A mi-chemin entre l’école d’art et le circuit institutionnel, le Salon de Montrouge propose chaque printemps sa sélection des nouveaux talents de l’art contemporain. A retrouver chaque semaine pendant cette 60e édition, un gros plan sur un jeune artiste, sa vision de l’art, de son propre travail et, naturellement… un selfie.
Kevin Rouillard, né en 1989, explore l’influence du contexte de présentation sur la lecture et la réception des objets. En réactivant l’imaginaire du muséum d’histoire naturelle, il met sous vitre des fragments du quotidien. Portrait de l’artiste en archéologue de la vie ordinaire.
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C’est assis sur un tas de parpaings que Kevin Rouillard nous a reçus pendant le montage du Salon de Montrouge. Pour La Crypte, la pièce qu’il y présente, l’artiste, tout juste diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2014, a recouvert le sage et classique mur blanc d’un mur de parpaings, où viennent s’encastrer des portes et des fenêtres murées. Trouvées dans la rue, celles-ci se transforment ici en vitrines d’exposition. A travers leurs carreaux vitrés, on aperçoit toutes sortes de résidus et de débris. Figés dans le béton s’y révèlent des fossiles modernes de la micro-histoire, celle qui se lit à même le bitume.
Inventaire de proximité
A l’origine de la pratique de Kevin Rouillard, il y a le geste de la collecte. “Sur les trajets que j’effectue au quotidien, lorsque je me rends à l’atelier ou que je vais acheter du matériel, je rencontre des objets. J’en ramasse certains : à partir de cette accumulation, je rassemble dans mon atelier un panel de formes que je peux ensuite réutiliser”, explique-t-il.
Ces formes, qui témoignent, pour le dire avec Georges Perec, de l’ “infra-ordinaire”, se retrouvent muséifiées : sur socle ou sous verre, elles sont placées en position d’être regardées – enfin. A Montrouge, on retrouve ainsi des pièces de monnaie, des tessons de vaisselle ou encore des cartouches de balles aplaties. Une manière de fonder notre propre archéologie, où, comme l’imaginait l’auteur des Choses, ce n’est plus l’exotique mais “l’endotique” qui devient objet de curiosité. Un inventaire de proximité, pour un muséum de toutes les choses sans nom et sans visage.
Salon de Montrouge, du 5 mai au 3 juin, au Beffroi. 2, place Emile-Crespin, 92120 Montrouge
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