.
“On n’est jamais trop habillé, ni pas assez habillé avec une petite robe noire.”
Moi, je me sens un peu bête dans une robe noire. Ce n’est pas la pièce par laquelle j’exprime le mieux ma féminité. J’ai l’impression de nier quelque chose et d’être un peu inexistante. J’en ai créé pour l’hiver mais j’ai rajouté plein d’accessoires colorés. J’ai besoin de la dérider, sinon je la trouve trop chiante!
Propos recueillis par Clémence Sigu
Diaporama
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