Le dramaturge suisse signe un ouvrage passionnant pour décortiquer l’attirail théorique et éthique à l’œuvre dans ses spectacles.
Avec les spectacles de Milo Rau, deux préjugés tenaces liés à l’art théâtral explosent en vol. Son aspect élitiste, d’abord, son rapport biaisé avec le réel qu’il ne fait qu’imiter, ensuite.
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Fondateur de l’International Institute of Political Murder (IIPM) en 2007, une société de production pour le théâtre, le cinéma et la “plastique sociale”, Milo Rau dirige le NTGent, théâtre national de Gand, en Belgique, depuis 2018.
Un théâtre municipal qui répond à un manifeste en dix points, dont le premier affirme : “Il ne s’agit plus seulement de représenter le monde. Il s’agit de le changer. Le but n’est pas la représentation du réel, mais de rendre la représentation elle-même réelle.”
Eclairage sur la “théorie de l’action”
Ancien élève en sociologie auprès de Pierre Bourdieu, Milo Rau réunit dans Vers un réalisme global trois conférences données à Sarrebruck, en Allemagne, en 2017, qui retracent dix ans de création de l’IIPM et trois conversations avec le philosophe Rolf Bossart, le sociologue Harald Welzer et la critique de théâtre Dorothea Marcus.
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L’ensemble est passionnant et donne un éclairage solide à cette “théorie de l’action” qu’il développe dans son théâtre, où “l’observation, le récit, et justement la représentation deviennent eux-mêmes le sujet ».
Ses spectacles s’adressent à chacun pour remplacer le défaitisme ambiant
Joués par des acteurs professionnels et non professionnels, des témoins de la violence politique, voire, dans la série des Procès, des membres de la société civile et du système judiciaire, ses spectacles s’adressent à chacun pour remplacer le défaitisme ambiant par la mise en œuvre de “nouvelles institutions utopiques qui prendront la relève à l’effondrement des institutions actuelles”. Nécessaire et réjouissant…
Vers un réalisme global de Milo Rau (L’Arche), traduit de l’allemand par Sophie Andrée Fusek, 192 p., 18 €
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