Initié par l’artiste Elsa Philippe, »The Mercury Theatre » est un « reality show » sur Instagram, invitant 30 artistes internationaux à utiliser Internet comme une aire de jeux. Les artistes sont concurrents, ils jouent avec un compte Instagram anonyme, obéissent à des règles similaires à celles d’un reality show: casting, défis, éliminations, gagnant. Le public vote en « likant » les posts.
Les réseaux sociaux sont devenus un passage obligé pour faire connaître ses productions quand on est un jeune artiste. Dernier exemple en date ?Amalia Ulman qui s’est fait connaître sur Instagram en développant une fausse identité et dont les travaux ont été exposés à la Tate Modern et à la Whitechapel Gallery de Londres. Pour sa part, utilisant des photos volées d’un groupe de lycéens, l’artiste anglais Ed Fornieles s’est fait un nom en créant un sitcom sur Facebook. Aujourd’hui, avec The Mercury Theatre, Elsa Philippe propose une œuvre collaborative sur Instagram qui reprend les codes d’un reality show.
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Les règles du jeu
De l’art sur et pour les réseaux sociaux ? C’est le pari de ce projet artistique original et satirique, simulant un reality show sous la forme d’une compétition d’art, à l’image de Top Chef ou Masterchef. En février dernier, trente artistes ont été castés par l’artiste puis soumis aux likes des internautes : avec leurs photos, les dix ayant obtenu le moins de likes, « véritable monnaie d’échange de ce projet », ont été éliminés du jeu. Sur les vingt restants, Elsa Philippe en a sélectionné dix : à partir du 4 avril et pour 8 semaines, les artistes en compétition sont invités à utiliser Internet comme une aire de jeux. Chaque lundi, un curateur invité propose un challenge auquel chacun doit répondre. Après le prime time, où « la voix » de Mercury (alias Elsa Philippe) fera le résumé des événements de la semaine, l’artiste qui aura obtenu le moins de likes sera éliminé et ceux restant accumuleront des gains. Au programme et en direct sur la toile : défis, éliminations, rebondissements, trahisons, gossip…
Des identités virtuelles
Sélectionnés en France et à l’étranger, ces artistes doivent utiliser un compte Instagram anonyme et être le moins reconnaissables possible. Pourquoi ? Parce qu’Elsa Philippe y voit l’occasion « de recommencer à zéro et de se réinventer une identité de toute pièce ». Par ce biais, les artistes dévoilent ces vies virtuelles que chacun se construit aujourd’hui sur les réseaux sociaux : « ce qui m’intéresse, c’est la façon dont on utilise les images sur Internet pour façonner notre identité ». Pour @exoticos_paris, l’un(e) des candidat(e), « cette est aussi l’occasion de se tester et de voir si ce que l’on produit sous un pseudo a autant de succès que lorsqu’on utilise son propre nom, car pour gagner il s’agit d’acquérir le maximum de visibilité dans le minimum de temps ».
Avatars et narcissisme
De façon burlesque, ce projet vise aussi à dévoiler les comportements narcissiques que nous pouvons avoir sur les réseaux sociaux : « ce projet se présente comme une critique absurde et grotesque de cette recherche de visibilité constante et de cette course aux likes qui devient en soi quelque chose de gratifiant ». Tout en façonnant leurs identités virtuelles, pour les artistes, la course aux « likes » devient ici le but même du jeu. Afin de se donner toutes les chances de remporter la compétition, @exoticos_paris a ainsi pris le parti « de mettre en exergue l’esthétique des photos qui génèrent du like sur Instagram, à savoir des images très léchées, clinquantes, lumineuses et brillantes, avec des jeux de texture ».
Réseaux sociaux et reconnaissance
Par-delà l’utilisation d’Instagram pour obtenir de la visibilité, si Elisa Philippe recourt à ce réseau social, c’est aussi parce qu’elle trouve intéressant que « les artistes l’utilisent comme un médium à part entière ». Comme nous l’explique @exoticos_paris, ce projet met aussi à jour une des logiques à l’œuvre dans la reconnaissance et le succès d’un artiste aujourd’hui : « ce projet met en valeur le fait qu’aujourd’hui, pour être connu et reconnu en tant qu’artiste, il faut développer une pâte, une esthétique qui permet d’être tout de suite identifié à la manière d’une marque ». Et de surenchérir : « créer une forme de mythologie autour d’un artiste permet d’accroître sa valeur marchande et de lui garantir une carrière plus longue et internationale ». Avec toutes ces images, Elsa Philippe créera prochainement une exposition
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