3 bonnes raisons d’aller voir Girls Only, une comédie beaucoup moins girly qu’elle en a l’air, avec Keira Knightley et Chloë Moretz.
À 30 ans, Megan voit ses amies s’installer et se marier quand elle peine encore à accepter ses responsabilités. Lorsque son petit ami la demande en mariage, elle prend la fuite et rencontre une adolescente de 16 ans, Annika. Elle se sent finalement plus proche de cette dernière que de ses amis et squatte chez la jeune fille en secret, le temps de découvrir ce qu’elle veut vraiment. 3 bonnes raisons d’aller voir cette comédie pas si girly.
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1- Pour son équipe féminine
Ces derniers temps, le caractère misogyne d’Hollywood est régulièrement pointé du doigt. En témoignent, par exemple, le Tumblr Shit People say to Women Directors, la vidéo d’Amy Schumer Last Fuckable Day ou celle, plus récente encore, dans laquelle Scarlett Johansson dénonce avec humour les clichés rattachés aux personnages féminins. Normal, puisque les chiffres font toujours trembler: ainsi, seulement 7% des réalisateurs des 250 films les plus bankables de 2014 étaient des réalisatrices. Dans ce contexte catastrophique, Girls Only fait figure d’heureuse exception, et on ne va pas se gêner pour le souligner.
Plus qu’un Malabar à la fraise, Girls Only fait penser à un mojito.
Les femmes y sont partout, devant comme derrière la caméra, et tiennent également le stylo. La réalisatrice, Lynn Shelton, a œuvré auparavant chez Mad Men et New Girl, quand la scénariste, Andrea Seigel, signe ici un premier script réussi. Et, contrairement à ce que l’affiche rose bonbon et le titre français pourraient laisser penser -en anglais, le film s’appelle Laggies, un terme difficilement traduisible-, cette équipe féminine n’a pas donné naissance à un film girly. Plus qu’un Malabar à la fraise, Girls Only fait penser à un mojito: classique, mais avec ce zeste de citron vert qui surprend au moment où l’on ne s’y attend pas.
© Version Originale / Condor
2- Pour son histoire intergénérationnelle
“20, 30 ans, quelle importance?”, questionne l’affiche. La réponse est: “Aucune”, évidemment. Un père de 40 ans qui adopte une tortue plutôt que de se chercher une nouvelle compagne (Sam Rockwell, qui incarne le papa d’Annika, alias Chloë Moretz), une trentenaire qui fuit ses responsabilités (Megan, alias Keira Knightley), une ado de seize ans qui, au contraire, se montre plutôt terre à terre (Chloë Moretz, donc): Girls Only démontre que les frontières entre les générations sont plus que jamais poreuses. Ces personnages, qui ne sont jamais stéréotypés par leur âge, mais agissent, chacun à leur manière, en fonction des problèmes qu’ils rencontrent, apportent au film une touche réaliste et un effet décomplexant.
Chloë Moretz, qui a déjà vécu beaucoup de vies depuis Kickass, se remet sans difficulté dans la peau d’une ado ordinaire en pleine mutation.
3- Pour voir Keira Knightley nourrir une tortue anorexique…
… Et plus généralement, voir d’excellents acteurs faire n’importe quoi avec beaucoup de génie. L’interprétation est en effet pour beaucoup dans la réussite du film. Keira Knightley, parfaite en trentenaire qui peine à trouver sa place dans un monde d’adultes, se glisse avec justesse dans le costume de Megan, sympathique girl next door aux antipodes de l’inaccessible Elizabeth Bennet, qu’elle incarnait dans Orgueil et préjugés. Chloë Moretz, qui a déjà vécu beaucoup de vies depuis Kickass, se remet sans difficulté dans la peau d’une ado ordinaire en pleine mutation. Sam Rockwell, enfin, seul vrai rôle masculin du film, campe un père divorcé dubitatif, qui ne sait pas trop comment gérer l’amitié de son unique progéniture avec une femme qui a presque son âge. Pour tous, standing ovation.
Roxane Grolleau
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