Chaque semaine, le meilleur des expos et rencontres art contemporain, à Paris et en province.
Judith Deschamps, Metamorphosis #2, 2016
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Judith Deschamps “Ne plus être dans vos regards, c’est disparaître »
Judith Deschamps est multiple. Du moins, c’est ainsi qu’elle se présentait en juin dernier au Nouveau Festival du Centre Pompidou. On pouvait croiser une Judith Deschamps (officiellement née en 1986) de 1995, de 2015, de 2035, de 2065. Au salon de Montrouge de 2014, elle présentait une rétrospective de son travail (fictif) commencé dans les années 1970. Et récemment, elle présentait son avatar en 3D à la Fondation Ricard. Judith Deschamps façonne ainsi son identité comme son œuvre, ou inversement. Appropriationiste, scénariste et comédienne, elle trouve et prend sa place autant dans les photographies de Cindy Sherman que dans son imaginaire. Pour son exposition à Main d’œuvre elle remet en scène son œuvre. De quoi se perdre dans une réflexion sur l’identité.
Jusqu’au 19 juin à Mains d’œuvres à Saint-Ouen
Francesca Woodman, From Space2, Providence, Rhode Island,1976 © George and Betty Woodman
Francesca Woodman “On Being an Angel »
La Fondation Henri Cartier-Bresson expose l’œuvre photographique de Francesca Woodman. C’est la rétrospective d’une œuvre précoce – l’artiste s’est suicidée en 1981 à l’âge de 22 ans – lyrique et hallucinée. Le titre, On Being an Angel, souligne l’importance de la figure de l’ange que la photographe adopte pour se mettre en scène. Lys, cygnes, serpents, anguilles, troncs de bouleaux et ailes d’ange sont les motifs et archétypes qu’elle associe à la féminité. Élève de Aaron Siskind, influencée par les surréalistes, elle superpose les images et utilise les murs de maisons décrépites et le médium de la photographie pour se construire une seconde peau et habiter un corps. On songe à sa photographie From Space².
Jusqu’au 31 juillet à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris
Untitled (head shoulder), 2015. Courtesy galerie Zeno X, Anvers, Photo : Peter Cox. © Johannes Kahrs / ADAGP, Paris, 2016
Johannes Kahrs “Then, maybe, the explosion of a star »
Les images de Johannes Kahrs sont troubles au sens propre comme figuré. L’effet vaporeux du sfumato recouvre toutes ses peintures aux sujets tourmentés. Dernièrement aperçu à la biennale de Lyon, l’artiste expose actuellement en solo au Plateau. S’il peint autant des natures mortes et des paysages – que l’on découvre dans cette exposition commissionée par Xavier Franceschi – Johannes Kahrs est plus connu pour ses reprises d’images des médias telles que les photographies de stars en pleine déchéance. Cadrés serrés et isolés de tout contexte, les corps sont flottants et figés dans des expressions de malaise, d’effroi ou d’extase. Ces instantanés à la violence palpable semblent avoir les propriétés du magnétisme : elles ont le paradoxe de pouvoir tour à tour nous attirer et nous donner l’envie de faire marche arrière.
Jusqu’au 24 juillet au Plateau – Frac Île-de-France à Paris
Boris Achour, What Part Of Yes Don’t You Understand?, engraved baseball bat, 2016. Courtesy Galerie Allen, Paris
Boris Achour “12XU”
12XU, plus qu’une multiplication, Boris Achour nous propose un rébus à la Galerie Allen. Pas de solution à ce titre énigmatique, 12XU est repris à la chanson du groupe punk Wire – un clin d’œil à la subversion de la jeunesse. L’énigme se poursuit dans des « objets-fictions ». Boris Achour détourne entre autres ce qu’on attend des mots associés à certaines images ou objets. Dans What Part Of Yes Don’t You Understand ?, il remplace le tant entendu non par oui. Un oui qui revient tel un refrain, après le titre de la première exposition personnelle de l’artiste, Oui. Chose absurde, ici l’approbation formulée de ces trois lettres prends des allures de menace : la phrase « What Part Of Yes Don’t You Understand ? » est gravée sur une batte de baseball prête à être brandie par n’importe qui – ou l’artiste ? Une réponse à Bruce Nauman, prôneur d’ »un art qui agirait comme un coup de batte de baseball en pleine face. »
Jusqu’au 23 juillet à la Galerie Allen à Paris
Sinister de Scott Derrickson (2012) / Wild Bunch
Conférence de Tristan Garcia sur l’intensité, “impasse éthique de la modernité”
L’écrivain et philosophe Tristan Garcia donne une conférence à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Il parlera d’intensité, ou plutôt, de la recherche éperdue de l’intensité, sujet de son dernier essai La vie intense. Une obsession moderne. “L’intensification du monde, l’intensification de notre vie. Voilà la grande idée moderne”, résume l’auteur. Une modernité qu’il situe à l’invention de l’électricité, au XVIIIe siècle. Idéal ordinaire, l’intensité, l’exigence de « vivre à fond« est devenue une norme sociale. L’essai de Tristan Garcia appelle à la résistance face au cercle vicieux que génère cet impératif : “Plus on est intensément, moins on parvient à l’être : c’est l’impasse éthique de la modernité.” Dans le contexte des arts, on ne peut s’empêcher de penser au concept de l’esthétique camp théorisé par Susan Sontag. La question de l’intensité peut s’ouvrir de bien des manières sur celle de la création.
Jeudi 12 mai à 17h à l’ENSBA de Paris
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