La galerie Almine Rech expose Sam McKinniss en solo jusqu’au 8 octobre, et ce serait dommage de le manquer.
Il y a dix ans, Sam McKinniss aurait certainement fait partie de la bande des jeunes artistes post-Internet. Il aurait œuvré sur Internet et fait sienne l’esthétique ultra-léchée au cool impersonnel des banques d’images. Et il aurait embrassé, au fil de ses œuvres, une attitude à la fois placidement détachée et secrètement fascinée par sa matière : la culture de masse, ses stars de papier glacé ou plutôt de GIFs. Mais, puisque c’est aujourd’hui, et non hier, que Sam McKinniss vit et regarde, produit et vend, il est donc peintre, et peintre figuratif. Ascendant post-modernisme nord-américain, plutôt que post-internet Easyjetset.
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Et pourtant, l’attitude, la stratégie, la manière de se rapporter au réel tout entier vécu au travers d’images et d’icônes rappellent furieusement celle de la génération DIS Magazine. Cela faisait longtemps que l’on n’avait, parmi les jeunes artistes (Sam McKinniss est né en 1985), observé pareille stratégie d’exacerbation mimétique, venant concentrer jusqu’à l’écœurement le suc et le sucre de nos addictions aux plaisirs faciles de la culture pop, plutôt que de simplement tenter d’en faire la critique, ou de s’en extraire. Cette rentrée, la galerie Almine Rech l’expose en solo, et le titre déjà annonce la couleur : Misery.
Mauvais goût
Splendeurs et misères de nos idolâtries ordinaires, outrageusement magnifiées dans un opéra tonitruant de mauvais goût. Une moquette rouge, cheap royal, tapisse l’espace. Diverses représentations à l’huile, touche grandiloquente, déclinent des stars à la cérémonie des Oscars – de Cher à Will Smith. Entre elles, de placides bovins broutent sur fond vert luxuriant. Jusqu’à une ultime montée en crescendo, dans la dernière salle, où les masques tombent et la caricature se fait plus directement assumée. Dans ce coup de maître, tout y est : auto-analyse, plaisir coupable, constat sociétal, et subversion du marché en son épicentre même.
Sam McKinniss expose à la galerie Almine Rech (Marais) jusqu’au 8 octobre. Il est aussi sur Instagram : @wkndpartyupdate
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