Marcos Morau propose aux Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis une danse toute en ombres qui nous parle de révolution.
Constituer un programme contemporain pour un Centre chorégraphique national aux contours élargis de ballet (le Ballet de Lorraine) ressemble à un exercice de haute voltige. On peut dire que cette soirée double mixte réunissant Cindy Van Acker et Marcos Morau conjugue les extrêmes : un hors-sujet pour une réussite.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Van Acker, la Belge installée en Suisse, passe ainsi légèrement à côté de son thème : la résistance face à la virtuosité des danseurs. Ces derniers sont figés ou mis en ligne dans un dispositif assez simple, pour ne pas dire simplet. On est loin des fulgurances habituelles de la chorégraphe, qui excelle à travailler sur la lenteur ou les corps comme en suspension.
Avec leurs costumes de pom-pom girls (and boys) de l’espace, les interprètes du Ballet de Lorraine semblent comme ailleurs. Seule consolation d’Elementen I – Room : la composition radicale d’Alvin Lucier, I Am Sitting in a Room. Un spectacle à regarder les oreilles grandes ouvertes.
Concert de tambours
Marcos Morau, l’homme derrière le collectif La Veronal, propose avec Le Surréalisme au service de la révolution un hommage impudique au ballet classique. Tutus longs, figures comme arrêtées – très beau porté dans une lumière cotonneuse –, jeux de bras qui forment des vagues sensuelles, tout ici fait sens.
Sa pièce commence par un tract lu à haute voix qui honore les travailleurs, les handicapés, les communistes, García Lorca, Max Jacob ou Walter Benjamin “et tous les persécutés par les dictatures, car dans la maison de Dieu votre temps vous sera rendu”. Et se termine par un concert de tambours, clin d’œil de Morau à sa région natale, Bajo Aragón.
Avec Marcos Morau en chef d’équipage, rien ne nous sera épargné. Le Surréalisme au service de la révolution a du rythme tout autant que de l’allure. Dans sa progression comme dans ses brefs temps morts, ce rituel se révèle un magnifique hommage à la troupe réunie. Une révolution chorégraphique comme on les aime.
Elementen I – Room chorégraphie Cindy Van Acker et Le Surréalisme au service de la révolution chorégraphie Marcos Morau, avec le Ballet de Lorraine, les 11 et 12 mai à Montreuil (Nouveau Théâtre), dans le cadre des Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis, rencontreschoregraphiques.com
{"type":"Banniere-Basse"}