Voyage d’hiver invite au dialogue entre des œuvres contemporaines et les bosquets et jardins du château de Versailles.
Si l’incrustation de l’art contemporain au cœur du château de Versailles a pu, au cours des dix dernières années, déranger les spectateurs rétifs à l’exercice d’un dialogue inattendu, Voyage d’hiver propose en cette fin d’année une tonalité plus douce et discrète, ajustée à la clarté disparue.
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Moins scandaleuse, voire moins spectaculaire ou tape-à-l’œil que de précédentes éditions (Jeff Koons, Anish Kapoor…), cette dixième exposition d’art contemporain, collective cette fois-ci (dix-sept artistes), joue sur des ressorts à la fois délicats, feutrés et disséminés. De cette association entre les esthétiques du Grand Siècle et du XXIe découle l’impression d’une fusion, comme si l’académique n’empêchait en rien le contemporain de l’approcher, et le contemporain de lâcher ce qui le précède.
Révéler ou renouveler le génie du lieu
C’est dans les bosquets du château, plus grand musée au monde de la statuaire en plein air, que Jean de Loisy, Yoann Gourmel et Rebecca Lamarche-Vadel du Palais de Tokyo ont, avec Alfred Pacquement, organisé une “promenade poétique”, en invitant les artistes à jouer avec les significations mythologiques propres à chaque enclos.
Les dialogues des œuvres avec les statues qui entourent les bassins, plus ou moins imposants, et avec les arbres, plus ou moins présents, prennent des formes multiples dont la seule commune mesure est l’effort de chaque artiste pour révéler, sinon renouveler, le génie du lieu.
Par la sculpture (Marguerite Humeau, Mark Manders, Ugo Rondinone, Anita Molinero…), par le drapé (Sheila Hicks), par la poésie visuelle, gravée sur la roche (John Giorno, dans le bosquet des Bains d’Apollon), par la présence discrète de petits tableaux suspendus dans les arbres (Louise Sartor dans l’Allée du Labyrinthe), par l’installation sonore (Oliver Beer, Dominique Petitgrand).
Mais aussi par le jeu sculptural avec les matières organiques, oxydées (sublime jeu de réactions chimiques par Hicham Berrada dans le bosquet des Dômes), ou glacées (Stéphane Thidet et son hallucinant Bruit blanc, reconstitution d’une salle de bal à partir d’éléments réfrigérés), Voyage d’hiver est plein de tableaux saisissants, oscillant entre “la gloire de l’automne” et “la minéralisation éclatante de l’hiver”.
Une flânerie poétique signée Versailles-Tokyo
Le plaisir de la flânerie solitaire procède d’un subtil travail collectif, mené par l’équipe du Palais de Tokyo avec des artistes complices. Aucune œuvre n’en occulte une autre. Le principe de l’errance nourrit la ferveur d’une expérience sans cesse renouvelée par la surprise d’un geste, d’un son, d’un drapé, d’une couleur.
De la puissance des sons ambiants captés par Oliver Beer dans le bosquet de la Girandole à la légèreté de la structure aérienne de Tomás Saraceno dans le Jardin du Roi, les bosquets des jardins de Versailles abritent les éclats les plus vifs de la scène artistique contemporaine. Versailles-Tokyo : un voyage vivifiant comme l’hiver, stimulant comme la rencontre réinventée du présent de l’art avec son histoire.
Voyage d’hiver Jusqu’au 7 janvier 2018, jardins du château de Versailles
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