A la demande de sa mère défunte, l’iconoclaste Pippo Delbono revisite en poète quelques épisodes du Nouveau Testament et invente une revue musicale aussi joyeuse qu’inspirée.
C’est à travers le cérémonial d’un jeu de chaises musicales ouvrant sur un lied de Schumann et se poursuivant avec Don Giovanni de Mozart que Pippo Delbono et sa troupe composée de quatorze comédiens nous rappellent l’éphémère de notre présence sur Terre.
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Hommage à une chère disparue, Vangelo est l’ultime cadeau d’un fils à une mère. Lui a été scout et enfant de chœur. Elle avait toujours regretté de l’avoir vu déserter les églises à l’adolescence. C’est sur son lit de mort qu’elle lui a passé commande de ce spectacle dédié aux Evangiles. Rien n’est impossible quand il s’agit de contenter les dernières volontés d’une mère. Celui qui ne croit pas en Dieu a relevé le gant d’un retour à la glose de ces Saintes Ecritures qui ont bercé son enfance.
Avec une touchante pudeur, Pippo Delbono choisit de commencer par demeurer caché dans la pénombre de la salle. Au départ, c’est la mélodie rauque de sa voix qui est notre guide et vient se superposer au lyrisme débridé de son théâtre d’images à la manière d’un commentaire.
une joyeuse danse macabre
De la trahison de Judas à la parabole de la femme adultère, Pippo Delbono connaît ses classiques sur le bout des doigts et les représente sur scène avec ses comédiens comme ces mystères qui se jouaient au Moyen Age sur les parvis des églises. Ne résistant plus à l’appel du plateau, le voici qui se lance micro à la main sous la lumière des projecteurs.
https://www.youtube.com/watch?v=JoHEZsSJSeQ
Il lui suffit d’enfiler une veste blanche ou rouge sur son T-shirt noir pour entrer dans la ronde d’une joyeuse danse macabre qu’il revendique comme un chemin de vie. Mais, comme on ne se refait pas, c’est très vite l’occasion pour lui de rappeler qu’avec les Rolling Stones et Sympathy for the Devil, l’attractivité des manigances du diable a définitivement conquis son cœur sans risque de marche arrière.
le respect de l’humain comme seule véritable religion
Le seul Sauveur trouvant finalement grâce à ses yeux étant celui de pacotille inventé sur Broadway à l’époque du flower power des hippies dans l’opéra rock Jesus Christ Superstar.
Dans ce monde où règne l’injustice, l’innocence grandiose de la famille qu’il s’est choisie avec l’iconique Bobò et le touchant Gianluca Ballarè vaut bien autant que cette sainte Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, qui fonctionne sur la peur du plaisir et la culpabilité d’un péché prétendument originel.
Evoquant la question des réfugiés qui périssent chaque jour en tentant de traverser la Méditerranée, le film qu’il rapporte du centre d’accueil Piam d’Asti est alors d’une dignité sans pareille. Un profond respect pour l’humain est la seule véritable religion dont se réclame Pippo Delbono et ce spectacle en forme de plaidoyer pro domo a la valeur du plus généreux des catéchismes.
Vangelo de et avec Pippo Delbono, en italien surtitré en français, jusqu’au 21 janvier au Théâtre du Rond-Point, Paris VIIIe. En tournée jusqu’au 18 mars
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