Aujourd’hui, dans notre pays, le dessin bénéficie d’une incontestable surexposition. Analyse.
Avec ses trois foires qui se tiennent à la fin de la semaine (Drawing Now Paris, DDessin et le Salon du dessin), ses deux ou trois revues dédiées à sa cause (Roven, The Drawer…), avec, encore, une nuée d’expositions en galerie ou en centre d’art, sans oublier la Donation Florence et Daniel Guerlain, fort bien pourvue, avec, enfin un colloque au Frac Haute-Normandie, le dessin est en France le médium à la page. A part la photographie, on ne voit guère d’autres pratiques susciter aujourd’hui autant d’énergie et d’intérêt.
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Pourquoi le dessin ? D’abord parce qu’il a longtemps attendu son tour : considéré comme un simple préalable à l’œuvre, il n’en était pas une. Esquisse, il vivait dans les limbes de la création, et s’y trouvant bien, n’était jamais tout à fait fini. Le dessin a toujours ce goût d’inachevé, mais on ne lui en veut plus et les chercheurs trouvent dans ce médium négligé un territoire théorique vierge où toutes les hypothèses sont bonnes à planter. Par ailleurs, le dessin, c’est à la portée de bourses certes bien garnies, mais pas pleines à craquer non plus. Moins cher qu’une peinture ou une sculpture, il est néanmoins plus précieux qu’un multiple parce qu’il est unique. En France, où le marché de l’art n’est pas si peuplé et se limite à quelques gros acheteurs assidus pour beaucoup de petits collectionneurs occasionnels, le dessin proposerait ainsi un bon rapport qualité-prix, qui échappe à la spéculation.
Longtemps, le dessin se vendait par gros paquets de feuilles jaunies, ni signées ni attribuées : pas idéal pour établir la valeur de ces choses et seuls des passionnés s’y risquaient. Aujourd’hui, quand il monopolise l’attention, c’est aussi comme un fétiche et non comme une marchandise. Il garde en lui peut-être quelque chose d’un peu secret, d’un peu charnel et intellectuel.
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