Si l’institution parisienne propose des chefs-d’œuvre monumentaux, elle délaisse la pensée de l’exposition au profit d’arrêts sur image juxtaposés.
La Bourse de Commerce – Pinault Collection ouvrait en mai 2021. Après l’événement de l’inauguration vient désormais la décantation des usages. À la Bourse, le centre névralgique, ce sont les œuvres. Il n’en va pas tant de leur accès, empreint de proximité physique, ni même de leur provenance, elles sont issues de la collection d’un seul. Plutôt de ce constat : l’œuvre y règne seule, emblématique, magistrale ou monumentale, et même, elle suffit à faire exposition.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Plus concrètement, une installation ou une vidéo sera annoncée pareillement à une proposition monographique ou thématique – il en est de même à Luma Arles.
Le mode de vision élu est le gros plan, tel un arrêt sur image ou un exercice d’admiration. En soi, le parti pris pourrait être valable, à condition d’être clairement distingué des expositions du musée. À lui reviendrait, dans le meilleur des mondes, la mission parallèle de recontextualisation historique, thématique ou discursive. L’exemple éclatant était fourni, au printemps, avec la double présentation du sculpteur Charles Ray à la fois au Centre Pompidou et à la Bourse de Commerce.
Si l’on dit souvent que le sens jaillit de la rencontre, ici, il n’y en a pas : les ballons flottent, les apparitions hantent, les spectateurs et spectatrices dérivent
Le cycle Une seconde d’éternité qui s’est ouvert cet été peut être lu, par sa thématique, comme également accordé à ce principe. Ainsi son fil rouge est-il le temps, un temps anhistorique, ductile et réversible, qui réunit une vingtaine d’artistes dans la rotonde, où s’insèrent déjà un dialogue entre Felix Gonzalez-Torres et Roni Horn et une nouvelle installation de Philippe Parreno, avec Tino Sehgal, Nicolas Becker et Arca.
Si l’on dit souvent que le sens jaillit de la rencontre, ici, il n’y en a pas : les ballons flottent, les apparitions hantent, les spectateurs et spectatrices dérivent. Le temps exploré serait à l’instar du “présent monstre” diagnostiqué par l’historien François Hartog, où le politique sombre dans l’abîme ouaté d’une éternité bleutée.
Une seconde d’éternité jusqu’au 2 janvier ;
Felix Gonzalez-Torres – Roni Horn et Écho2 de Philippe Parreno, carte blanche avec Arca, Nicolas Becker et Tino Sehgal, jusqu’au 26 septembre, Bourse de Commerce – Pinault Collection, Paris.
{"type":"Banniere-Basse"}