Avec Suzy Storck, Jean-Pierre Baro signe sa première mise en scène à Londres. Une réussite.
Transformant en vitrail le verre cathédrale de la fenêtre, l’irradiante lumière du soleil s’accorde aux motifs d’un paysage de papier peint pour donner à cette cuisine des allures de sous‑bois à l’heure du couchant. On s’installe sur des bancs placés le long des murs en prenant garde à ne pas marcher sur la myriade de jouets couvrant le carrelage.
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Dès le seuil passé, la mise en scène immersive de Jean-Pierre Baro nous invite dans la tête de l’héroïne de la pièce de Magali Mougel. Incarnée avec brio par Caoilfhionn Dunne, Suzy Storck se cabre dans la dépression en héroïne de légende pour rompre avec l’enfermement de son statut de femme.
Assise en sous-vêtements à une table, elle broie du noir devant trois bouteilles à moitié vides. Insensible aux sarcasmes d’un chœur digne de l’antique (Theo Solomon), aux violences d’une mère abusive (Kate Duchêne) et à celles du père de ses trois enfants (Jonah Russell), elle choisit le camp du refus.
Figure contemporaine de la tragique Médée, Suzy Storck est alors une femme dont l’émouvante déroute touche au sublime. Saluons le pari gagné de la nouvelle directrice artistique du Gate Theater de Notting Hill, Ellen McDougall, qui ose élargir le concept de la French Touch aux planches londoniennes. Patrick Sourd
Suzy Storck de Magali Mougel, texte anglais Chris Campbell, mise en scène Jean-Pierre Baro, jusqu’au 18 novembre, en anglais non surtitré, Gate Theatre à Londres, dans le cadre du programme En Scène ! de l’Institut français du Royaume-Uni
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