Ce chorégraphe se permet une étude de genre dans sa relecture des danses traditionnelles de son Autriche natale.
On l’imagine très bien enfant en culotte de peau exécutant les pas du folklore de sa région, quelque part sur les montagnes autrichiennes. Tapes sur les cuisses, rondes en tout genre et autres gestuelles un rien hors du temps. Des années plus tard, Simon Mayer en fera l’essence même du solo SunBengSitting (avec comme seuls accessoires une tronçonneuse et un tronc d’arbre), puis du quatuor Sons of Sissy.
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Abordant la danse, Mayer aura pratiqué à sa façon le grand écart en étudiant à l’Ecole du ballet de l’Opéra national de Vienne puis, dans un registre plus contemporain, à P.A.R.T.S., le cursus imaginé par Anne Teresa De Keersmaeker à Bruxelles. Découvert dans The Song un chef-d’œuvre de la chorégraphe flamande, Simon Mayer y montrait l’étendue de son talent.
Un pas de deux au masculin qui sème le trouble
A son tableau de chasse on compte Wim Vandekeybus ou le groupe Zita Swoon. Simon Mayer est lui aussi musicien : il a fait partie du groupe de heavy metal COP et fondé son propre ensemble, Band Rising Halfmoon. Dans ses chorégraphies, il prend la tangente, plongeant ses souvenirs dans un bain de modernité. Va pour les danses traditionnelles et les chants yodlés mais mâtinés d’electro et de nudité.
Sons of Sissy a déjà fait le tour de l’Europe depuis sa création en 2015, ne laissant personne indifférent y compris les habitants de son village. L’Autrichien n’est pas le seul à puiser son inspiration dans des sources vernaculaires. On citera les noms d’aînés comme Gisèle Vienne ou Alessandro Sciaronni qui ont donné dans le style schullplater – ces danses bavaroises répétitives et sonores.
Mais Simon Mayer fait de ses danses de couples une étude de genre en osant le pas de deux au masculin, la fuite en avant et le finale à poil. Quant au titre, on pourra le lire comme une ode à la fameuse impératrice ou un pied de nez à sa traduction : “sissy” signifiant “chochotte”. Simon Mayer s’en amuse, lui qui n’aime rien tant que semer le trouble.
Sons of Sissy Du 28 au 30 mars, Centre Pompidou, Paris IVe
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