Vieilles connaissances de Xavier Veilhan, Chassol en juillet et Sébastien Tellier en novembre viendront expérimenter Studio Venezia. Avec chacun sa vision singulière du dispositif.
Christophe Chassol : “je ferai tout ce que j’aurais fait dans mon propre studio”
“Je connais Xavier depuis assez longtemps, donc je savais qu’il était en compétition pour le Pavillon avant d’entendre la bonne nouvelle. J’étais très heureux lorsqu’il a gagné, car je pense vraiment que c’est le moment propice pour lui. Il a commencé à m’en parler assez naturellement, au fil ne nos discussions. Comme nous avons déjà eu l’occasion de collaborer ensemble et que nous nous intéressons chacun au travail de l’autre depuis un moment, j’ai progressivement commencé à comprendre où il allait. Au cours du processus, il m’a présenté Brian Eno, et l’idée d’un Pavillon conçu comme un ready-made musical s’est précisée.
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“Cette fois, il y a du public à ce moment suspendu où la genèse d’un projet naît sans que l’on sache soi-même vraiment où ça va aller”
Lorsque Xavier m’a invité à y intervenir, c’était une invitation très ouverte. J’étais initialement parti sur plusieurs envies, dont celle de profiter de l’occasion pour monter quelque chose de collaboratif, une académie de musique ou une master class. Mais en réalité, la nature du projet est surtout d’être vraiment ce lieu où l’on vient, en tant que musicien, faire exactement ce que l’on fait d’ordinaire dans son studio. A ceci près que cette fois, il y a du public à ce moment suspendu où la genèse d’un projet naît sans que l’on sache soi-même vraiment où ça va aller. C’est donc ce que je vais faire : déplacer mes projets du moment au Studio Venezia, faire tout ce que j’aurais fait dans mon propre studio.
La seule inflexion au processus habituel, c’est que je vais prendre appui autant que possible sur la scène musicale vénitienne afin de tenir compte des spécificités du lieu. En ce moment, je suis en train de travailler à une pièce qui m’a été commandée par le musée d’Art contemporain de Montréal, où se tiendra en novembre une grande exposition consacrée à Leonard Cohen et son influence tant dans l’art que dans la musique. S’il y a bien sûr des musiciens dans l’exposition, j’y participe pour ma part plutôt aux côtés des plasticiens. A Venise, du 20 au 23 juillet, on me verra donc réaliser cette pièce, pour laquelle je vais faire appel à une chorale locale.”
Sébastien Tellier “la différence avec les studios normaux, c’est que c’est très beau”
“Avec Xavier, nous avons déjà eu l’occasion de beaucoup collaborer sur des vidéos et des spectacles – c’est même le parrain de mon fils, nous nous connaissons depuis très longtemps. Donc quand il m’a demandé de participer à Studio Venezia, j’ai bien évidemment dit oui. J’adore Xavier, et j’adore Venise, donc les deux ensemble, pour moi, c’était vraiment la grande fiesta. J’ai déjà regardé les vidéos live diffusées depuis le Pavillon pour savoir un peu comment était le studio, qui est un immense studio hyper-designé fait pour accueillir des musiciens dans les meilleures conditions pour y produire de la musique.
“J’ai choisi de prendre Mr. Oizo avec moi, faire venir Quentin Dupieux de Los Angeles et l’utiliser comme s’il était une boîte à rythmes humaine”
Mais évidemment, la différence avec les studios normaux, c’est déjà que c’est très beau, et qu’en plus le public peut se balader dedans pendant que les gens enregistrent. Tout ça m’a bien plu. J’avais déjà vu à son atelier à Paris des maquettes de ce qu’il comptait faire, que j’avais trouvées géniales. L’invitation est libre, on peut faire tout ce qu’on veut dans la musique du possible. J’aurais pu faire de la musique avec des éléphants ou n’importe, mais il fallait quand même que ça puisse être jouable. Comme j’avais le choix entre à peu près tous les instruments de musique, j’ai choisi de prendre Mr. Oizo avec moi, faire venir Quentin Dupieux de Los Angeles et l’utiliser comme s’il était une boîte à rythmes humaine. Et je pense qu’il m’utilisera aussi, d’ailleurs.
Je vais y aller début novembre, pour le dernier week-end de la Biennale de Venise – et j’en suis très content. D’abord parce que j’adore les adieux, ces moments sont toujours les plus forts en émotion. Et puis il y a aussi un côté déchéance à la fin, tout le monde est beaucoup plus détendu, veut rentrer à la maison, et il flotte comme une envie de tout casser. J’espère que Xavier nous laissera détruire le studio à la toute fin !”
viens voir les musiciens
Si Xavier Veilhan tient à ce que le Studio Venezia ne soit pas le réceptacle de stars de la musique, quelques figures en vue s’apprêtent, dans les semaines et les mois à venir, à tenter l’expérience de l’enregistrement sous le regard du public de la Biennale. Aux côtés de musiciens moins exposés au jeu du star system, ou d’instrumentistes venus du baroque et du classique, comme ceux de l’Académie de l’Opéra de Paris ou les étudiants du Conservatoire de Venise, plusieurs artistes de la scène electro ont répondu à l’appel de Veilhan : outre Sébastien Tellier et Christophe Chassol, le studio attend Philippe Zdar, Pedro Winter, Yuksek, Mr. Oizo, Chloé et Vassilena Serafimova, Nicolas Godin et Iracema Trevisan, mais aussi, dans d’autres styles, Arnaud Fleurent-Didier avec Dorothée de Koon, Flavien Berger et Infinite Bisous… La venue d’Eliane Radigue, immense figure de la musique expérimentale et minimaliste, spécialiste des sons continus, est également confirmée. D’autres grands noms de la musique, comme Brian Eno ou Cat Power, sont évoqués, et des prochaines collaborations se préparent dans le secret du studio de Venise…
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