Un spectacle hilarant sur un sujet qui l’est moins : Théo Askolovitch a l’art de transformer le récit de sa maladie en pépites d’humour brut.
Et vous trouvez ça drôle ? Plus d’une fois, au cours du seul en scène de Théo Askolovitch, la question mérite d’être posée et sa réponse d’opter sans coup férir pour l’affirmative.
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Dans 66 jours, le jeune acteur raconte son cancer, à peine entré dans la vingtaine et sur le point de partir jouer au festival d’Avignon. Surtout, il nous fait partager le maelstrom d’émotions et de questions durant la traversée de ses traitements, jusqu’à la rémission totale de la maladie. Une tragi-comédie, comme il le dit lui-même, tant la maladie fait peur, son annonce tombant généralement comme un couperet fauchant le malade et tout son entourage.
Mais voilà, c’est aussi une maladie dont on guérit, une épreuve qui se transforme en étape et vous laisse à jamais transformé·e, avec le sentiment de vie profond et exultant de celui ou de celle qui a “jeté son corps dans la bataille”, comme disait Pier Paolo Pasolini, et en est sorti·e victorieux·se. C’est cette pulsion de vie qui anime Théo Askolovitch tout le long du spectacle et lui donne son punch.
Seul en scène, mais travail d’équipe
Certes, de bonnes fées se sont penchées sur la création de 66 jours, en collaboration avec la Comédie de Caen : François Rollin à la mise en scène, Ludmilla Dabo à la direction d’acteur, cette comédienne et chanteuse éblouissante découverte dans les spectacles de David Lescot, et enfin l’autrice Sonia Chiambretto pour la dramaturgie et le texte, le tout premier sous la plume de l’acteur.
Un travail d’équipe en somme, comparable à celle des Bleus qui remporta la coupe du monde de football pendant qu’il suivait ses chimiothérapies. Fan de foot depuis l’enfance, Théo se saisit de l’énergie des Bleus, se l’incorpore et en fait sa meilleure arme pour se sortir de la maladie. De fait, on rit beaucoup tout au long du spectacle, mais sans qu’il fasse jamais l’impasse sur les difficultés, les peurs, la présence constante d’un réseau familial dense, qui ne lâche jamais la bride pour le soutenir. D’anecdotes en anecdotes, se révèle l’humour incisif de Théo Askolovitch, qui eut son mot à dire quand il ne fallait pas faiblir et le garde, aujourd’hui encore, à l’heure de la rencontre avec le public sur un plateau de théâtre. À chacun sa surface de réparation !
66 jours de et avec Théo Askolovitch, compagnie Saiyan. Mise en scène, François Rollin et Théo Askolovitch. Jusqu’au 16 mars, les mercredis au théâtre La Flèche, Paris.
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