Dans la foulée de son succès sur Instagram, l’auteur-comédien joue ses personnages névrosés sur les planches dans un spectacle aussi drôle qu’émouvant.
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Thomas Poitevin est apparu sur nos radars en mars 2021, peu de temps après le début du premier confinement, alors que le spectacle vivant disparaissait de nos vies.
Tandis que directeur·trices d’institutions, chargé·es de com, acteur·rices et peoples se mirent à proposer des lectures à gogo et des captations en tout genre, le presque quadra originaire de Fontainebleau publiait sur Instagram de courtes vidéos, qu’il écrivait, jouait, enregistrait et montait seul dans son petit appartement parisien, au rythme d’un youtubeur stakhanoviste, pour notre plus grand plaisir.
Nous assistions, hilares, à la composition quasi quotidienne d’une galerie de personnages confrontés à l’isolement, au bout du rouleau et perruqués à l’arrache. Citons pêle-mêle Laurence, directrice de l’Ethanol/scène nationale toujours à la limite burn out ; Gentiane, autrice en manque de combats politiques confinée dans sa résidence secondaire à Montfort-l’Amaury ; ou encore Daniel, grand-père systématiquement réfractaire à l’idée d’organiser un Skype avec ses petits-enfants, au grand dam de sa fille bien intentionnée, mais tellement étouffante… Et tant d’autres, croqués avec une précision sociologique remarquable et incarnée par une interprétation irrésistible. Au fil des mois, nous nous sommes attachés.
Déconfinement
Ensuite, les théâtres ont rouvert, le spectacle vivant a quitté Internet pour reprendre ses droits en salle. Et voilà que Thomas Poitevin s’est retrouvé à l’affiche de lieux prestigieux, à commencer par le Rond-Point parisien ; rampe de lancement à une belle tournée jusqu’en avril 2022. Malgré le talent de l’auteur-comédien, la prudence s’imposait : le format court ne passe pas toujours l’épreuve de la scène, l’empilement de sketches ne suffit pas à faire une pièce et le confinement, dans l’ensemble, reste un souvenir que l’on préférait oublier. Thomas joue ses perruques aurait pu être la vraie fausse bonne idée de la rentrée… Sauf que non.
Sortis du Covid-19, ses personnages se retrouvent, plus que jamais face à leurs névroses, leur solitude et leurs problèmes de communication au fil de micro-fictions joliment écrites : une bourgeoise composant avec son mari obsédé avec le jeu de rôle donjons et dragons, un ado en manque de copains en centre psychiatrique, un auteur oulipien imbu de sa prose. Épaulé par la metteuse en scène Hélène François et le scénariste Stéphane Foenkinos, le comédien travaille au corps ses attachants losers, provoque l’empathie, parle à tout le monde, et excelle dans des registres plus graves – la séquence où le grand-père tombe dans le coma est bouleversante de sensibilité.
En 2020, Thomas Poitevin réussissait son confinement. Le voilà qui relève le défi du déconfinement avec brio. Bravo.
Thomas joue ses perruques, de Thomas Poitevin, le 1er décembre. L’azimut, Antony Châtenay-Malabry (92)
Le 14 décembre. Ma scène nationale de Montbéliard (25)
Le 16 décembre. ACB, Scène Bar le Duc (55)
Le 17 décembre. Le Quai des Arts, Argentan (61)
En tournée jusqu’en avril 2022.
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