En lisant Jackie, une femme d’influence, on a découvert que la First Lady américaine avait aussi un côté obscur. On a voulu en savoir plus en interrogeant l’auteure de cette nouvelle biographie, Maud Guillaumin. Rencontre.
Comme toutes les icônes, Jackie Kennedy n’était pas exactement celle que l’on croyait. Dans la nouvelle biographie Jackie, une femme d’influence, la journaliste Maud Guillaumin dévoile en partie le côté sombre de celle qui fut l’épouse de John Kennedy puis d’Aristote Onassis, et dont on célèbre cette année les 20 ans de la disparition. Séductrice, cultivée, intransigeante et très secrète, l’ex-première dame américaine a su devenir un mythe en dissimulant ses excès et ses traumatismes. Au fil du récit de cette vie extraordinaire, une femme complexe se révèle à nous, généreuse, courageuse, mais aussi avec certaines facettes plus sombres. Maud Guillaumin nous parle de cette femme au destin exceptionnel.
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Il lui arrivait de dépenser 30 000 dollars par mois
“Pour comprendre Jackie Kennedy il faut s’intéresser à ses origines. Elle est née dans un milieu très favorisé mais, avec la crise de 29, son père perd quasiment toute sa fortune. Elle va grandir dans cette conscience du déclassement social. Lorsqu’elle ira faire ses études à Paris, elle ne se comportera pas du tout comme une princesse. Enfin, elle n’a jamais fait la vaisselle non plus! (Rires.) C’est quand elle commence à fréquenter JFK qu’elle se lâche et se met à dépenser de manière inconsidérée.
Avec Onassis, son second mari, elle gaspille de plus en plus. À cette période elle entre vraiment dans une phase de dépense maladive. Onassis lui donne 30000 dollars par mois. Pour tenter de limiter ses excès, il va ensuite lui ‘couper les vivres’ et ne lui donnera ‘plus que’ 20000 dollars. Ses détracteurs disent qu’elle aurait lancé des diamants du pont du Christina (Ndlr: le yacht de son second mari), ce qui va beaucoup l’affecter. On murmure aussi qu’elle aurait volé un briquet en or à un homme important, mais il y a une part de légende dans ces histoires-là.”
Elle n’hésitait pas à faire des confessions intimes
“Elle ne s’est jamais confiée ni à sa mère ni à sa sœur, c’est une femme très secrète depuis toujours. Elle aura des amies seulement bien plus tard dans sa vie. Avec les garçons, comme elle est toujours dans un rapport de séduction, elle s’entoure surtout d’homosexuels comme Truman Capote. Durant son premier mariage, Jackie Kennedy souffre des infidélités de JFK. Elle se dit que c’est de sa faute, qu’elle ne sait pas s’y prendre par rapport à Marilyn Monroe, dont on sait aujourd’hui qu’elle a été la maîtresse du président.
Elle est frustrée sexuellement avec JFK qui va ‘beaucoup trop vite’.
Tout bascule quand elle fait la rencontre d’un médecin, qu’elle consulte après s’être fait mal à la cheville. Jackie Kennedy va commencer à se confier à lui à propos des infidélités de son mari. Elle est frustrée sexuellement avec JFK qui va ‘beaucoup trop vite’; il lui explique alors comment imposer des préliminaires. Il lui parle aussi de l’anatomie féminine pour l’aider à mieux comprendre les mécanismes du plaisir. On devine à cette proximité soudaine qu’elle est très seule et qu’elle a besoin de se confier à quelqu’un pour la toute première fois.”
Elle était obsédée par son image
“La first lady pense qu’elle doit être parfaite sur tous les plans, car elle est à la fois femme et mère de famille, ce qui la rend terriblement maniaque. À la Maison Blanche elle exige qu’on change les draps plusieurs fois par jour car elle ne supporte pas la saleté. Et quand JFK se fait assassiner à Dallas, elle ne se change pas de la journée et garde son tailleur rose taché du sang de son mari: elle veut montrer au monde entier ce qu’on a fait à son mari, c’est très fort comme image!
Physiquement, Jackie n’était pas classique, elle n’avait pas la beauté des canons de son époque.
Suite à la mort de John Kennedy, le rapport à son image change. Jackie, si control freak auparavant, est alors photographiée en train de prendre un bain de minuit avec Aristote Onassis en tenue d’Eve. Dans un premier temps, elle est très vexée par cette histoire, mais elle enverra ensuite un poster dédicacé de cette photo à Andy Warhol, preuve qu’elle a aussi un bon sens de l’humour. Physiquement, Jackie n’était pas classique, sa beauté ne correspondait pas aux canons de l’époque. Elle a eu parfois recours à la chirurgie esthétique mais elle n’a pas non plus fini comme Sheila. (Rires.)”
Jackie Kennedy en Inde, mars 1962 © Cecil Stoughton / Flickr Creative Commons
D’abord First Lady rangée, elle finira par se lâcher
“C’était une femme fidèle, mais après la mort de JFK, elle a eu des aventures. Plusieurs témoins disent l’avoir vue avec son garde du corps, Clint Hill, dans un restaurant très chic. Ils seraient descendus tous les deux sous la table, avant de se bécoter devant tout le monde. Elle a également eu une très courte histoire avec Marlon Brando, qui la trouvait très sensuelle.
Je suis certaine qu’il s’est aussi passé quelque chose avec le frère de JFK, Robert. Il est allé dormir régulièrement chez Jackie après la mort du président Kennedy. À Cap Cod, une voisine dit les avoir vu s’embrasser, tandis qu’il lui glissait la main sous les vêtements. Plus tard, un témoin racontera avoir surpris Jackie en pleine nuit avec son second mari, Onassis, à bord d’une barque sur laquelle ils étaient en train de faire l’amour.
Une veuve ne couchait pas avec autant de mecs à son époque.
En fait, durant les années 60, elle a une vie un peu dévergondée, une veuve ne couchait pas avec autant de mecs à son époque. Mais elle a eu envie de s’amuser et quelques femmes ont été cocues après son passage. Bref, elle était plutôt détendue.”
Elle doit son surnom Jackie O à un livre érotique
“Lorsqu’elle se marie à Onassis, les journalistes la surnomment Jackie O, en référence au livre de Pauline Réage, Histoire d’O, paru en 1954 et qui raconte l’histoire d’une jeune femme devenue l’esclave sexuelle d’un homme. Bien sûr, ce sobriquet n’est pas très positif. À l’annonce de ce mariage, il y a d’ailleurs un racisme incroyable envers Onassis, “le métèque”, et Jackie Kennedy devient une traîtresse aux yeux de tous. C’était la veuve extraordinaire, on n’aurait pas voulu qu’elle se remarie, sauf avec un WASP. Elle a choisi le Grec parti de rien, désormais millionnaire, un peu louche: les mauvais mots vont bon train. La presse titre Jackie épouse un chèque en blanc! ou encore Comment osez-vous? Tout le monde se permet de se mêler de sa vie privée car c’est une femme.
Plus tard, dans les années 80, elle deviendra Granny O quand sa fille Caroline deviendra maman à son tour. Mais cette fois, c’est différent, c’est un surnom très tendre.”
Timide, élégante, sexy… Il y a eu trois Jackie
“Son meilleur ami Benno Graziani, journaliste à Paris Match, dit qu’il a d’abord connu Jacqueline Bouvier, une fille timide, assez quelconque et pas du tout sexy. Ensuite se révèle la first lady Jackie Kennedy. Enfin la femme super sexy et un peu bad girl des années 70: Jackie O. Ce sont trois personnes de caractère et de physique complétement différents, mais il y a tout de même une unité: une indépendance d’esprit malgré sa dépendance aux hommes.
Elle s’est battue pour la sauvegarde du patrimoine et contre la ségrégation des communautés noires: elle ne s’est pas complétement reniée.
Jackie Kennedy a voulu cette vie extraordinaire faite de paillettes, c’est pour ça qu’elle a épousé John Kennedy puis Aristote Onassis. L’argent l’a toujours fait rêver, comme une petite fille face à un prince. Mais dans ses lettres d’ado, elle disait ne pas vouloir être une femme au foyer, et c’est probablement pourquoi elle a été très active à la Maison Blanche. Elle s’est battue pour la sauvegarde du patrimoine et contre la ségrégation des communautés noires: elle ne s’est pas complétement reniée.
Attention, Jackie Kennedy n’avait pas que des qualités. Elle était très dure avec ses amis car elle ne pardonnait jamais, elle manquait de souplesse et de compassion. À coté de ça, elle a pardonné à son mari un truc incroyable: lorsqu’elle a perdu son premier enfant il n’est même pas rentré d’un voyage diplomatique pour la retrouver. Elle a immédiatement tourné la page. C’est terrible car ça reflète sa conception du couple, où la femme était en position d’infériorité.”
Jackie était une grande angoissée
“Jackie Kennedy est une grande anxieuse de nature, et quand JFK se met à faire régulièrement des piqûres pour soulager son mal de dos, elle se laisse tenter à son tour. À l’époque, on n’avait pas de recul, mais on sait maintenant que son cancer du système lymphatique (Ndlr: elle a été diagnostiquée en janvier 1994 et est décédée quelques mois plus tard) est dû à ces piqûres à base de stéroïdes.
Elle a énormément fumé tout au long de sa vie et avait tendance à boire quand ça n’allait pas.
De plus, elle a énormément fumé tout au long de sa vie et avait tendance à boire quand ça n’allait pas. Même son rapport au sport était addictif, elle en a fait à outrance à certaines périodes de sa vie. Globalement, elle était hyper maniaque sur son poids, et était capable d’arrêter complètement de manger. L’avocat d’Onassis dit même l’avoir vu se faire vomir.
À la fin de sa vie, elle était devenue hypocondriaque. Mais paradoxalement, quand elle a appris qu’elle était très malade, elle croyait dur comme fer à sa guérison et a subi tous ses traitements sans jamais se plaindre. Elle disait sans cesse ‘C’est super la chimio, je peux lire tout ce que je veux, je me détends’. Elle a vraiment fait preuve de courage dans la maladie.”
Propos recueillis par Louise des Ligneris
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