Rubrique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 26 novembre au 2 décembre
Danseuse à la voix d’or, cela fait plusieurs années que l’on a découvert l’artiste rwandaise Dorothée Munyaneza, notamment dans les spectacles de François Verret. Samedi détente est la première pièce qu’elle signe comme chorégraphe, entourée de la danseuse ivoirienne Nadia Beugré et du compositeur Alain Mahé (les 27 et 28 novembre au Théâtre de Nîmes, puis en tournée jusqu’en mai 2015). Samedi détente était le nom d’une émission de radio au Rwanda, un rendez-vous immanquable pour écouter des musiques venues d’ailleurs. Puis, il y eut le génocide de 1994 et l’exil de Dorothée Munyaneza qui veut, aujourd’hui, tenter de « raconter l’indicible » : « Comment parler du départ d’un lieu qu’on a aimé ? Des circonstances durant lesquelles on a dû quitter le nid de l’enfance, un jour, en cachette, sur les routes parsemées de corps, de sang et de silence ? Je voudrais mettre un accent artistique sur un sujet historique dont il reste beaucoup à dire. Je suis retournée à plusieurs reprises au Rwanda, j’ai pu voir les membres de ma famille qui sont encore vivants. J’ai pu vivre le vide laissé par ceux qui sont morts. Je veux parler au travers des yeux qui ont vu. Je veux partager la parole de ceux qui y étaient. Et je l’appellerai Samedi détente. »
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Un focus Live, la scène des idées, dans le cadre du festival Mode d’emploi aux Subsistances (du 27 au 30 novembre, à Lyon) propose deux débats associés à deux créations théâtrales et une foire aux savoirs. Premier thème : “L’aventure, un destin pour l’homme ?” réunit le spectacle Apollo de Bruno Meyssat et un débat sur l’aventure de la pensée. Seconde approche : « Entre médecin et malade : quelque chose à se raconter”, avec le spectacle Bons baisers de Huntingtonland du Collectif Dingdingdong, associé au débat : l’oracle et le médecin. Ce qu’on serait tenté de résumer comme suit : quand les méninges s’agitent sans craindre la méningite…
Deuxième salve du parcours Romeo Castellucci au Festival d’Automne à Paris avec Schwanengesang D744 (du 28 au 30 novembre, aux Bouffes du Nord, Paris). D’abord, place à la musique et aux lieder de Schubert interprétés par la soprano Kerstin Avemo et le pianiste Alain Franco. Puis, en lieu et place des lieder qui parlent de l’abandon, de la déchirure et de la mort, Valérie Dréville remplace la chanteuse, les déflagrations sonores de Scott Gibbons les notes de piano, et les paroles de l’actrice charrient la rage, la dégradation et les insultes. Un retournement radical.
Pour clore son cycle La Menace, Thierry Bédard crée Un rire capital, spectacle conçu à partir du livre de Jean-Paul Curnier (du 25 au 29 novembre à l’Echangeur de Bagnolet). Voir le comique de nos sociétés démocratiques exigeant un certain talent, ou beaucoup de recul, on comprend que le metteur en scène ait confié aux deux comédiennes Mélanie Menu et Sabine Moindrot le soin d’en restituer les deux versants possibles : “l’une d’un optimisme à chanter la révolte, l’autre d’un pessimisme d’une noirceur effarante, les deux chargées d’une ironie caustique à propos de l’état de fatigue de nos sociétés modernes.” Le tout accompagné à la guitare, rock et tendance Sonic Youth pour que les choses soient bien claires, par Jean Grillet.
Une rupture amoureuse, c’est drôle ? C’est en tout cas le pari tenté par l’auteur Rémi de Vos dans Trois ruptures, partant du constat aisément vérifiable que si les histoires d’amour finissent mal en général, il y a tellement de façons d’en finir. C’est une comédie, insiste l’auteur, même si elle parle exclusivement de la violence dans le couple. Si la pièce s’organise en trois séquences distinctes (“Sa chienne”, “Pompier” et “Un enfant”), le metteur en scène Othello Vilgard a fait le choix de glisser de l’une à l’autre avec le même couple d’acteurs (Johanna Nizard et Pierre-Alain Chapuis) et de n’opérer aucune séparation entre chaque partie. Un continuum de ruptures soudées par le même déclencheur : la violence (du 26 novembre au 31 janvier, au Lucernaire, Paris).
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