Il investit la Cigale de Paris avec Bon chienchien, son spectacle sans doute le plus personnel
On se souvient d’avoir croisé la route de Thomas VDB au début des années 2000, lorsqu’en confrère critique rock il nous accompagnait à Londres, par exemple, pour interviewer Arcade Fire et en faire un papier cool dans Rock’n’Folk, qui nous rendait un peu jaloux.
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Il y avait ça, et il y avait surtout l’après boulot, où le même Thomas VDB nous faisait pleurer de rire en nous racontant ses moments les plus gênants, ou, un peu plus tard dans la soirée (et souvent un peu plus “loin”), essayait de nous convaincre avec une mauvaise foi incroyable et une énergie dingue que Queen était le meilleur groupe du monde – en nous arrosant de faces B de singles téléchargées illégalement sur son ordi ouvert au milieu de sa chambre d’hôtel.
Thomas VDB aime Queen, mais à son crédit c’est aussi le plus grand fan mondial des Sparks mais aussi de Spoon, l’honnêteté nous oblige à le préciser.
Dix ans plus tard, c’est toujours avec le même plaisir que l’on croise la route du gars VDB, où que l’on se déplace dans les salles où il donne ses spectacles, parce que le mec on vous le dit n’a pas bougé d’un pouce – et des comme ça, on les compte sur les doigts de la main de Maurice Herzog – des mecs, pas des pouces donc.
Un pull de ski comme on en n’avait pas vu depuis décembre 1983
On l’avait laissé voilà quelques lustres avec un précédent one-man qui portait purement et simplement le meilleur titre jamais trouvé pour un seul en scène – Thomas VDB chante Daft Punk, respect –, et depuis quelques mois, c’est avec Bon Chienchien,qu’on le retrouve avec l’œil torve à souhait et le cheveux toujours un peu fou (spectacle qu’il jouera à la Cigale le 8 décembre prochain à 16 h 30 et 20 h 30 pour une double perf inratable).
A quelques heures de passer sur l’antenne de France Inter pour le Par Jupiter de Charline Vanhoebacker, Alex Vizorek et Guillaume Meurice, où il se rend chaque semaine, on le retrouve aux Ondes près de la Maison de la Radio, où il porte un pull de ski comme on en n’avait pas vu depuis un week-end dans les Vosges en décembre 1983.
Le garçon est ouvert à la discussion, et répond avec une grande honnêteté aux questions qu’on lui pose, notamment au sujet de ce personnage qui traverse Bon Chienchien et qui – on en a l’impression – et assez proche de lui. “En effet, le seul truc dont je suis sûr, c’est que mon perso de stand-up n’a jamais été aussi semblable à ce que je peux être dans la vraie vie. Avant je faisais des conférences un peu rigolotes sur le rock ou la musique, et là c’est beaucoup plus proche de ce qu’est d’ailleurs le propos du stand-up en général : raconter sa propre vie.”
Un mix de paternité, de djihad, de vinyles et de chienchien
Pour ce nouveau spectacle (“mon sixième si on compte ceux de rue”, dit-il) c’est effectivement le VDB stoner qu’on aime tant, sorte de Seth Rogen à la française, qui se trimballe sous nos yeux. Il est question de paternité, de djihad, de vinyles, de chienchien bien entendu, et tout cela coule de source et on rit à pleine gorge. “Avec Bon Chienchien, je me sens plus spontané qu’avant. J’ai l’impression d’avoir trouvé le personnage : nonchalant, hirsute, un peu stoner comme tu dis, ouais.”
Ce one-man show, VDB l’a chauffé au Paname, en compagnie de Kader Aoun qui le suit depuis plusieurs années. “J’habitais à l’époque à quatre stations de là-bas, j’y allais tous les soirs c’était devenu une obsession. J’y ai peaufiné mes blagues, plus ça allait plus j’épurais.”
Presque en même temps, c’est la naissance de son fils. Autre truc qui le libère d’un coup d’un seul. “J’avais envie de raconter la paternité mais du point de vue du mec qu’on voit sur scène et qui dit clairement que c’est un fumeur de cannabis. Je me pose moins de questions qu’avant, je m’en fous un peu de ce que les gens vont penser, j’ai juste envie de m’amuser.” VDB a gagné en confiance, que ce soit sur Inter, sur W9 pour sa pastille avec Madenian, sur Deezer où il podcaste pour le meilleur, et bien entendu sur scène.
Un projet de livre écrit à la campagne
“Il y a beaucoup de questions auxquelles j’ai compris qu’il n’était pas utile de répondre. J’ai compris que j’étais là pour divertir et je me mets moins de pression.” Depuis quelques mois, c’est à la campagne qu’il vit avec sa femme et son fils, et ça lui fait une belle peau.
De son nouveau refuge, il a toujours ce regard oblique sur le monde, mais neuf à la fois. “Au début tu vas aux émissions où on t’invite pour dire des conneries. Et puis, au bout d’un moment, tu te trouves ridicule, tu te fais vanner sur Twitter, et tu te dis que le bon réflexe c’est de refuser d’y aller. Moi au départ j’allais à tout, le seul truc que je n’ai pas fait c’est Fort Boyard”, explique VDB en rigiolant.
Il nous explique qu’il s’est pris à l’écriture depuis quelques mois, pour un projet de livre qui devrait parler de lui et de musique. “C’est un projet qui me tient à cœur. Je bosse vachement dessus, avec un plaisir incroyable.” On lui demande si il sera question de Queen, et le garçon, bien entendu, nous répond que oui. On vous l’a dit, il y a encore heureusement des gens qui ne changent pas. Longue vie à Thomas VDB.
Bon Chienchien Le 8 décembre, 16 h 30 et 20 h 30, Paris (La Cigale)
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