Troublantes, les sculptures-installations de Benoît-Marie Moriceau interrogent les notions de temps et d’espace.
Benoît-Marie Moriceau construit des châteaux en Espagne, ou plus précisément en Bretagne. Ce n’est pas que ses projets soient impossibles, mais leur réussite n’est pas suspendue à leur réalisation. Zone tampon entre la projection et le projet, la maquette peut être une fin en soi, comme le démontre son exposition aux Champs Libres à Rennes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
A l’invitation du centre d’art 40mcube, l’artiste a imaginé un geste qui condense les temporalités. Projets achevés, en cours ou jamais réalisés dialoguent à armes égales, flottant au sein d’un dispositif de boîtes noires. On reconnaît la maison noire de son intervention Psycho en 2007, lorsqu’il repeignait intégralement la bâtisse qui abritait alors 40mcube.
Et l’on croit être atteint d’hallucinations à la vue des colonnades de son projet conçu pour le pavillon français de la Biennale de Venise 2015, qui se mettent soudain à se dédoubler à l’infini sous nos yeux. C’est d’ailleurs tout l’espace qui est soumis au geste de mise en apesanteur, puisque les murs de la salle d’exposition ont eux-mêmes été repeints aux couleurs d’un coucher de soleil version gradient Photoshop.
Comme le chat de Schrödinger balloté dans sa boîte, des univers incommensurables et pourtant imbriqués se superposent en millefeuille. Le retour au principe de réalité se fait tout en haut depuis la bibliothèque, où l’on contemple, enfin apaisé, le panorama. Avant d’apercevoir une première lumière clignotant dans le lointain, puis une autre, et enfin une troisième, jusqu’à former comme une conjuration. La ville semblant alors nous jouer, en même temps qu’un tour, les fugaces notes de lumière d’une partition secrète. Ingrid Luquet-Gad
The Relative Size of Things and the Vertigo of the Infinite Jusqu’au 4 novembre, Les Champs Libres, Rennes – Commissariat 40mcube – Production Les Champs Libres
{"type":"Banniere-Basse"}