Pour ressusciter le Sofia communiste ou pour évoquer le deuil le plus intime qui soit, ces trois romanciers ont choisi de convoquer Bach, Chopin ou Wagner. La musique est-elle un langage universel?
1- Wunderkind
Nikolai Grozni
(Plon)
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Konstantin a 15 ans. Il boit (beaucoup), il fume (trop), il baise (désespérément) et surtout, il joue du piano. Comme personne. Dans le Sofia communiste de la fin des années 80, il joue comme il vit: avec la révolte de l’adolescence et le désespoir du génie étouffé par une société dédiée à la médiocrité. Percutantes, cisaillées par Nikolai Grozni, les phrases de ce roman résonnent en nous comme autant d’accords endiablés, essoufflés, enlevés. Une ode au génie et à la révolte.
2- Contrepoint
Anna Enquist
(Actes Sud)
Assise au piano qu’elle n’a pas touché depuis vingt ans, La Femme (c’est le nom du personnage), déchirée par la mort de sa fille, travaille les Variations Goldberg. Au rythme de la partition, elle remonte le fil de sa vie: des souvenirs tristes ou joyeux, toujours intimes. Deux lignes mélodiques -musique et souvenirs personnels- se superposent dans ce contrepoint troublant et émouvant. À lire avec Bach à fond dans les oreilles!
3- Le Temps où nous chantions
Richard Powers
(10/18)
Avec la musique comme unique idéal, la famille Strom vit à l’abri de la violence et de la laideur. Mais dans l’Amérique des années 50, sclérosée par le racisme, le drame n’est jamais loin, surtout pour les familles mixtes. Un après-midi, il frappe chez les Strom et précipite cette famille heureuse dans le tumulte de l’Histoire. Sur un demi-siècle d’histoire américaine, Richard Powers met en scène l’échec d’un idéal: celui de la rédemption par la musique. Un récit poignant, porté par une construction virtuose, mais jamais snob. N’est-ce pas ce qu’on attend d’un chef d’œuvre?
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