Du flamenco et du hip-hop, JoeyStarr et Mozart, Bérénice et Barbe-Bleue, Caroline Guiela Nguyen et Virginie Despentes : le menu copieux et varié des mois qui viennent sur les planches.
Marina Otero (danse)
Fuck Me, son manifeste énervé, jouait avec la fiction et le réel pour nous embarquer dans les mondes de Marina Otero. Love Me n’est pas une suite, plutôt un pas de côté où elle se dévoile en interprète sur le fil.
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L’Argentine a coécrit le tout avec le dramaturge Martín Flores Cárdenas. Il s’agit pour elle de présenter ses “intentions anxieuses”, d’évoquer la danse ou ses amants, ainsi que son pays, qu’elle a une raison de plus de vouloir quitter depuis l’élection de Javier Milei. Love Me, mais peut-être pas tendrement. PN
Love Me, chorégraphie et interprétation Marina Otero, au Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, Paris, du 11 au 19 mars.
Peter Sellars (opéra)
L’œuvre maudite de l’Italien Vincenzo Bellini fait son entrée au répertoire de l’Opéra national de Paris. Maudite, parce que cette Beatrice di Tenda, créée en 1833 à La Fenice de Venise, ne connut aucun succès du vivant de son compositeur. Maudite, pour les péripéties que celui-ci fait subir à son héroïne : fausse accusation, emprisonnement, torture et condamnation à mort…
Le grand Peter Sellars, qui met en scène pour la première fois un opéra italien, l’inscrit dans une réflexion sur la société de contrôle et les mécanismes de l’emprise. Peu jouée, cette œuvre est l’occasion de (re)découvrir le génie de Bellini. IHL
Beatrice di Tenda de Bellini, mise en scène Peter Sellars, direction musicale Mark Wigglesworth, avec Quinn Kelsey, Tamara Wilson…, à l’Opéra Bastille, Paris, du 9 février au 7 mars.
Pina Bausch (danse)
Sans doute l’une des pièces les plus radicales de Pina Bausch, Barbe-Bleue questionne les relations hommes-femmes entre violence et séduction. Rien de tranquille. Ni de nouveau, la pièce datant de 1977. Mais en la regardant aujourd’hui, on peut y déceler une profondeur quasi insoupçonnée.
Sur la musique du Barbe-Bleue de Béla Bartók, légèrement maltraitée à l’aide d’un enregistrement pour bande magnétique, les danseur·ses du Ballet de l’Opéra de Paris font un grand saut dans l’inconnu. Ils et elles avaient déjà porté Kontakthof, autre chef-d’œuvre de Pina Bausch, il y a peu. Barbe-Bleue, même pas peur. PN
Barbe-Bleue, chorégraphie Pina Bausch, au Palais Garnier, Paris, du 22 juin au 14 juillet.
Patricia Allio (théâtre)
La pensée queer est à l’ordre du jour de cette conférence de Patricia Allio dédiée à la critique de l’hétéronormativité. L’humour de Pierre Maillet est toujours aussi irrésistible. Apparaissant nu, il arpente le plateau avec pour seul accessoire une petite tente qui justifie à elle seule le fait d’habiter. De digressions philosophiques en multiples coq-à-l’âne somptueux, l’acteur transforme la conférence en une performance pour en faire un sommet du genre. PS
Habiter, texte et mise en scène Patricia Allio, avec Pierre Maillet, au Monfort Théâtre, Paris, du 23 au 28 mars.
Saïdo Lehlouh (danse)
Alors que son réjouissant Earthbound, cosigné avec Johanna Faye, est encore dans toutes les têtes, Saïdo Lehlouh signe Témoin pour une constellation de vingt solistes. Il s’agit pour le chorégraphe de “réunir en un lieu et un temps donnés des danseur·ses aux styles hétéroclites, souvent autodidactes, et confier à la vibration de leur rencontre le cœur de la chorégraphie”.
Fidèle à son goût de l’autre, Lehlouh embrasse b-boying, hip-hop et contemporain dans un même geste, le temps d’une pièce “qui s’écrit dans la dynamique d’une écoute profonde et l’élan de la rencontre”. PN
Témoin, chorégraphie Saïdo Lehlouh, avec Ndoho Ange, Mehdi Baki, Marina de Remedios, Johanna Faye…, au TNB, Rennes, du 1er au 3 février ; au Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, Paris, du 24 au 27 février ; à la Maison de la danse, Lyon, du 3 au 5 avril ; au Château Rouge, Annemasse, les 9 et 10 avril.
Théo Mercier (théâtre)
C’est en construisant une montagne de détritus en guise de décor que Théo Mercier nous invite à nous installer dans ce qui reste de nos envies passées. Ce paradis perdu s’avère un territoire partagé par deux amoureux·ses, tandis qu’un personnage utilise cette collection de rebuts pour fabriquer d’énigmatiques objets comme autant de sculptures. PS
Skinless, conception et mise en scène Théo Mercier, avec Bruno Senune, Maxime Thébault et Aurélien Vieillard, au TNB hors les murs, Salle Gabily, Rennes, du 26 au 30 mars.
Romeo Castellucci (théâtre)
Quand il s’agit de mettre en scène la tragédie antique, Romeo Castellucci a plus d’appétence pour les réécritures des auteur·rices européen·nes que pour les œuvres originales. Dans Bérénice de Racine, il est séduit par la modernité d’une écriture quasi abstraite : “Tout y est figé, paralysé, empêché, mais sa beauté formelle est un cristal lumineux.” C’est cette pierre précieuse qu’il offre à Isabelle Huppert pour leur première collaboration. PS
Bérénice d’après Jean Racine, mise en scène Romeo Castellucci, avec Isabelle Huppert, au Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, Paris, du 5 au 28 mars.
Justine Heynemann (théâtre)
La bande dessinée au théâtre, nous n’avions jamais vu ça, mais il semblerait que cela soit possible. Au Studio Théâtre, Justine Heynemann adapte le best-seller de Pénélope Bagieu et sa galerie de femmes remarquables : Clémentine Delait, Joséphine Baker, Phulan Devi, Margaret Hamilton, Agnodice…
Cinq comédiennes s’échangeront une trentaine de rôles pour croquer autant de portraits en seulement quelques minutes, le temps d’une chanson, d’une saynète, de quelques répliques. Un véritable défi de mise en scène et d’exécution qui, grâce au savoir-faire de la Maison de Molière, s’annonce parfaitement jubilatoire. IHL
Culottées d’après Pénélope Bagieu, adaptation Rachel Arditi et Justine Heynemann, mise en scène Justine Heynemann, avec Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Élissa Alloula, Claïna Clavaron, Séphora Pondi, à la Comédie-Française (Studio Théâtre), Paris, du 25 janvier au 3 mars.
Caroline Guiela Nguyen (théâtre)
Pour sa première création depuis sa nomination en septembre dernier à la direction du Théâtre national de Strasbourg, Caroline Guiela Nguyen pousse la porte d’une maison de haute couture. Un prétexte pour se pencher sur les travaux des petites mains qui œuvrent dans l’atelier parisien. Un récit que la metteuse en scène complète en racontant le quotidien des ouvrières de l’ombre qui travaillent sur le même ouvrage à Alençon aussi bien qu’à Mumbai en Inde. PS
Lacrima, texte et mise en scène Caroline Guiela Nguyen, avec Dan Artus, Dinah Bellity, Natasha Cashman, Vinoth Irudhayaraj…, au Théâtre national de Strasbourg du 14 au 18 mai.
Silvia Costa (théâtre)
Entrons avec Silvia Costa dans les méandres des consciences perturbées de Macbeth et de sa Lady. Réalisant la prédiction des sorcières, le couple paie le prix d’un destin annoncé où la violence mène à la folie et son corollaire d’hallucinations sanglantes.
Entre l’intime et le politique, Silvia Costa questionne le mythe en réunissant le duo shakespearien en une vertigineuse chimère. Au-delà de toute morale, l’hypothèse d’un rêve de gloire se transforme en un cauchemar obsédant. PS
Macbeth de William Shakespeare, mise en scène Silvia Costa, avec Alexandre Pavloff, Julie Sicard, Suliane Brahim, Jennifer Decker…, à la Comédie-Française, Paris, du 26 mars au 20 juillet.
Jan Martens (danse)
Notre Flamand préféré délaisse les grandes formes le temps de Voice Noise Parts 17 & 18. Jan Martens y célèbre, à sa manière, des figures féminines – de la cultissime Karen Dalton à l’activiste soul Camille Yarbrough en passant par la cantatrice contemporaine Cathy Berberian.
“Six danseur·ses se relaient ou s’assemblent dans une chorégraphie subtile, élégante et tout en détails pour dialoguer avec une bande-son prélevée dans les marges de la pop et des arts sonores”, annonce le dossier de presse.
On aime plus que tout chez Martens l’engagement des corps, la musicalité de la chorégraphie, une certaine innocence également. Les voix qu’il convoque au plateau accompagnent idéalement la saison. PN
Voice Noise Parts 17 & 18, chorégraphie Jan Martens, avec Elisha Mercelina, Steven Michel, Courtney May Robertson, Mamadou Wagué, Loeka Willems, Sue-Yeon Youn, à la Comédie de Clermont-Ferrand les 7 et 8 mars ; à la Maison de la danse, Lyon, du 27 au 29 mars ; à la Comédie de Valence les 3 et 4 avril.
Marina Hands (théâtre)
En 2021, Marina Hands dirigeait Six Personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello, à l’occasion du programme de représentations en ligne “Le Théâtre à la table”, initié par la Comédie-Française lors de la fermeture des salles causée par le Covid-19. Place à sa mise en scène IRL sur le plateau du Vieux-Colombier.
On retrouvera, entre autres, Guillaume Gallienne, Adeline d’Hermy et Adrien Simion pour donner vie à ce texte culte qui interroge le pouvoir du théâtre, la question de la vérité et les limites entre le réel et la fiction. Voilà de quoi se projeter à l’été 2024 sous les meilleurs auspices. IHL
Six Personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello, mise en scène Marina Hands, avec Guillaume Gallienne, Adeline d’Hermy, Adrien Simion…, à la Comédie-Française (Théâtre du Vieux-Colombier), Paris, du 5 juin au 7 juillet.
Ivo van Hove (théâtre)
Le maître flamand s’empare du deuxième roman de l’auteur·rice non binaire Marieke Lucas Rijneveld, petit·e génie des lettres néerlandaises, lauréat·e de l’International Booker Prize en 2020 (à 29 ans).
Dans Mon bel animal, un détenu pédocriminel s’adresse à sa victime, une ado de 14 ans (qui en avait 10 lors de leur première rencontre) pour raconter les méandres de sa psyché, la naissance de son obsession malsaine et les stratégies de sa prédation.
Il faut s’attendre à une pièce difficile et forcément malaisante (déconseillée aux moins de 16 ans) et à une mise en scène ultramoderne, portée par des acteurs et actrices incandescent·es, comme toujours chez le grand Ivo van Hove. IHL
Mon bel animal d’après Marieke Lucas Rijneveld, conception, adaptation et mise en scène Ivo van Hove, avec Hans Kesting, Eefje Paddenburg, Katelijne Damen…,
à la Grande Halle de La Villette, Paris, du 28 au 30 mars.
Christiane Jatahy (théâtre)
Quand la metteuse en scène brésilienne Christiane Jatahy s’intéresse au plus célèbre des héros shakespeariens, elle offre le rôle d’Hamlet à une actrice en la personne de Clotilde Hesme. L’occasion d’une relecture de l’œuvre pour contrecarrer un complot ourdi par des tenants du patriarcat.
Accompagnée par les présences fantomatiques de Gertrude et Ophélie, cette princesse d’Elseneur revisite la tragédie à la lumière d’un féminisme qui n’hésite pas à mettre les points sur les “i”. PS
Hamlet de William Shakespeare, mise en scène Christiane Jatahy, avec Isabel Abreu, Tom Adjibi, Servane Ducorps, Clotilde Hesme…, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris, du 5 mars au 14 avril.
Isabelle Lafon (théâtre)
La voilà dans la cour des grandes : Isabelle Lafon, habituée du Petit Théâtre pour y avoir présenté six pièces (Vues Lumière, Les Imprudents, Je pars sans moi…), investit la grande salle de La Colline avec un texte qu’elle écrit et met en scène et un spectacle qu’elle conçoit comme une fête. Il sera question de femmes libres, insolentes, impertinentes (cavalières en somme).
Il sera aussi question de leurs échanges épistolaires, de leur solidarité, et d’une certaine Madeleine, un personnage handicapé qu’elles tâcheront d’aider. Et l’on retrouvera, pour notre plus grand plaisir, Sarah Brannens, Karyll Elgrichi, Johanna Korthals Altes et Isabelle Lafon herself. IHL
Cavalières, texte et mise en scène Isabelle Lafon, avec elle-même, Sarah Brannens, Karyll Elgrichi, Johanna Korthals Altes à La Colline – Théâtre national, Paris, du 5 au 31 mars.
Noëmie Ksicova (théâtre)
Après le remarquable Loss, la jeune metteuse en scène Noëmie Ksicova signe son troisième spectacle en adaptant le roman éponyme de l’auteur suédois Stig Dagerman (l’artiste culte de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier).
Dans un huis clos bouillonnant, ce drame familial est déclenché par la mort d’une mère. Au cœur de l’intrigue : un ado déboussolé, Bengt, se confronte à son père pour tenter de dénouer les liens équivoques qui les unissent.
Noëmie Ksicova propose un théâtre de la suggestion, influencé par le cinéaste Ingmar Bergman, où les interdits et les passions ambivalentes se télescopent derrière les non-dits. Un spectacle qui s’annonce puissant et fiévreux. IHL
L’Enfant brûlé d’après Stig Dagerman, mise en scène Noëmie Ksicova, avec Lumir Brabant, Vincent Dissez, Théo Oliveira Machado, Cécile Péricone, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe (Ateliers Berthier), Paris, du 27 février au 17 mars.
Anne Teresa De Keersmaeker (opéra)
Après Les Noces de Figaro et Don Giovanni, la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker retrouve le chef Pablo Heras-Casado pour appliquer leur méthode à Così fan tutte, en dédoublant chaque chanteur·se par un·e danseur·se. Entre musique et danse, il est ici question de s’interroger sur la fidélité des femmes et, comme l’on s’en doute, de dénoncer le piège tendu par les fiancés. PS
Così fan tutte de Mozart, mise en scène Anne Teresa De Keersmaeker, direction musicale Pablo Heras-Casado, avec Paulo Szot, Vannina Santoni, Angela Brower, Hera Hyesang Park…, au Palais Garnier, Paris, du 10 juin au 9 juillet.
David Bobée et JoeyStarr (théâtre)
Patron du CDN lillois, notre étoile du Nord à nous, David Bobée poursuit son compagnonnage avec JoeyStarr. Épaulés par Sélène Saint-Aimé et Nicolas Moumbounou, les artistes porteront à la scène le poème-fleuve de Léon-Gontran Damas Black-Label, sommet de la littérature antiraciste paru en 1956, qu’il·elles actualiseront à la lumière des récents combats contre les inégalités, tel Black Lives Matter.
Il y sera question de diasporas, d’insurrections et de rêveries en tous genres. On y entendra de la contrebasse, des percussions et le souffle inépuisable du chanteur de NTM. On y verra des corps vibrer et danser au diapason d’une contre-culture bien vivante. Bel et indispensable programme. IHL
Black-Label d’après Léon-Gontran Damas, conception et mise en scène David Bobée et JoeyStarr, avec lui-même, Sélène Saint-Aimé, Nicolas Moumbounou, Jules Turlet, au Théâtre du Nord, Lille, du 13 au 17 février.
Margaux Eskenazi (théâtre)
C’est un sujet vertigineux. Margaux Eskenazi s’empare de l’œuvre de l’écrivain juif hongrois Imre Kertész, rescapé des camps de concentration, philosophe de la Shoah, Prix Nobel de littérature en 2002, disparu en 2016.
À partir de ses textes, l’artiste trentenaire proposera une pièce protéiforme sur l’antisémitisme, le racisme et le totalitarisme en faisant dialoguer l’histoire avec l’intime, en cherchant des résonances avec notre époque.
Au plateau, cet ambitieux spectacle sera porté par La Belle Troupe des Amandiers et ses douze comédien·nes issu·es de la formation au métier d’acteur·rice du CDN, pensée par Christophe Rauck et Cécile Garcia Fogel. IHL
Kaddish, mémoires, d’après les œuvres d’Imre Kertész, texte et mise en scène Margaux Eskenazi, avec les comédien·nes de La Belle Troupe des Amandiers, au Théâtre Nanterre-Amandiers du 18 au 22 juin.
Benjamin Millepied et Nico Muhly (danse)
Désormais installé à Paris, Benjamin Millepied fourmille d’envies comme le Paris Dance Project, le soutien à de jeunes talents ou des collaborations inédites. Ce sera le cas du côté de la Philharmonie avec cette soirée partagée réunissant le compositeur américain Nico Muhly et le L.A. Dance Project, la compagnie de Millepied.
Qu’il détourne Roméo et Juliette, s’appuie sur la vidéo ou revisite son jeune répertoire, Benjamin Millepied développe une danse d’instinct, à la virtuosité assumée. Surtout, il a réuni autour de lui une troupe de danseur·ses pour donner corps à ses visions. PN
Benjamin Millepied & Nico Muhly, avec le L.A. Dance Project, à la Philharmonie de Paris du 29 au 31 mars.
Biennale d’art flamenco (danse)
Rendez-vous devenu incontournable, cette biennale a depuis longtemps remisé le flamenco à papa pour donner à voir un art en perpétuel mouvement. David Coria donne ainsi Los Bailes robados, où la danse et le chant, autrefois réprimés, relèvent la tête.
Rocío Molina, sans doute l’une des plus grandes danseuses actuelles, signe Vuelta a uno, en duo avec le guitariste Yerai Cortés, tandis qu’Andrés Marín, sorte de dieu vivant, dévoile Recto y Solo, s’interrogeant sur la construction du genre dans l’univers du flamenco. De quoi réchauffer notre hiver. PN
Biennale d’art flamenco au Théâtre national de Chaillot, Paris, du 30 janvier au 11 février.
Arthur Nauzyciel (théâtre)
Choisissant de mettre en scène Les Paravents de Jean Genet, Arthur Nauzyciel s’empare d’une œuvre qu’il considère comme fondatrice du théâtre français contemporain. Écrite par Jean Genet en 1961, la pièce évoque les guerres coloniales dans un pays qui n’est pas nommé.
Mais, presque soixante ans après le scandale de sa création à l’Odéon par Roger Blin en 1966, personne n’a oublié les nostalgiques de l’Algérie française qui étaient alors prêts à faire le coup de poing pour bâillonner la culture. PS
Les Paravents de Jean Genet, mise en scène Arthur Nauzyciel, avec Hinda Abdelaoui, Zbeida Belhajamor, Mohamed Bouadla…, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris, du 31 mai au 19 juin.
Virginie Despentes (théâtre)
C’est un texte écrit à quatre. Virginie Despentes, artiste associée au Théâtre du Nord, s’est entourée de Julien Delmaire, Anne Pauly et Paul B. Preciado pour composer cette pièce faite de mises en abyme, de poupées gigognes et de chausse-trappes.
Tout commence avec le quatuor justement, incarné par des comédiens et des comédiennes autour d’une table. Comme les créateur·rices de l’œuvre, on les verra discuter, se disputer, tomber d’accord, imaginer des scènes, et donner vie à des personnages.
Lesquels deviendront parfaitement autonomes et tâcheront de faire advenir un monde nouveau. En somme, Woke traite du pouvoir de la littérature, et du théâtre comme un perpétuel work in progress. IHL
Woke de Virginie Despentes, avec Sasha Andres, Casey, Mata Gabin, Félix Maritaud…, au Théâtre du Nord, Lille, du 12 au 16 mars.
Marc Lainé (théâtre)
Le directeur de la Comédie de Valence nous avait enchanté·es avec La Chambre désaccordée, Nos paysages mineurs, puis Nosztalgia Express. Voilà Marc Lainé de retour avec un conte fantastique qui enchevêtre spectacle vivant et cinéma.
Son héroïne, Marianne Leidgens, est cinéaste, justement. Après la disparition énigmatique de son mari, elle est confrontée à l’arrivée d’un inconnu dans sa maison, qui prétend être possédé par l’esprit de son époux.
L’occasion pour le metteur en scène de traiter l’incontournable figure du fantôme au théâtre en la réinventant. Marie-Sophie Ferdane et Bertrand Belin illuminent cette pièce de genre singulière qui explore les frontières du réel. IHL
En travers de sa gorge, texte et mise en scène Marc Lainé, avec Marie-Sophie Ferdane, Bertrand Belin…, au Théâtre du Rond-Point, Paris, du 6 au 16 mars.
Stanislas Nordey (théâtre)
Portant pour la première fois à la scène un texte de littérature, Stanislas Nordey relaye, avec Le Voyage dans l’Est, l’ultime témoignage de Christine Angot sur sa vie qui bascule à 14 ans quand son père lui impose un inceste qui va perdurer longtemps après sa majorité.
Un bras de fer entre une fille anéantie qui n’arrive pas à se reconstruire et un père indigne qui impose la loi du viol comme normalité. Une théâtralité au cordeau éclaire ce réquisitoire bouleversant. PS
Le Voyage dans l’Est de Christine Angot, adaptation et mise en scène Stanislas Nordey, avec Carla Audebaud, Cécile Brune, Claude Duparfait, Pierre-François Garel…, au Théâtre Nanterre-Amandiers du 1er au 15 mars.
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