L’exposition « Talents en exil, Réfugiés à Paris » s’est donné pour objectif de mettre des visages sur la masse des réfugiés à travers une série de portraits, visibles jusqu’au 31 août, place du Palais Royal à Paris.
20 portraits se dressent au milieu de la place du Palais Royal depuis le 4 juillet. Ils représentent Oksana, Mansour, Husnia et les autres, tous réfugiés. Venus des quatre coins de la terre, ils se sont exilés de leurs pays respectifs pour diverses raisons. Leur seul point commun est la France, leur pays d’accueil.
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Le photographe Benjamin Loyseau et la journaliste Saskia de Rothschild ont réalisé l’exposition dans le but de changer la perception que nous avons des réfugiés. « Nous sommes habitués à associer l’image des réfugiés à une foule sans visage, explique Saskia de Rothschild, notre but était donc de mettre en avant des individualités ». Saskia de Rothschild a écrit les textes qui accompagnent les photographies, ceux-ci racontent l’histoire de ces réfugiés ainsi que ce qu’ils font en France.
Reprendre confiance
Lorsqu’ils contactent les réfugiés pour les prendre en photo et les interviewer, Saskia de Rothschild et Benjamin Loyseau se heurtent parfois à un certain malaise. « Bon nombre d’entre eux avaient un peu honte de ce statut et ne voulaient pas être catalogués en tant que tel » indique Benjamin Loyseau. Se faire photographier en tant que réfugié et être ainsi mis à nu en plein centre de Paris provoque quelques réticences.
Pourtant, lorsque le photographe leur montre les portraits qu’il a fait d’eux à travers l’écran de son appareil photo, toutes leurs craintes s’envolent : « Je leur ai demandé de venir comme ils étaient dans des endroits sympa et je les ai photographiés comme pour une couverture de magazine et quand ils ont vu leur photo, certains ont halluciné ! Ils étaient hyper contents de se voir comme ça. Ça a été un genre de thérapie, ils ont pris conscience que ce n’était pas une honte d’être réfugié et ça leur a redonné confiance en eux ».
Travailler pour s’intégrer
L’idée de cette exposition a été initiée par l’association Action Emploi Réfugiés. Créée en 2015, elle se donne pour mission de connecter les réfugiés avec des employeurs grâce à une plateforme en ligne. Pour la cofondatrice de l’association, Kavita Brahmbhatt : « Ces individus ont chacun des compétences et des ambitions, c’est une véritable mine d’or. Ils veulent contribuer à faire avancer la France en y construisant leur nouvelle vie et ne surtout pas être un poids ». Depuis le début de l’année, environ 80 emplois ont été pourvus grâce à la plateforme qui compte près de 1300 membres.
Dénuées de tout misérabilisme ces photos servent à montrer aux passants que les réfugiés sont plus une valeur ajoutée pour le pays qu’un fardeau. « On veut sensibiliser les Français en leur prouvant que les réfugiés sont motivés et capables. Ce ne sont pas des mendiants » précise la cofondatrice de l’association, qui poursuit : « L’exposition nous a permis de mettre en avant des gens que l’on connaissait, de rendre hommage à ces personnes inspirantes, courageuses et belles ».
L’association Action Emploi Réfugiés est fondée en 2015 par Kavita Brahmbhatt et Diane Binder. A cette époque, de nombreux demandeurs d’asile convergent vers la France et une partie d’entre eux se voit accorder le statut de réfugié. « On se demandait ce qu’on pouvait faire pour les aider et on s’est rendu compte que la chose qu’ils souhaitaient le plus était de travailler pour pouvoir s’intégrer » raconte Kavita Brahmbhatt. Le travail est aussi un rempart à la solitude, une conséquence de l’exil qui revient beaucoup lors des interviews réalisées par Saskia de Rothschild : « Ils avaient un lien fort avec leur pays, en arrivant en France ils repartent à zéro ».
Des personnalités et des parcours multiples
Chef cuisinier, tailleur, boxeur, animateur de radio … Les métiers de ces réfugiés sont aussi variés que leurs pays d’origine. En danger la où ils ont grandi, ils ont exporté leurs talents en France. Oksana Schachko, l’une des cofondatrices du mouvement féministe Femen, était accusée de terrorisme dans son pays, l’Ukraine. La jeune femme âgée de 29 ans arrive en France en 2014 : « Je suis tombée en dépression, c’est très violent de s’échapper de son pays et très dur de s’adapter à un nouveau. Mais pas à pas j’ai réussi à exister par la peinture ». Elle commence à peindre des icônes religieuses en Ukraine à l’âge de 8 ans, aujourd’hui elle en peint toujours sauf que celles-ci critiquent la religion. « Cette exposition redonne de l’espoir » confie celle qui expose aujourd’hui ses icônes dans une galerie d’art.
Mansour Saleh Madaga, lui, est arrivé du Soudan en 2010, aujourd’hui il est à la tête de son association, Dwanay, pour venir en aide aux autres réfugiés et travaille comme ouvrier dans le bâtiment pour payer ses études. Des images de personnes fortes et combatives, différentes de celles renvoyées d’ordinaire par les médias.
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