Une découverte réjouissante au festival Premières, dédié aux jeunes metteurs en scène européens, avec le tandem père et fils de Dit is mijn vader (Ceci est mon père), spectacle d’Ilay den Boer.
Tel père, tel fils ? Balle au centre, surtout. On ne le sait pas encore, mais l’homme qui joue au ballon dans la file d’attente du public est l’un des deux interprètes du spectacle proposé par Ilay den Boer dans les minutes qui vont suivre.
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Sur le plateau où trône un vaste placard percé de maints tiroirs, Ilay nous attend, ballon sous le bras, bientôt rejoint par son père qui distribue au public un livret où s’étale sa biographie par dates, précédée d’un avertissement : « Vous avez la vie de mon père entre vos mains. »
Le père, né aux Pays-Bas dans une famille protestante, est le prototype parfait, d’après Ilay, de la génération hippie, fumeur de joints, buveur, aimant les femmes et les voyages, la littérature française -qu’il étudie- et le théâtre de rue et la musique -qu’il pratique.
Ilay est juif par sa mère (Israélienne) et si son père a passé des années entre Amsterdam et Tel-Aviv, lui a grandi aux Pays-Bas et fait du foot à un niveau national avant de changer de cap. Il nous le dit en anglais et le père nous traduit en français. Mais parfois, ils se parlent en néerlandais, voire en hébreu, et font participer le public au récit de leur vie en lui demandant de choisir des dates dans le livret. A chaque demande, un tiroir s’ouvre et découvre un objet lié à l’événement ou un disque qu’on écoute.
C’est drôle, vif, ces deux-là s’aiment et c’est le plus beau de ce spectacle, cette façon de s’épauler et se parler, nous conviant à la table de leurs souvenirs, forcément différents. Question d’identité. Comme tout placard, celui qui nous fait face cache son lot de cadavres, réanimés par les souvenirs d’agressions antisémites subies par Ilay, adolescent. Entre le père et le fils, avis et interprétations divergent en direct, jouant des à-coups de la mémoire pour mettre en relief les ressorts identitaires de la perception du réel. Bluffant.
Dit is mijn vader (Ceci est mon père), spectacle d’Ilay den Boer, en français, anglais et néerlandais, au festival Premières, TNS et Maillon de Strasbourg, jusqu’au 6 juin. Le 4 juin à 21h et le 5 juin à 14h et 20h.
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