Chaque semaine, le meilleur des expos art contemporain, à Paris et en province.
Luc Tuymans
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Les derniers échos en date à nous être parvenus de Luc Tuymans, peu montré en France ces dernières années, sont ceux de son tumultueux procès. Accusé d’avoir plagié le cliché d’une photojournaliste d’un politicien populiste belge, sans visée artistique donc, dont il avait repris la composition dans l’une de ses peintures. Outre la crispation autour des droits d’auteur qui sévit actuellement dans les milieux de la culture tous azimuts, à l’heure de la circulation débridée des images, l’affaire était synonyme de la position forcément toujours un peu paradoxale qui est celle du peintre aujourd’hui. L’oeuvre de Luc Tuymans, né en 1956, l’un des peintres belges vivants les plus importants, est au carrefour de ses mutations. S’il se dit influencé par les grands maîtres consacrés de histoire de la peinture – Brueghel, Jan van Eyck, Greco mais aussi Mondrian ou Gerhard Richter – il a un temps arrêté de peintre pour se consacrer à la vidéo, au milieu des années 1980, en Super 8, en 16mm et en 35mm. De la rencontre entre les deux registres d’images naîtront ses œuvres les plus marquantes, et la période charnière de la décennie 90. Aujourd’hui, sa peinture intègre la politique et les médias de masse, au point que l’on en parle souvent comme de « peinture d’histoire » et de « presque journalisme« . Montrant alors combien la peinture est loin d’avoir dit son dernier mot.
« Prémonitions » de Luc Tuymans, jusqu’au 8 janvier au LAM à Villeneuve d’Asq
18e Prix Fondation d’Entreprise Ricard
Du côté du monde de l’art, la rentrée se fait sous le signe du Ricard. La boisson éventuellement, mais surtout le Prix du même nom. Véritable rituel déclarant ouvertes la saison, dont l’effervescence ira croisant jusqu’à son acmé fin septembre avec la semaine de la FIAC, le Prix Ricard charge chaque année un curateur d’inviter une poignée d’artistes à participer à l’exposition annuelle, au terme de laquelle sera désigné un lauréat – l’an passé, le duo niçois Florian Pugnaire et David Raffini. La dix-huitième édition a été placée entre les mains de l’artiste Isabelle Cornaro, confirmant au passage la tendance qui a vu cette année les artistes débouler dans l’ancien précarré des curateurs (on en a beaucoup parlé cet été, lorsque l’artiste Christian Zankowski a pris les rennes de l’édition 2016 de la biennale Manifesta à Zurich). Cette année, huit artistes dévoileront leurs œuvres au public lors du vernissage public lundi soir : Anne Imhof, Clarisse Hahn, Clément Cogitore, Julien Crépieux, Louise Sartor, Marie Voignier, Mélanie Matranga et Will Benedict. Aussi autotélique que cryptique, le titre, « Paris », ne nous éclaire pas vraiment sur la teneur de la chose. Mais l’on sait d’ores et déjà que ce sera comme chaque année l’occasion d’aller scruter sur le motif la création actuelle, tenter d’y déchiffrer l’air du temps et de deviner les directions de l’année à venir.
18e Prix Fondation d’Entreprise Ricard, du 5 septembre au 29 octobre à la Fondation Ricard à Paris
« Dress Codes »
Au centre d’art pluridisciplinaire Main d’Oeuvres à Saint-Ouen, auto-intitulé « lieu pour l’imagination artistique et citoyenne« , sept jeunes artistes, basés entre Paris et Montréal (Johanna Benaïnous & Elsa Parra, Sorel Cohen, Nadège Grebmeier Forget, Myriam Jacob-Allard, Dayna McLeod, Justine Pluvinage, Kim Waldron ), explorent ce qui se passe vraiment quand on tape la pose devant l’objectif. Enfants prodigues de Cindy Sherman, biberonnés à la culture web, leurs œuvres, présentées dans le cadre de l’expo « Dress Codes », détournent, travestissent et parodient les clichés liés à la représentation de soi. Et tentent ce faisant de détricoter les codes, ceux du dress code donc, mais aussi plus fondamentalement du genre, de la classe sociale ou du groupe.
« Dress Codes », jusqu’au 9 octobre à Mains d’Oeuvres à Saint-Ouen
The Guerilla Girls et La Barbe
Deux générations et deux collectifs nous font aussi entrevoir, cette rentrée, que si le monde de l’art fonctionne souvent comme mécanique bien huilée, avec ses rituels de rentrée, ses visages familiers et son calendrier rythmé d’apéro-vernissages, il n’en reste pas moins marqué par les même clivages que la société ordinaire. Parlons sexisme, donc, avec la double invitation faite aux Guerilla Girls et à la Barbe à la galerie parisienne Mfc Michèle Didier. Les premières fondent leur collectif en 1985 après avoir constaté que parmi les 169 artistes de l’exposition « An International Survey of Recent Painting and Sculpture » du Museum of Modern Art de New York, les artistes femmes et issus de minorités se comptaient sur les doigts de la main. Depuis, elles créent posters, tracts et banderoles pour interpeller le public d’expositions des discriminations véhiculées par les institutions artistiques. Souvent collectif et public, elles invitent à intervenir avec elles le collectif hexagonal La Barbe. Le vendredi 9 septembre, une journée de colloque les verra dialoguer, rejointe notamment par les Femen.
The Guerilla Girls et La Barbe, du 8 septembre au 12 novembre à la galerie Mfc Michèle Didier à Paris. Colloque : le vendredi 9 septembre, de 14h à 18h à la Maison des Auteurs à Paris.
Marcel Devillers
En guise de pendant au mastodonte Luc Tuymans, la très jeune peinture s’expose à la galerie Triple V. A peine diplômé des Beaux-Arts de Paris, Marcel Devillers signe à 25 ans sa première expo solo, où il présentera des toiles nées de la rencontre fortuite entre la tradition picturale abstraite américaine et la beauté criarde mais capiteuse du quotidien – quotidien qui, rajouterait-on, se vit la nuit. « Il y a l’idée d’injecter du contenu libidineux et corrompu dans le vocabulaire moderniste comme le monochrome ou la grille en utilisant des éléments triviaux : du scotch de scène, des câbles électriques, des pantalons en cuirs, des visages de stars et des couleurs à la limite du bon goût« , raconte l’artiste, peintre avant tout, mais passé par la danse et la poésie, à propos de son univers qui fait rimer érudit et sexy.
Marcel Devillers, du 8 septembre au 24 septembre et du 18 octobre au 5 novembre à la galerie Triple V à Paris
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