Les choix des Inrocks parmi les spectacles qui feront l’actualité.
Au mois de septembre
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2666 d’après Roberto Bolaño, par Julien Gosselin
Après avoir porté sur les planches avec le succès que l’on sait Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq, Julien Gosselin ramasse à nouveau la mise avec 2666, son adaptation du roman-fleuve de Roberto Bolaño qui vient de triompher à Avignon. Un marathon théâtral de douze heures avec quatre entractes pour enquêter sur une histoire de la violence tout au long du XXe siècle. Une pièce-monstre qui fourmille d’images vidéo et mixe le temps du théâtre avec le lyrisme d’un concert electro. PS
Jusqu’au 16 octobre à l’Odéon Théâtre de l’Europe – Ateliers Berthier (Paris XVIIe), dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
Eliogabalo de Francesco Cavalli, direction musicale Leonardo García Alarcón, mise en scène Thomas Jolly
Les monstres fascinent les artistes et les perversions de l’empereur Héliogabale ont fait dire à Antonin Artaud que l’anarchie de son règne avait le goût de “la poésie réalisée”. Voici donc un jeune despote qui habille les hommes en femmes et ouvre à celles-ci les portes du Sénat. S’amusant d’un renversement des valeurs propres à ce règne, Cavalli lui consacre son dernier opéra connu en 1667. Pour sa première mise en scène à l’Opéra de Paris, Thomas Jolly s’associe au chef Leonardo García Alarcón pour nous faire découvrir les trésors de cette œuvre baroque aussi folle et violente que carnavalesque. PS
Du 14 septembre au 15 octobre à l’Opéra Garnier (Paris IXe)
Nicht schlafen (pas dormir) mise en scène Alain Platel
Le flamboyant Flamand est de retour avec les Ballets C de la B annonçant avec nicht schlafen (pas dormir) une création bercée par Mahler – une première. Sa danse “bâtarde” est plus que jamais en phase avec le monde actuel – fracturé et en quête d’amour. Avec une compagnie resserrée de neuf danseurs et la collaboration de la plasticienne Berlinde De Bruyckere, il réveillera la rentrée. PN
Les 16 et 17 septembre à La Bâtie, Genève ; les 27 et 28 à la Biennale de la danse de Lyon (69) ; le 30 à La Comédie de Saint-Etienne (42) ; les 4 et 5 octobre à Actoral, Marseille (13) ; les 12 et 13 à l’Espace Malraux, Chambéry (73) ; du 17 au 19 novembre à l’Opéra de Lille (59), les 29 et 30 à Bonlieu, Annecy (74) ; les 20 et 21 décembre à la Scène nationale du Sud-Aquitain, Bayonne (64)
Traviata, vous méritez un avenir meilleur d’après Verdi, par Benjamin Lazar, Florent Hubert, Judith Chemla
Réinventer Verdi entre théâtre et opéra. Nous sommes conviés à partager l’intimité de Violetta, cette courtisane de légende qui oscille entre la femme du monde et la créature dévoyée. Voix parlées et chantées, tout se mêle dans cette fête fantasmagorique. PS
Du 17 septembre au 15 octobre au Théâtre des Bouffes du Nord (Paris Xe)
Corbeaux par Bouchra Ouizguen
La chorégraphe marocaine ne s’est pas assagie, bien au contraire : avec Corbeaux, elle investit d’autres espaces que ceux de la scène – la performance fut créée sur le parvis de la gare de Marrakech. Surtout elle interroge la place du fou et sa parole dans la communauté. Réunissant une vingtaine d’interprètes, Bouchra Ouizguen fait de ses corbeaux un cri démultiplié. PN
Les 21 et 22 septembre à la Biennale de la danse de Lyon (69), du 24 septembre au 17 octobre au Festival d’Automne à Paris, les 29 et 30 octobre au Phénix, Valenciennes (59)
Angelus Novus AntiFaust par Sylvain Creuzevault
Faust aspirait au savoir universel. A l’époque de Goethe, on s’effrayait qu’un tel savant en soit arrivé à passer un pacte avec le Diable pour les beaux yeux d’une certaine Marguerite. Sylvain Creuzevault se questionne sur ce qui reste de la leçon à l’heure où les brevets de l’économie mondialisée transforment le savoir en marchandise. Après avoir exploré le domaine de la politique à la lumière des œuvres de Karl Marx, le metteur en scène s’interroge avec Goethe sur les buts inavoués et les dérives mercantiles de la recherche scientifique d’aujourd’hui. PS
Du 23 septembre au 9 octobre au Théâtre national de Strasbourg (67), du 2 novembre au 16 décembre au Festival d’Automne à Paris
Robert Wilson et le Berliner Ensemble
Artiste chéri par les membres du Berliner Ensemble, le théâtre créé à Berlin par Bertolt Brecht, Robert Wilson inscrit nombre de ses mises en scène épurées en parfaite complicité avec eux. On jubile à l’idée de découvrir ce Faust version zen où il met en miroir Faust et Méphisto à la manière dont s’équilibrent le yin et le yang. On se réjouit de la reprise de L’Opéra de quat’sous, la masterpiece de Brecht et Weill dans laquelle la troupe berlinoise est tout simplement éblouissante. PS
Faust 1&2 de Goethe par Robert Wilson, du 23 au 29 septembre au Théâtre de la Ville hors les murs au Châtelet (Paris Ier)
L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill par Robert Wilson, du 25 au 31 octobre au Théâtre de la Ville hors les murs au Théâtre des Champs-Elysées (Paris VIIIe)
Ivo van Hove
Après le succès de sa création dans la cour d’Honneur du palais des Papes au Festival d’Avignon, Ivo van Hove inscrit son adaptation magistrale des Damnés d’après le scénario du film de Visconti entre les murs de la salle Richelieu. Il reprend aussi sa réflexion sur l’acte créatif de l’artiste avec sa mise en scène de The Fountainhead, d’après le roman d’Ayn Rand. De l’origine du mal dans l’Allemagne des nazis à l’essence de la création en architecture dans l’Amérique des années 1940, Ivo van Hove est incontournable en cette rentrée. PS
Les Damnés d’après Luchino Visconti, par Ivo van Hove, du 24 septembre au 13 janvier à la Comédie-Française, salle Richelieu (Paris Ier)
The Fountainhead, La Source vive d’après Ayn Rand par Ivo van Hove, du 10 au 17 novembre à l’Odéon Théâtre de l’Europe – Ateliers Berthier (Paris XVIIe)
Forsythe/Pite/Peck/Sehgal
On a terminé la saison au Palais Garnier qui avait pour le coup des allures de club néoclassique avec les chansons de James Blake et les pas de William Forsythe. Bonne nouvelle, ce Blake Works I est de retour avec la même génération de jeunes danseurs au taquet. En prime, et dans les espaces publics, une performance de Tino Sehgal, une pièce de Justin Peck et une création de Crystal Pite, la chorégraphe que le monde s’arrache. Coolos. PN
Du 26 septembre au 9 octobre à l’Opéra Garnier (Paris IXe)
Amphitryon d’Heinrich von Kleist, par Sébastien Derrey
Femme du général thébain Amphitryon, Alcmène a tapé dans l’œil de Jupiter. Les amours du dieu et de la belle plongent la terre dans une nuit de plaisirs qui suspend l’écoulement du temps. Que recherchent les dieux quand ils s’éprennent d’amour pour les mortels ? Que gagnent les humains quand ils sont ainsi manipulés par le destin ? Heinrich von Kleist transforme le mythe en un sommet de poésie. Sébastien Derrey s’en empare pour évoquer le chaos sociétal qui résulte de la revendication d’un monde s’affirmant sous la coupe du divin. PS
Du 30 septembre au 13 octobre à la MC93 hors les murs à La Commune d’Aubervilliers, Centre dramatique national (93)
Biennale de la danse de Lyon
A la fois populaire et expérimentale, pour reprendre les mots même de sa directrice artistique Dominique Hervieu, la Biennale de la danse de Lyon est surtout unique en son genre. Quinze jours de rendez-vous entre créations et accueils de spectacles en tournée, un défilé pour tous, des conférences. Petit plus cette année, une exposition, Corps rebelles, au Musée des Confluences (jusqu’au 5 mars 2017), qui entend retracer cent ans de danse avec force vidéos et performances. Il y aura des découvertes (Marina Mascarell, Euripides Laskaridis ou Jonah Bokaer, ce dernier s’offrant une bande-son signée Pharrell Williams pour Rules of the Game), et des favoris de nos pages comme Olivier Dubois, Cecilia Bengolea et François Chaignaud, Alain Platel, Israel Galván ou Daniel Linehan. Sans oublier deux femmes puissantes : Cristiana Morganti, danseuse de Pina Bausch, et Louise Lecavalier. Et Tordre, un duo somptueux de Rachid Ouramdane avec Annie Hanauer et Lora Juodkaite. Royal. PN
Du 14 au 30 septembre, biennaledeladanse.com
Au mois d’octobre
Pavement par Kyle Abraham
Aperçu au sein de la compagnie de Bill T. Jones, Kyle Abraham donne des raisons de ne pas désespérer de la danse aux Etats-Unis. Pavement, pour sept interprètes, reprend le thème du film Boyz’n the Hood et transpose l’action à Pittsburgh. Influencé par le hip-hop et les musicals, Abraham impose sa signature : une danse à vivre. PN
Le 7 octobre à Arsenal, Metz, du 11 au 15 au Théâtre des Abbesses (Paris XVIIIe)
Les Bienveillantes de Jonathan Littell, par Guy Cassiers
Rouage aussi zélé que cultivé, Maximilien Aue exécute avec des états d’âme sa mission génocidaire pour le IIIe Reich. De Kiev à Stalingrad et Berlin, Guy Cassiers porte sur le plateau trois moments du parcours de l’officier SS, personnage central des Bienveillantes. Source du plus grand des malaises, la fiction littéraire de Jonathan Littell se refuse à faire du bourreau un monstre à l’état brut. Guy Cassiers explore les zones interdites de cette banalité du mal sans qu’il soit question d’excuser aucun maillon de l’industrieux cauchemar qui plongea le XXe siècle aux confins de l’horreur absolue. PS
Du 13 au 16 octobre à la MC93 hors les mursau Nouveau Théâtre de Montreuil (93)
Radio Vinci Park de Théo Mercier et François Chaignaud
Parade amoureuse dans un parking souterrain. Un jeune homme tente de séduire une représentation de la Mort incarnée dans la peau d’un centaure mécanique. Entre l’univers de Jean Cocteau et celui de Crash de J.G. Ballard, l’artiste Théo Mercier et le chorégraphe et danseur François Chaignaud réussissent le pari d’un spectacle infiniment troublant, aussi inoubliable que jubilatoire. PS
Les 14 et 15 octobre à La Friche de la Belle de Mai dans le cadre d’Actoral, Marseille (13)
Au mois de novembre
Soubresauts par François Tanguy
Poursuivant sa recherche d’un théâtre revendiquant son rôle de médiateur entre le rêve et la réalité, François Tanguy réunit ses acteurs comme une brigade d’ouvriers de la scène. Fabricants de fantasmes, ils témoignent de nos émotions dans un flou mémoriel mixant textes et musiques. Une folle odyssée dans un monde où tout est culture. PS
Du 2 au 12 novembre au Théâtre national de Bretagne dans le cadre du festival Mettre en Scène, Rennes (35)
Rocío Molina
Elle s’affiche en égérie de saison de Chaillot (dans le métro ou en couverture de brochure : Rocío Molina a l’habitude de manger tout l’espace autour d’elle). Considérée comme la plus grande danseuse de flamenco contemporain, la Molina est avant tout une femme libre. Pour ce rendez-vous, la danseuse se présente seule avec ses musiciens pour un spectacle entre ombres et lumières. PN
Création, du 3 au 11 novembre, Théâtre national de Chaillot (Paris XVIe)
Rocío Molina et Rosario La Tremendita en duo le 6 octobre à l’Espaces Pluriels, Pau (64)
Disgrâce d’après J. M. Coetzee, par Jean-Pierre Baro
Dramatique état des lieux d’une société sud-africaine saisie au moment de bascule où elle rompt enfin avec le régime de l’apartheid. Jean-Pierre Baro met en scène les errances, les angoisses et les peurs d’un universitaire blanc qui ne sait comment se construire un futur alors que sa fille aspire à se libérer de la chape de plomb d’un monde bâti sur des interdits. PS
Du 3 novembre au 3 décembre au Théâtre national de La Colline (Paris XXe)
La Cuisine d’Elvis de Lee Hall, par Pierre Maillet
Sa femme est alcoolique, sa fille boulimique. Etre le sosie d’Elvis Presley était son métier, maintenant il n’est plus qu’un vieux tas sur une chaise roulante. Rien ne va plus dans cette maison jusqu’à l’arrivée de Stuart, un expert en pâtisserie dont tous tombent amoureux. La farce gore vire à l’épiphanie drolatique et sexy sous la houlette de Pierre Maillet, maître dans l’art de mettre en scène les comédies déjantées. PS
Du 3 au 27 novembre au Théâtre du Rond-Point (Paris VIIIe)
Deaf Sound par Noé Soulier
Avec Deaf Sound, Noé Soulier “convoque” l’architecte sourd Jeffrey Mansfield pour enquêter sur les “manières d’entendre et d’exprimer l’audible”. La langue des signes devrait servir de fil rouge mais pas seulement pour donner à voir des corps dans une dérive poétique. Noé Soulier surprend une fois de plus dans ses recherches sur le geste. Un des projets les plus intrigants de la saison. PN
Du 16 au 19 novembre au Centre national de la danse de Pantin (93), dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
Les Français d’après Marcel Proust, par Krzysztof Warlikowski
S’emparant des personnages chers à Marcel Proust dans La Recherche, Krzysztof Warlikowski invente une saga fastueuse qui fait le lien entre l’histoire du XXe siècle et l’Europe d’aujourd’hui. Un temps recomposé où le capitaine Dreyfus croise la poésie des chansons de David Lynch, une Phèdre no future et le fantôme révolté de Fernando Pessoa. PS
Du 18 au 25 novembre au Théâtre national de Chaillot (Paris XVIe)
La Nuit des taupes par Philippe Quesne
De l’enceinte radioactive de Fukushima à la grotte de Ben Laden ou la Situation Room d’Obama, Philippe Quesne compile des endroits de violence où le monde se réinvente pour le pire. L’ambition de cette Nuit des taupes est de rappeler que l’art est né dans les grottes comme la philosophie dans la caverne de Platon. En réunissant dans un immense terrier des taupes géantes et de la matière radioactive, le metteur en scène renoue non sans humour avec un univers des grottes qui pourrait redevenir source de joie et de savoir pour notre planète. PS
Du 5 au 26 novembre au Théâtre Nanterre-Amandiers (92)
Au mois de décembre
Until the Lions par Akram Khan
Retour aux sources pour Akram Khan qui dans Until the Lions convoque un épisode du Mahabharata indien – dans lequel il fit ses premiers pas enfant sous la direction de Peter Brook ! Khan sur scène avec Ching-Ying Chien et Christine Joy Ritter se lance dans une épopée chorégraphique à forte valeur ajoutée jusque dans sa bande-son mêlant les genres et jouée en live. Un instant de grâce. PN
Du 5 au 17 décembre à la Grande Halle de la Villette (Paris XIXe), puis en tournée française en 2017
Letter to a Man Baryshnikov/Wilson
Que se passe-t-il lorsque l’un des plus grands danseurs de notre époque, Baryshnikov, “rencontre” la légende des Ballets russes Vaslav Nijinksy ? Cela donne Letter to a Man, mis en scène par Bob Wilson qui tente de mettre en image aussi bien le génie mâtiné de folie de Nijinsky que ses écrits. Long poème à la beauté visuelle stupéfiante, cette lettre à un inconnu montre Misha Baryshnikov tel qu’en lui-même : au sommet de son art. PN
Du 15 décembre au 21 janvier au Théâtre de la Ville hors les murs à l’Espace Cardin (Paris VIIIe)
Thomas Bernhard vu par Krystian Lupa
Maître incontesté du théâtre polonais, Krystian Lupa fait l’affiche du Festival d’Automne à Paris à travers un hommage réunissant trois créations emblématiques de la passion qui le lie à l’œuvre de Thomas Bernhard depuis bientôt vingt ans. L’occasion de mesurer le respect avec lequel Krystian Lupa s’empare du théâtre de l’imprécateur autrichien et de se rendre compte aussi de l’extrême liberté qu’il s’accorde lorsqu’il adapte son œuvre littéraire.
Manière de prouver que l’œuvre théâtrale se suffit à elle-même, c’est au plus près du sens des mots et en les inscrivant dans un cérémonial minimal que Krystian Lupa monte Place des héros et Déjeuner chez Wittgenstein. L’opportunité pour lui de nous faire entendre ces pièces en misant sur leur résonance avec le corps de ses acteurs.
S’agissant de son adaptation du roman Des arbres à abattre, le metteur en scène opte pour un parti pris radicalement différent en éclairant les zones laissées dans l’ombre par son auteur et en transformant sa critique de la société viennoise en un brûlot dénonçant la démission des artistes en Pologne.
Tout le prix de ce portrait est de nous offrir à découvrir les deux versants de la manière dont Krystian Lupa réinvente dans le présent de son théâtre la pensée hautement corrosive de celui qui est devenu aujourd’hui son auteur de prédilection. PS
Des arbres à abattre (Wycinka Holzfällen) d’après Thomas Bernhard, par Krystian Lupa (en polonais surtitré), du 30 novembre au 11 décembre à l’Odéon-Théâtre de l’Europe (Paris VIe), Festival d’Automne à Paris
Place des héros (Didvyriu Aiksté) de Thomas Bernhard, par Krystian Lupa (en lituanien surtitré), du 9 au 15 décembre au Théâtre national de la Colline (Paris XXe), Festival d’Automne à Paris
Déjeuner chez Wittgenstein (Ritter, Dene, Voss) de Thomas Bernhard, par Krystian Lupa (en polonais surtitré), du 13 au 18 décembre au Théâtre des Abbesses (Paris XVIIIe), Festival d’Automne à Paris
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